L'enfant terrible

Mount kimbie a une place vraiment à part dans l’électro contemporaine, un style que l’on reconnaît très vite, rythme particulier, le recours très fréquent à des voix caverneuses, des sons très épurés. Avec Disclosure, ils font partie de la crème de l'électro anglaise et ne cesse de prendre de l’ampleur, tout en conservant un prix modique pour leur concert, ce qui fait en partie leur succès. Dominic Maker et Kai Campos se sont rencontré à l’unif , pour leur projet musical ils s’envoyaient des compositions qu’ils créaient chacun de leur coté. La musique de Mount Kimbie sonne ainsi comme un collage entre différents sons enregistrés live, notamment des voix, et des boucles répétitives.
L’album commence avec Tunnelvision, une entrée en matière apaisante qui annonce la suite, de petites guitares et un rythme qui s’oublie presque mais qui fait effet à notre insu. Would know, des voix qui résonnent, comme dans un monde d’esprit, on se retrouve esseulé au milieu de dizaines d’inconnus incompréhensible malgré eux. De l’électro poétique, il y a comme une poésie des sons dans Mount Kimbie, un monde à découvrir et des voyages inattendus. Poétique mais pas pour autant chiant, ils arrivent à nous maintenir en haleine avec des titres parfois plus qu’étrange, je pense ici notamment à Blind night Errant ou Adriatic, qui se suivent sur l’album. Des morceaux vraiment étranges et c’est pour ça qu’il faut aborder Mount kimbie non pas par morceaux mais par albums, il y a une véritable continuité qui frappe, une fluidité entre les morceaux qui est un pur Bonheur. C’est très propre aussi, très net malgré la complexité de certains morceaux, on a jamais l’impression que c’est surchargé, comme si l’on descendait une cascade pendant 40 minutes, on plonge littéralement. On trouve dans l’album des morceaux vraiment calme, presque de l’ambient. Ruby en est un exemple frappant, on reste scotché à notre casque le temps du morceau sans ressentir de lassitude qui pourrait facilement nous gagner. Ils sont bon pour ça. Beaucoup d’instruments à corde, à percutions et des sons géniaux tout droit sorti d’un film de science fiction des années 80, ici Ode to Bea, un des plus beau morceau de l’album, très serein, il prend un ton plus grave à la moitié de la piste comme si l’album était vivant et devenait triste, larmoyant à nos oreilles, nous déversant sa tristesse. Enormément d’émotion dans leur musique, on passe par tout les états : euphorique, triste, amoureux, contemplatif,…
Encore un morceau construit en deux parties, véritable marque de fabrique du groupe, Field début en une montée en puissance avec des guitares, s’arrêtent en son milieu, garde les guitares mais accélère le rythme, ça fait toujours effet. Mayor, utilisation de voix samplées qu’on retrouve dans la chill, très écrasée et aigues. C’est aussi de la chill à certain moment, Mayor le démontre. Between Time referme l’album de manière très mélancolique, nous disant adieu, on lui répond à bientôt…
Crooks and lovers c’est leur premier album, connu auparavant par leur Ep (Maybes) et divers remix d’autres artistes. L’Angleterre accouche chaque année de grands artistes, en 2010 se découvrait un nouveau rejeton issu de la rencontre entre l’électro et les club underground de Londres, un peu rebelle, très curieux, il s’est distingué des autres par son style épuré, on attend avec impatience la prochaine portée…