Troisième album en trois ans, Construction Time Again marque l'arrivée de Alan Wilder dans le groupe (le véritable musicien du groupe) et Gareth Jones à la production qui a un but précis: donner de la patate au son Depeche Mode.
Bon...on est en 1983, et on a du mal à concevoir la musique pop sans les couches de résonance un peu partout, et forcément ça ne fait pas bon ménage avec la patate! Mais Jones, Miller et le groupe vont être intelligents et donner un son bien plus acoustique aux compos, s’inspirant des musiques industrielles. Les compos vont gagner en profondeur, en espace, et...en puissance effectivement. De vraies caisses claires par ci par là, on a davantage l'impression d'un groupe rock sans guitares, qui colle plus à la volonté du groupe que leurs essais précédents.
Le sampling.. Voilà la clé pour DM. Cet album doit paraître plus mature, Depeche Mode ne peut pas qu'être un groupe pour ados, boutonneux et pisseuses. Il veut donc aller de l'avant, toucher à la politique (pour les textes), et innover musicalement.
Autant dire que dans cet album, qui n'est cependant pas parfait (loin de là), on a d'un côté la naïveté des albums précédents et de l'autre un certain génie. Ce qui frappe, c'est que les compositions sont bonnes, même si on reste dans le même registre que A Broken Frame. Et enfin ce son aux reverbs courtes qui leur va si bien et qu'ils garderont jusque '88 (je simplifie un peu mais en gros c'est ça..).

Soyons plus précis.
Début d’album: le fameux "single bizarre" (dixit Martin Gore himself), Love In Itself. Effectivement on se demande pourquoi on a pu sortir cette chanson en single, alternant rythmes rapides et plus lents. Je pense que c'est tout simplement parce que c'est le morceau qui ressemble le plus aux albums antérieurs. Mais bien sûr on ne peut pas s'arrêter à cette comparaison, étant donné que ce premier morceau est bieeen plus intéressant qu'un autre titre de ABF ou SAS. Mais ce qui est réellement nouveau, c'est le talent de Wilder, qui n'est bien sûr ici qu'à ses balbutiements, mais qui s'exprime d'abord ici par une sorte de solo de "trompette synthétique" (pour rester poli, mais j'aurai aussi pu dire "Vieux son de trompette de m****").
Vient ensuite un morceau que je bizarrement je ne me lasse pas d'écouter: More Than A Party. Une sorte de pied de nez aux niaiseries qu'ils ont pu faire par le passé MAIS ATTENTION..je ne parle que d'un point de vue musical. Un rythme inhabituel pour le groupe et quelques synthés méchants, et pour finir..une montée dans le tempo jusque.....
Pipeline. La première vraie innovation du groupe, un morceau composé uniquement de bruits, de mélodies à base de samples, et de la voix solo de Gore. Même si le morceau en lui même n'est pas absolument magique, il n'en est pas moins intéressant comme tout.
Mais puisqu'on parlait niaiseries, il va falloir aborder le cas Everything Counts. Everything Counts, ou "Comment passer très près de la daube monumentale et s'en sortir en héros". La plus nettement politisée de l'album, mais aussi la plus..mignonne. Ce refrain, on l'aime ou on le déteste.
Puis voilà notre bon Wilder aux honneurs: sa première chanson pour Depeche Mode, qui est très franchement pour moi une bonne chanson, qui reste en tête, et aidée de mélodies aussi dignes que son auteur.
Passons sur Shame.
The Landscape Is Changing est la seconde chansons de Wilder..et la dernière! Pourquoi? parce que la dictature Martin Gore se met en place, et durera presque 20 ans. Cette chansons n'est pas formidable mais la fin est une merveille. je regrette d'ailleurs que personne n'ait remixé le morceau uniquement sur la dernière partie..
Le peut-être meilleur morceau de l'album, j'ai nommé..Told You So. Qui bien qu'ayant un son agaçant pour sa mélodie principal, tire très bien son épingle du jeu en étant le morceau le plus équilibré et puissant de l'album (écoutez donc la version de leur live à Hambourg de 1984).
On termine l'album avec une chanson gentille et sans trop de prétention, qui voit débarquer la toute première guitare de Depeche Mode (et qui sera dans quelques années au coeur de tous les débats). Chanson plutôt positive, un peu décentrée par rapport à l'ambience générale de l'album, mais qui, au final, sait s'imposer.

Vous noterez que dans la liste des titres, une seule chanson est en rouge : Shame. Bizarrement, il n'y a rien de spécial à dire dessus, elle n'est pas vraiment mauvaise, c'est juste à mon goût la moins bonne de l'album, ne m'en veuillez pas.

Quoi??!! Construction Time Again, un BON album??!! Ben Ouai.

+des vraies caisses claires
+des mélodies pas évidentes au début mais qui s'imposent toutes seules
+un dave gahan qui commence à oser, un tout petit peu

-un son pas encore maîtrisé parfaitement
YynnkK
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de Depeche Mode

Créée

le 26 oct. 2014

Critique lue 574 fois

3 j'aime

YynnkK

Écrit par

Critique lue 574 fois

3

D'autres avis sur Construction Time Again

Construction Time Again
YynnkK
7

Encourageant

Troisième album en trois ans, Construction Time Again marque l'arrivée de Alan Wilder dans le groupe (le véritable musicien du groupe) et Gareth Jones à la production qui a un but précis: donner de...

le 26 oct. 2014

3 j'aime

Construction Time Again
ptitpraince
5

Révolution en chantier

Après deux premiers albums "légers" parlant surtout d'amour aux chansons sentant bon le disco et la new wave ringarde voici Construction Time Again, troisième album de Depeche Mode. Je ne sais pas si...

le 9 févr. 2012

2 j'aime

Construction Time Again
Venomesque
7

Depeche Mode, chapitre 3 : « Construction time again » ou la construction du son.

Dans l’épisode précédent Martin Gore apprend à faire de la musique tout seul comme un grand le temps d’un album…et ça donne « A broken frame » un disque étrange un peu fragile et toujours assez naïf...

le 25 nov. 2016

1 j'aime

Du même critique

Caméra Café, 20 ans déjà
YynnkK
7

Un café très bien dosé.

Et bien le petit téléfilm anniversaire de Caméra Café, sans prétention, sans enjeu et sans trop de moyen, a su m'apporter ce que le grand film de Kaamelott n'aura pas su donner : du plaisir. Un...

le 25 janv. 2023

5 j'aime

1

L'Énigme de la faille d'Amigara
YynnkK
8

Un bonus mémorable

Présent à la fin du manga Gyo (vous savez, les méchants poissons), et précédé de la sans doute plus courte nouvelle de Ito, La triste histoire d'un père de famille, 4 pages, plutôt cool. Très...

le 20 avr. 2015

5 j'aime

The Colour of Spring
YynnkK
8

Chef d'oeuvre sous contrainte

Troisième album sur Cinq, la moitié donc. Ce qui saute aux oreilles, c'est que Talk Talk continue à évoluer et ne stagne pas dans son registre habituellement pop. Un public désormais nombreux attend...

le 26 oct. 2014

5 j'aime