Jim Hall était un guitariste exceptionnel, franchement sous-estimé, et en 1975 il s’entoure d’une équipe de luxe pour « Concierto », son album CTI. C’est sans doute un des meilleurs albums de cette maison de disques fondée par Creed Taylor et qui s’était spécialisée dans le jazz fusion. Taylor est à la production, Rudy Van Gelder au son et Don Sebesky aux arrangements délicats, alors, forcément, rien que ces 3 noms font rêver. Mais quand on sait que Hall est accompagné par ni plus ni moins que Paul Desmond, Chet Baker, Ron Carter, Steve Gadd et Roland Hanna (Benny Goodman, Charles Mingus…), il faut faire attention à ne pas tomber à la renverse !!! Il n’y avait à l’origine que 4 morceaux dont 2 compositions de Hall (« Two’s blues » et « The answer is yes ») mais la pièce maîtresse de cet album, celle qui laisse pantois encore 50 ans après son enregistrement, c’est bien la version du Concerto d’Aranjuez composé par Joaquín Rodrigo en 1939. S’attaquer à un monument pareil est périlleux mais le groupe en donne une version proprement hallucinante (écoutez le swing de la rythmique Carter et Gadd, la classe absolue !!!) sur des arrangements d’une finesse extrême. Au total, c’est 19 minutes en apesanteur, là, il y a de quoi rester bouche bée ! Quant à la trompette de Baker, elle était encore lumineuse et vibrante sur "You'd Be So Nice to Come Home To" (ce sera moins le cas dans les années 80). J’ai toujours adoré Desmond, pour moi, comme Hall, faisant partie des géants discrets que le grand public a oublié aujourd’hui et pourtant, écoutez juste quelques notes de saxo et son nom arrive automatiquement tellement son jeu est reconnaissable. Un album de rêve auquel 5 morceaux bonus ont été ajoutés, peut-être un des meilleurs de Hall qui nous laisse pourtant une vaste discographie et de très grande qualité. Il n’y a qu’à s’incliner bien bas quand la musique est à ce niveau.