L'envie du changement



Il y a, parmi les œuvres culturelles qui jalonnent notre siècle, des inaperçues. Ces œuvres qui passent, repartent, et que même les artistes qui les ont engendrées renient, oublient, ou pire, abandonne. J'éprouve une certaine tendresse pour ces albums, ces oubliés, mal-aimés, ne ressemblant pas à ce que le groupe ou l'artiste à produit jusqu'alors, trois petits tour et puis s'en va, il ne restera pas. Et pourtant… Pourtant je pense comprendre pourquoi ces albums sont dédaignés. Dans un système mercantile toujours plus bouffé par les maisons de disque, l'avancée musicale ne résulte qu'en un remâchement de tout ce qui, jusqu'alors, fonctionne. Pourtant, j'ai toujours considérer que tous les groupes avaient une véritable envie d'évoluer, surtout tout les bons groupes. Les exemples sont légions, pour citer les plus "logiques", je pense à Talk Talk et le changement à 180° de Spirit of Eden, l'album 13 de Blur, prenant a revers ces auditeurs, et j'en passe. Les mauvais groupes sont ceux qui essayent. Qui échouent peut-être, mais qui ont la prétention d'essayer. J'éprouve beaucoup d'affection pour Muse à cet égard, qui essayent, et ne veulent pas remâcher encore et encore ce qui à fait leurs premiers succès. Chez certains, cette considération de changement est impossible, comme Imagine Dragons, pourquoi changer si ça vend? C'est bien ça le problème maintenant. Prenez les exemples que j'ai cité précédemment, et vous verrez un trope revenir sans cesse: ce sont des groupes qui ont vendus, qui vendaient, mais qui en avaient des choses à dire, et les ont alors dit. La rupture de Damon Albarn, la spiritualité de Mark Hollis, les envies technologiques de Thom Yorke sur Kid A, tout ceux-ci ont quelques chose à dire. Et à la manière du cinéma, malheureusement, certains groupes décident d'amorcer un changement radical, où au contraire de poursuivre dans une voie qu'ils avaient établis des années avant, simplement pour revenir à de la musique qui ont fait leurs beaux jours, parce qu'ils sont connus pour ça, et c'est tout.



De la découverte



J'ai un rapport très proche avec Infected Mushroom. D'abord, parce que c'est le groupe qui m'a porté pendant tout mon lycée, je ne faisais que de les écouter. La répétitivité factice, les entremêlements, les mélodies toutes plus entêtantes les unes que les autres me transportaient, m'amenaient vers diverses émotions. Un coup de mou ? Infected Mushroom. Envie de jouer à un jeu ? Infected Mushroom, encore et encore, et encore... Mais ! Cet album était un parfait inconnu. Un album oublié de tous, que je n'arrivais pas à trouver, nulle part. En me baladant sur internet, je suis tombé par hasard de mes propres recherches sur la page Wikipédia du groupe, pour en apprendre un peu plus. Et je vois, dans leur discographie cet album. Je me précipite sur Youtube, et trouve qu'une simple version "remasterisée", avec un peu plus de volume et plus de basse, supprimée depuis. Et cela ne ressemble en rien que ce qu'avait produit le groupe jusqu'alors. Hormis un CD, le deuxième de converting vegetarians, la phase plus expérimentale, calme et posée, plus mélodieuse. Passée l'introduction très amusante, mais pas forcément intéressante, nous voici plongé dans tout un univers sonore foisonnant, où diverses atmosphères se rencontrent, pour ne former qu'un tout cohérent.



Apprentissage



Et, pendant toute mon année de terminale, je n'ai pratiquement écouté que cet album. Parce qu'il est riche, parce qu'il existe encore des détails que je découvre encore aujourd'hui, parce que tout les titres me transportent, tous m'emmène, même la soit disant "soupe" d'EDM au milieu avec Sasha Grey, j'aime bien celle là, car elle est la seule un tant soit peu "commerciale" du groupe. Et l'on voit ici qu'I-M nous montre leur plus grande inspiration: Pink Floyd. Tout les morceaux transpirent le Pink Floyd, jusqu'à noter un titre Pink Froid, c'est dire. Et justement, l'expérimentation dans les structures, les brisures, les changements brutaux d'ambiances dans un morceau, tout ça transpire la musique progressive. Je pourrais parler de Zoan Zound, d'où est tiré mon pseudonymes, et qui alterne entre électro dubstep un peu lourde avec des passages de "Jazz" parce que, pourquoi pas ! Ca paye, c'est versatile, subtile, toujours mesuré, jamais dans l'accès, aux croisements d'univers si invraisemblable que le tout devient juste très intéressant. Je pourrais aussi parler de The Surgeon, qui reprend les mêmes idées de Jazz et d'électro Rock, Yamakas In Space qui, en plus d'être un excellent titre d'Ambient, comporte tout un passage en rythmique Reggae et d'inspiration Dub. Et que dire de l'excellent Pink Froid, qui transporte encore une fois dans un univers glacial et chaud, mélangeant alors un "pastiche" de Pink Floyd et quelques innovations technologiques apportée par I-M.



Des inventeurs



Parce que Infected Mushroom, au delà d'être de simple bons artisans de musique électronique, sont doutés d'une vraie sensibilité mélodique, d'un vrai sens de la structure, du rythme, du langage des différents genre qu'ils veulent proposer. Leurs influences allant du Punk au Classique sont révélatrice d'une vraie connaissance musicale, ce ne sont pas deux quarantenaires qui font de la musique dans leur appartement avec un Cubase et deux compresseurs, mais bien des virtuoses du son, compositeurs, producteurs, arrangeurs, qui adorent faire fourmiller de détails chacune de leur composition, pour les rendre toujours plus riche, toujours plus intrigante, mais en gardant constamment ce corps et ce savoir faire mélodique, tant et si bien que chaque morceau possède plusieurs grilles de lecture, allant jusqu'à jouer sur le pitch d'une reverb qu'on entendra qu'une demi-seconde. Et rien que pour encore remarquer des détails aujourd'hui, 7 ans après la sortie de l'album, jamais, au grand jamais, je ne pourrais dire que cet album devrait être oublié. Le plus intéressant étant que, dans leur recherche de sons nouveaux, ils vont jusqu'à demander à Polyverse, société de Plugin et d'effets, de créer spécialement pour eux divers instruments virtuels et autres effets, comme le plugin I-Wish tiré du titre du même nom, Comet, Manipulator, et j'en passe. Malheureusement, le groupe à reçu majoritairement des retours négatifs sur cet album, trop à l'encontre de leurs productions précédentes. Il s'est fait haïr par les fans, et aduler par une trop petite poignée. Il n'y a qu'à voir les ratios de vue entre cet album et les autres, notamment Army of Mushroom, leur plus connu, et on se rend très vite compte du différentiel de popularité. Le groupe à donc décider de refaire la même chose, de la Trance pure et dure, encore et encore, sans renouvèlement, et ce, depuis trois albums après celui-là. Je n'ai rien contre la Transe, mais j'aime cette facette plus calme, plus portée sur la mélodie, et je souhaite, s'il est possible, d'avoir un Converting Vegetarians III.

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le 6 févr. 2022

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Zoan

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