A mesure que la carrière de FlyLo fait son bonhomme de chemin, il devient de plus en plus difficile d'appréhender ses nouvelles offrandes. La faute à un parti pris assumé vers une musique toujours plus expérimentale, caractérisée par un sampling sauvage et une panoplie de sons de plus en plus rugueux. Il en résulte, malgré une communauté de fans grandissante, que les critiques se déchirent au sujet de l'Américain, certains clamant un génie artistique à fleur de peau, d'autres dénonçant l'imposture la plus totale.
Et ce n'est pas avec "Cosmogramma" que les choses vont s'arranger. Flying Lotus laisse le thème urbain de son précédent album derrière lui et choisit un fil rouge cosmique, sans pour autant qu'il en résulte un album totalement planant. Au contraire, "Cosmogramma" est probablement le moins accessible de sa discographie. Résultat, ceux qui trouvaient "Los Angeles" déjà trop perché risquent d'en avoir pour leur argent.
Parce qu'au final, l'album est assez hétérogène et aucun morceau ne peut réellement être attribué à tel ou tel type de musique électronique. On voyage donc entre des titres bizarroïdes lorgnant sur le 8-bit ("Computer Face / Pure Being"), toute une chiée de magnifiques morceaux planants aux mélodies orientales ("Zodiac Shit", "Galaxy in Janaki") et on retrouve évidemment l'éternelle fascination de FlyLo pour le jazz ("Arkestry").
Et une fois de plus, les invités sont de marque : on retrouve donc Laura Darlington, dont le magnifique timbre nous était déjà dispensé sur "Los Angeles", et même Thom Yorke est de la partie pour un titre.
Au final, FlyLo prend des risques et s'installe définitivement dans le paysage musical, avec cet album à des années-lumières de tout ce qu'on peut trouver dans ce genre "fourre-tout" qu'est l'abstract hip-hop. Non pas qu'il soit le meilleur, mais au moins, il est unique.