Zazie, la guerre, la paix, les ordinateurs et le bruit, les danses indiennes et les mots qui font ploc. Zazie, le Monopoly, les zorros sans rien sur le dos, la lumière tout au bout du couloir, les fourmis qui courent, les loops qui dansent, la coupe pleine, la fin de la semaine, métro, boulot, dodo, Calogéro, le feu allumé, parce qu'on éteint, qu'on rallume, qu'on fait des jeux de mots, qu'on danse sur scène, éléctro libre, timide mais engagée, la folie des concerts, parfois dans la lune, toujours les pieds nus, les hommes qu'on dénonce, qu'on moque, qu'on aime aussi ; la lumière et le vent, l'avant et l'après, l'eau et le feu, les fleurs, les duos, les rencontres, les autres et soi-même, faire l'amour et allumer le feu.
Zazie, ton univers est si brouillon, mais en même temps si ordonné, que je pourrais continuer cette loghorée jusqu'au bout de la nuit.
Malgré mes vingt-deux ans. Tout ça, je l'écoute depuis des années, tes mélodies lumineuses, tes textes aussi attendus qu'étonnants, ton sens du partage et du collectif. Tout ça, je l'aime, et j'en ai découvert non pas une dizaine, mais une bonne cinquantaine d'exemplaires dans ton dernier album, Za7ie, qui consacrait un fourmillement de péchés, de plaisirs, d'évocations, de gourmandises, d'émerviellements, de révoltes, dans un concentré varié, ambitieux, complexe et accessible. Tu m'avais laissé avec un coffret maison qui ouvrait toutes les portes, et me voilà sur le seuil - Cyclo m'a déçu. Fermée la folie. Oubliée la valse.
Les mélodies de "Zen", les paroles de "Totem" : regrettées.
Le huitième album ? Fade. Lent. Rattrapé par une ou deux perles ; noyées dans un univers qui ne te correspond pas. Silences. Assourdissements. Pas de pêche, pas d'amour, pas de communication.
Du rechauffé, ou du froid d'ailleurs, qui se découvre sans excitation, sans pétillement ; sans cet univers géant que tu as construit depuis des années, qui pète dans tous les sens, à l'album comme à la scène.
Ici, tes souris vertes et tes batailles sont prises dans un huis clos étouffant, aux sons lourds et peu familiers ; à l'image d'un single étrangement plat. Mais peut-être est-ce une pause, une longue respiration dans ce marathon effréné. Après tout, mademoiselle, tu n'a plus vingt ans. Ou alors, juste pour cette nuit.