Core
7.3
Core

Album de Stone Temple Pilots (1992)

Les débuts des plus grands faussaires du grunge !

Qu’est-ce que le post-grunge ?


Une continuité du grunge des origines ? Sa version plus accessible et mainstream ? Ou sa simple caricature ? Et si la réponse était en fait un subtil mélange de tout ça ?
Ce sous-genre n’était pourtant pas si méprisable au départ et il a même, parfois, engendré des albums tout à fait recommandables si on est prêt à accepter un grunge plus édulcoré que celui des pères fondateurs.


Pour cela, il suffit d’écouter la première œuvre du groupe par lequel tout est survenu : Stone Temple Pilots ! A sa sortie, il régnait une contradiction autour de Core. Il se vendait par camions mais les critiques étaient mitigées voire hostiles aux Californiens. Le jugeant comme une vulgaire copie des têtes de gondole du grunge. Une situation qui fut, par la suite, monnaie courante avec des formations telles que Creed et Nickelback, détestées des puristes mais également parmi les plus grands vendeurs du rock de leur époque.


Pourtant, à en écouter certains, le gang des frères DeLeo ne peut être rattaché à ce style controversé. Car trop proches des aspérités du grunge originel (les riffs psychédéliques bruitistes de « Sex Type Thing » et « Naked Sunday » qu’on croirait piqués à Kim Thayil) et surtout, bien trop en avance sur le troupeau.
S’ils débarquent après les énormes succès de Nirvana et Pearl Jam, ce n’est pas le cas avec ceux d’Alice in Chains et Soundgarden ! Il en résulte cette place bâtarde dont ils ont hérité : être arrivé trop tard pour avoir la légitimité d’être une des vraies bandes du grunge, tout en étant là trop tôt pour être relié à un courant commercial qui détruira ce que les précurseurs ont si durement construit. D’ailleurs, le premier disque réellement post-grunge n’est autre que celui de Candlebox (figurant sur le label de Madonna, ce qui annonçait de suite la couleur avec le recul) et il parut l’année suivante.
Sauf que c’est justement pour cette raison que STP est, selon toute vraisemblance, un fondateur ! C’est en copiant ses petits copains qu’il a créé, par accident, un style voué à attirer la haine des amateurs d’un rock sale n’ayant pas perdu sa dignité en dépit de ses passages à la radio.


Du coup, que faire de Core ? Le mépriser et le placer dans la benne à ordure où se concentrent Seether, Staind et autre besogneux du même style ? Ou tout simplement s’attarder uniquement sur la musique ?


Car voilà l’autre explication de cette hésitation à classer ce groupe dans le post-grunge : ils étaient bons et même très bons. L’album contient des tubes qu’on a tous chantonnés tels que l’immortel « Plush », redécouvert par les gens de ma génération grâce au jeu vidéo GTA San Andreas, ces imparables pistes 2 et 6 au groove diabolique puis, bien entendu, « Creep ». L’archétype de la ballade qu’on écoute au coin du feu entouré de belles nanas. La composition type qui fut absorbée, digérée et recrachée par toutes les formations post-grunge. Ce qui en devint insupportable tant elle ne servit finalement qu’à une seule chose : lever des gonzesses. La musique passant définitivement au dernier plan. L’original était pourtant très loin d’être mauvaise, quoique déjà assez cliché. Cela, on le doit à Scott Weiland. Très bon chanteur et génial interprète dont le plus grand talent fut d’avoir réussi à nous faire oublier que son timbre était proche de celui d’Eddie Vedder.


D’ailleurs, c’est lui qui parvient à sauver des titres de la nullité comme « Piece of Pie » et « Crackerman ». Des morceaux d’une piètre inventivité et qui annoncent, justement, ce qui allait plomber le post-grunge. Excepté que lorsqu’on a un vocaliste aussi bon dans ses rangs, le médiocre devient écoutable. Ce qui rend les très bonnes compositions exceptionnelles (« Wicked Garden » et « Sin » à l’atmosphère post-apocalyptique).


En définitive, Core est du grunge de second couteau. C’est-à-dire inégal, mais très bon dans son ensemble. Une sortie nous rappelant que l’âge d’or de ce courant fut autant bref que réjouissant. Une ère où même de la seconde division était capable d’écrire des hymnes en pastichant ce qui existait déjà. Un étrange paradoxe pour un groupe au parcours tout aussi bizarre.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 23 nov. 2017

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