Chaque écoute marquante est associée à un souvenir. Ma première écoute de Cowboys From Hell est associée au jeu Dragon Quest VIII, jeu pourtant excellent mais dont j'avais interrompu la progression quand Psycho Holiday déboulait dans mes oreilles, l'esprit déjà tout chamboulé par les deux pistes précédentes.
Cowboys from Hell est un album monumental qui marque la naissance (l'éclosion) d'un géant. Sorti en 1990, la même année que Rust in Peace et Seasons in the Abyss, rien que ça, cet ouvrage a catapulté Pantera sur la scène internationale et posé les bases de leur son unique, brutal, abrasif et chargé en groove.
L'album démarre tambour battant avec le titre homonyme, Cowboys from Hell, qui, après nous avoir intrigués avec son intro d'un autre monde, nous atomise notre tranquillité avec son riff monumental : rapide et charmeur, puissant et envoûtant. Quand on l'entend, on sait qu'il se passe quelque chose, que l'on a affaire à un grand groupe. Si tout au long de l'album, Pantera parviendra à pondre nombre de titres furieux au groove bestial, aucun ne fera de l'ombre à cet œuf d'or qu'est Cowboys From Hell.
Autre fait marquant, la synergie redoutable dont font preuve les membres du groupe. Dimebag Darrell est choquant de créativité et d'unicité à la guitare, pondant riffs et solos énormes et mémorables à la pelle à l'instar d'un Tony Iommi. La section rythmique, avec le bœuf Vinnie Paul à la batterie et le lévrier Rex Brown à la basse, abat un boulot phénoménal, surtout au niveau des fûts, foudroyés sans relâche par le Raijin Texan (son boulot sur Primal Concrete Sledge est incroyable).
Le giga mâle alpha Phil Anselmo complète le tableau avec sa voix de taureau, qu'il parvient toutefois à pousser dans les aigus avec brio, notamment dans Cemetery Gates ou Psycho Holiday. Même un traditionaliste comme moi a envie de se rebeller sans cesse avec le charisme qu'il parvient à insuffler sans effort aux paroles.
Pantera, c'est le mélange réussi de l'agressivité et du groove. On a des titres bien bourrins comme Domination ou Primal Concrete Sledge qui exterminent nos cervicales, des plus calmes comme Cemetery Gates qui ajoutent une touche mélodique à la brutalité, et des hymnes au groove contagieux comme Cowboys From Hell ou Medicine Man. Chaque morceau conserve la férocité inhérente à Pantera, mais la variété esthétique offerte nous éloigne de l'ennui, malgré toutefois quelques pistes oubliables.
Enfin, Cowboys from Hell est une œuvre qui a élargi les frontières du metal, lui apportant un groove et un sel musical que le thrash classique n'avait pas. L'atmosphère, assez sombre, est compensée par une jovialité ressentie et diffusée par les quatre larrons, permettant à l'auditeur de passer un excellent moment. Je retiens le trio d'ouverture de l'album, presque digne de regarder celui de Painkiller dans les yeux.