Aboutissement
Five Miles Out avait réussi le pari de jouer le contre-pied avec l’art et la manière. Dès l’année suivante, Mike Oldfield reprend le quadrillage pour tenter la passe de deux. Avec Crises, le...
le 29 août 2015
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Five Miles Out avait réussi le pari de jouer le contre-pied avec l’art et la manière. Dès l’année suivante, Mike Oldfield reprend le quadrillage pour tenter la passe de deux. Avec Crises, le guitariste conserve donc sa fameuse structure bicéphale, une face dédiée à la longue suite éponyme, l’autre aux titres plus courts et commerciaux afin de satisfaire aux exigences commerciales et mercantiles du giron Virgin, tourneboulé par l’explosion de MTV, des clips vidéo et l’arrivée imminente du compact disc. Mais alors que Five Miles Out avait largement misé sur des instruments traditionnels et celtiques, Crises allait s’appuyer sur une plâtrée de synthétiseurs comme les Fairlight CMI, OBX, DSX, DMX, Farsifa, Quantec Room Simulator et autre Roland Strings. Le résultat, moderniste, compacté, résolument eighties, s’explique par cette vision peroxydée de la technologie au service d’un album une nouvelle fois hybride.
En 1983 (la même année que 90125 de Yes), la réussite de l’album tiendra essentiellement à son hit (planétaire) « Moonlight Shadow », hommage lointain sur l’assassinat de John Lenon, porté très haut par la voix éclatante de Maggie Reilly. Une mélodie imparable pour ce bijou de pop sophistiquée qui deviendra le single le plus vendu de l’année en Europe. Mais réduire ce huitième album studio à cette seule chanson serait faire l’impasse sur l’hypnotique « Foreign Affair », le caméo vocal de Jon Anderson (« In High Places »), le rocailleux « Shadow on the Wall » porté par Roger Chapman (Family) et la fugue hispanisante « Taurus 3 », véritable boule d’énergie et d’euphorie, à des années lumières de ses grands frères (voir les épisodes précédents).
Même s’il émane de l’ensemble une lumière froide avec cette production nettoyée par le batteur/producteur Simon Phillips, pour éviter tout chaos, au risque de paraître trop bien huilée, la vingtaine de minutes du morceau titre offre une visite complète de la mécanique musicale estampillée Mike Oldfield : de l’énergie, de la souffrance, une réminiscence de Tubular Bells (dont on fêtait le dixième anniversaire), quelques bruitages, des percussions telluriques et la certitude d’entendre une nouvelle fois le guitariste retomber sur ses pieds, son ampli et son médiator. Schizophrénie oblige, le résultat n’atteint certes pas l’intimité psychothérapeutique des premiers ouvrages mais raisonne encore aujourd’hui comme une forme d’aboutissement de sa période dite commerciale.
[Lire les autres critiques Amarok Magazine][1]
[1]: http://www.amarok-mag.com/mike-oldfield-crises/
Créée
le 29 août 2015
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