L’œuvre d’une vie

Ayant découvert Zamdane avec son projet Chrysalis paru en 2020, jamais au grand JAMAIS je n’aurais imaginer une tel évolution, encore moins sur son 1er album studio.

L’album fait suite à sa série des freestyles affamés qui avaient déjà, à juste titre, fait parler de lui, montant sa côte et changeant drastiquement sa carrière

Voix très (trop pour certains?) autothunée, dialecte arabe dans certaines de ses phases, textes profonds, couplets introspectifs, le vécu, thématiques encore méconnus et innovantes dans le rap français tel que l'immigration, la vie pauvre dans un pays moins développer... Tous ces ingrédients qui font de Zamdane un artiste différent, pas la pour chercher un hit musical, mais proposer une musique à vocation sentimental et réflective, une synthèse de ce qu’il a pu entrevoir dans la culture du souk de Marrakech et celle des quartiers de Marseille.

L’artiste dévoile donc cinq singles entre novembre 2021 et février 2022 : “Zhar”, “Boyka”, “Le monde par ma fenêtre”, “Incomplet comme février” et “Flouka”, sans compter les lives Instagram où il dévoilera certains des morceaux figurants sur l’album, ainsi que les interviews sur certains médias comme Booska P. Il fera alors grimper l’attente de son projet, avec le bon choix de livrer ‘’Boyka’’, le featuring avec Dinos juste avant la sortie, témoignant d’une certaine crédibilité auprès d'artistes connus du Rap FR.

Il maîtrisera donc parfaitement l’attente qu’il a pu mettre sur ce projet, s’essayant à différents styles et thématiques sur les morceaux révélés juste avant, pour marquer le fait que son album sera non pas conditionner par des codes, mais par la vision artistique qu’il a, même s’il faut passer d’un morceau comme ‘’Flouka’’ avec un couplet rapper, un chanté, un changement d'instru, une pause pour raconter une histoire, à un morceau comme ‘’Incomplet comme Février’’ beaucoup plus turn-up et US, mais reste intimiste, même dans le refrain, chantant la peur de brûler en enfer, et le manque de ses proches. Assez étonnant sur le morceau se voulant peut-être le plus dansant de l’album.

Couleur de ma peine donc, est une œuvre qui se veut suivre aucun code fixer par l’industrie mainstream rap, en témoigne les thématiques très personnels (l’apport à la religion, la mort de ses proches, son adaptation à la France, le manque de son pays…), les instruments variées et peu communs (flûte & jazz sur ‘’Lettre à mon dieu’’, guitare espagnol sur ‘’Flouka’’, du violon sur ‘’Stradivarius’’, et les différents styles sur lesquels il s’essaye (drill sur ‘’Foust L’Bendo’’, plug sur ‘’Même à distance on est proche’’, chant sur ‘’Naïf’’…).

Il nous prendra à contre courant plusieurs fois, que ce soit dans les feats, avec le morceau ‘’Bonne Année’’, un nom faisant écho à la joie, où il ramènera Soso Maness, utiliser souvent pour des hits (Petrouchka, Bande organisée…). On s'attend alors à une tentative de hit avant de lancer le son, mais le Z a enfaite puiser dans son côté sombre pour le feat, le bonne année n’étant pas une fête de joie, mais ce qui est dit par ses proches morts.

Sur le MÊME genre drill, un morceau comme ‘’Stradivarius’’ se veut très différent (voir l’opposer) de ‘’Foust L’Bendo’’, l’un réveillant l’animosité de Zamdane, l’autre l’amour qu’il porte en lui, une marque du fait que le Z n’a de limite non pas le genre mais son esprit artistique. Et en plus de sa qualité de rappeur, chanteur, narrateur, s'ajoute à cela la qualité du mix et des instrumentals (des producteurs comme ceux de PNL y figurent).

Cette album synthétise la vision d’une personne à la grande culture musicale, que ce soit des genres ou de l’instrument, à l’émotion sincère, aux lyrics poignants, une musique rare d’insultes et d’égo-trip, diversifiant l’industrie rap francophone, une musique pouvant être écouter auprès des plus anciens qui s’y plairont sur ‘’Naïf’’, une tentative de faire du Aznavour moderne, qui est magnifiquement bien réussite. Un album auquel l’immigré, comme celui en deuil, ou simple fan de musique peut s’identifier, une musique qui est sans doute intemporel vu l’amour, le respect de la musique qu’à mis Zamdane dedans, consacrant son âme à créer une œuvre retransmettant la vie compliquée que certains, au delà de nos frontières ont pu ou peuvent avoir, un album qui m’aura fait lâcher ma larme sur le dernier morceau consacrer à sa défunte sœur. Jamais un album m’aura autant toucher émotionnellement, autant surpris dans les approches, et m’aura fait appuyer autant de fois sur le logo play.