Stevie vs Hip Hop. Voilà le sentiment que j’ai en écoutant cet album. Comment notre génie du groove, notre maître es soul a-t-il survécu aux années 90 ? Les années 80 sont loin maintenant. 1970 n’en parlons même pas. 1960…Hum ! Il est inusable notre Stevie. Le rythme bourrin du Hip Hop ne lui fait pas peur deux secondes. Il y insuffle un peu de vie, à force de claviers, de synthés bien pensés, et de chœurs lumineux remplis de LOVE. Rain Your Love Down. Il est en pleine forme. Il nous fait un chant qui semble être une prière à l’Indéfinissable Essence, pour plus de LOVE. C’est vrai qu’on en a besoin, de la Soul, du love, baby. Pourvu qu’il soit entendu, ce vœu de paix et d’amour universel, qui unit les cœurs et âmes « sensibles ». Et ça continue.
Le Hip Hop, il chante dessus comme s’il avait créé ce rythme. Son flow est tranchant comme une lame de velours, et ça donne Edge Of Eternity. Le soutien des cuivres semble indispensable. De la soul dans le Hip Hop. Et talent suprême, il ne fait jamais rien de daté, comme si le temps n’avait pas de prise sur lui. Du groove de chez monsieur Groove, comme au premier jour, ce qui amène à une réflexion logique. Soit le Hip Hop n’est qu’une mode, et les génies comme Stevie en font de la chair à pâté, sans difficulté aucune. Soit le temps n’a pas passé, et on est toujours en 1973. Soit les deux.
Et ça continue, (encore et encore), avec un classique, genre slow, breveté de chez monsieur Stevie, accompagné des cordes seules. Un vrai bonheur. Un truc dont il a le secret. Taboo To Love. Personne ne peut les chanter comme lui. Une mélodie universelle, un chant plein, et inspiré. Et il choisit toujours des orchestrations ad hoc, qui toucheraient n’importe qui en plein cœur. To lo oooo ve. No taboo to looove. Rien à dire.
Retour sur terre. Take The Time Out. Binaire. Rythmique. Syncope vs Hip Hop. La soul rentre dans les reins de la machine. La machine bouge les reins, et laisse échapper des harmonies inconnues d’elle jusque là. Le gospel n’est jamais loin de la soul, donc du Hip Hop, surtout quand Stevie lui met le grappin dessus.
I’m New. Tout le monde le connaît. Pourtant il peut le dire : I’m new. Le génie de la mélodie, sonne toujours comme neuf. Un truc qui ne s’explique pas. On est happé, et il ne nous lâche plus. My Love Is With You. Qu’il soit simple, ou New Jack Swing, il laisse faire le rythme, car il sait que les voix l’emporteront toujours. Comme dans un film, on entend les bruitage, comme dans un clip de rap, dont on sent la chaleur de la rue. Le crescendo, la richesse, et l’équilibre, enfin. Sacré Stevie. Même dans la variet, même quand il s’efforce de faire le plus simple possible, radio ; on entend tout un monde derrière, et la chorale, qui chante de toute son âme. Il ne perd perdra jamais son âme, et son harmonica . On l’entend peu, mais quand on l’entend, c’est tout. Hip Hop vs Stevie. Stevie wins. Chante Stevie. Et l’harmonica revient. Il chante aussi. Et c’est beau.
Tube. Tomorow Robin Will Sings. Reggae Hip Hop. Avec tous les ingrédients du tube. Stevie toaste. La chanson est inspirée, le flow est complexe, et on jurerait qu’il l’a écrit pour un certain roi de la pop ( !) Sérieux. J’entend michael Jackson chanter ce morceau ! J’entends à la fois Stevie et MJ sur ce morceau. Une mélodie aussi simple, n’importe qui l’a rendrait banale, Stevie, n’est pas n’importe qui. (Michael non plus, d’ailleurs). Sensuous Whisper. Une basse très « baroque », une trompette très « Be bop ». Stevie improvise, les voix féminines l’accompagnent en plein vol. Le propre des grands, ce n’est pas seulement la science, c’est aussi l’imagination. Chez certains, elle semble sans limites. Tube.
For Your Love. Tube instantané. Cet album de Stevie, je le découvre. Le seul morceau qui me parle, (passé souvent à la radio), c’est celui là. Tube. De la haute couture, faite par lui, pour lui, et qui ne peut être chanté que par lui, sous peine de faute de goût. Cold Chill. Et il n’arrête pas. Cold Chill, ou comment faire du Hip Hop, du Hip, Hip, Hop, sans avoir besoin de rappeur( !) On entend du rap partout, mais il n’y a aucun MC dans cet album. Comment est-ce possible ? En fait, il est là. Il est dans les rythmes, le flow, les creux, les bosses. Et dans ce riff qui tourne comme dans sa boucle. Morceau optimiste et fédérateur. Stevie y croit encore. Tapez des mains !
Sorry. Des excuses ? Mais pour quoi faire ? Ah… je vois. Il n’est pas parfait, et elle l’a quittée. Il est désolé. Dit comme ça, ça semble bateau. Avec la pulse qu’il y a derrière, on jurerait un tube electro!
[ I’m sorry, baby ! ] répond le vocoder. Et toutes les machines s’y mettent. Si la fille ne se met pas à danser en oubliant la raison de la dispute, je n’y connais plus rien. Et on pensait qu’il en avait terminé ? Mais non.
Conversation Peace. Le dernier morceau, qui donne son nom à l’album. On n’y pensait même plus, Stevie l’a fait. Le parfait gospel Hip Hop. Conversation Peace. Â écouter les yeux fermés. Genuis. On entend de l’harmonie, en plus de la soul, une conscience musicale à l’œuvre. Stevie vs Hip Hop ? Stevie wins, bien sûr. Definitely.