En voila un disque que je vénère, agression auditive et voyage fantasmagorique... Si la pochette vous trouble, vous êtes déjà en train d'expérimenter l'effet Throbbing Gristle !

Petit tour de piste(s):

Il y a 30 ans Genesis P-Orridge et ses potes du Throbbing pondaient leur 2eme album: faisant suite à l'indispensable Second Report of Throbbing Gristle, D.o.A.: the Third and Final Report est tout aussi essentiel.

Parfois considérés comme les véritables instigateurs de l'Indus-rock, Throbbing Gristle est avant tout un groupe de performers qui repoussent les limites de ce qui sépare la musique du bruit:
Ainsi DoA s'ouvre sur 4 pistes qui pourraient suffire à faire rebrousser chemin les moins téméraires.

Jugez plutôt:

IBM est un son de modem 56k se connectant laborieusement pendant 2min30. En tendant l'oreille d'autre sons nous parviennent, torsions étranges et lancinants larsens.

On enchaine sur un Hit by the Rock plaintif et mourrant et très certainement enregistré dans une cave, le groupe jouant depuis la cave du voisin.

Morceau de choix, United est une reprise du premier gros succès du groupe (et présent sur Second Report, malheureusement très rare à l'époque, puisque pressé à moins de 800 exemplaires). Quoi qu'il en soit pas de panique United est bien présent sur DoA, mais accéléré jusqu'à ne durer que 17 secondes (on pourra toujours chercher le pourquoi du comment: provoc', doigt d'honneur à toute exploitation commerciale de leurs "performances", private joke...).

Et enfin Valley of the Shadow of Death finit d'achever cette entrée en matière plutôt abstraite, par un dialogue inaudible sur fond de grésillement et tic-tac d'horloge plus hypnotiques qu'horripilant.

Après cette longue (et possiblement douloureuse) mise en condition arrive Dead on Arrival, morceau sans paroles, et un de mes préférés de l'album, à la fois répétitif et en perpétuel renouvellement.

On enchaine avec un morceau dérangeant dont Throbbing Gristle fit sa marque de fabrique: dès ses premiers échos dissonants Weeping vous met le frisson, et le retour de la voix geignarde de Genesis P-Oridge ("I just want you to be happy a litlle...") n'est pas vraiment là pour nous rassurer.

Le célèbre Hamburger Lady prend la suite, narrant la lente agonie d'une grande brulée.

Puis arrive Hometime, piste qui suinte une humeur malsaine en associant expérimentations électros et quelques phrase d'un gosse qui parle de tout et de rien. Troublant.

AB^7A, piste au titre mystérieux, est une bulle d'air flirtant du côté de Kraftwerk dans son euphorisante rythmique électronique.

Puis nous replongeons dans les abîmes Gristleliens les plus troubles . On note parmi ces morceaux le curieux Death Threat, ou 40 secondes réunissant 2 menaces de mort à l'encontre du groupe (en fait surtout une seconde qui a vraiment l'air de pas les aimer ) suivit d'un bon vieux Wall of Sound qui rappel inévitablement le final du Wiseals Ripped my Flesh de Zappa.

Deux pistes "électro-punk" plus tard l'album se clôt sur ce qui reste un des plus célèbres singles du groupe: le bien nommé I hate you (little girls), ou 2min de P-Orridge hurlant à la mort "I hate you little girl!" : une conclusion résumant à elle seule toute la singularité de l'objet fascinant qu'est DoA, dans toute sa malsaine provocation assumé, dans toute sa froide radicalité.

Contrairement au génial et plus accessible 20 Jazz Funk Greats qui suivra, D.o.A.: The Third and Final Report surprend toujours et n'ennuie à aucun moment l'auditeur un temps soit peu réceptif à la trouble noirceur de Throbbing Gristle.

Si chaque piste semble être une expérience indépendante de celles qui l'entourent, on aura plus de plaisir à revenir se plonger dans l'univers déroulé tout au long de l'album qu'écouter un titre en passant.

Je recommande donc chaudement l'acquisition de cet objet historique, qui 30 ans plus tard garde encore une indéniable puissance, capable de nous emmener très loin tout en nous glaçant d'effroi comme seul Throbbing Gristle sait le faire.

Un must !
Tom_A
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le 6 août 2013

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Tom_A

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