Dance Party par Vincent de Lavenne
Pourquoi est-ce formidable qu'elles sortent de l'écurie Motown ?
Parce qu'elles ont une collection issue de songwriters maisons prodiges (Holland-Dozier-Holland en particulier), qui est majoritairement une merveille.
Pourquoi Martha Reeves est en or ?
Parce que si les Vandellas, (comme les Supremes sans Diana Ross) ne sont conçues que pour faire briller une star, et que celle ci a de la puissance, de la chaleur, de la personnalité, à tel point que l'hypothèse selon laquelle "Dancing In The Street" appellerait aux émeutes, à la protestation contre le racisme, la guerre et la violence seraient presque plausibles, tant Martha explose et nous entraîne.
L'objet en intégralité est fascinant dans son intention : collecter des chansons qui se dansent, et qui, pour beaucoup, tentent d'introduire des danses nouvelles (des "dance craze", sur lesquelles vous pouvez tout apprendre en regardant le film "Damsels In Distress", http://www.senscritique.com/film/Damsels_in_Distress/482214 si si je vous promets !)
"The Jerk", "Motoring","Mickey's Monkey" sont trois tentatives de la Motown pour créer une folie nationale, créer une mode, créer une danse qui brise les barrières sociales et raciales (notamment pour des intérêts financiers, tout de même), tenter de créer la bande-son de la génération d'après-guerre, d'occuper ces satanés jeunes, laxistes et trop portés sur le divertissement, en créant un amusement décent, familial, pas politique, pas revendicatif, pas sexuel (au moins pas explicitement). C'est le Motown du début 1960, qui n'a pas encore les ambitions soniques et politiques de Whitfield ou Gaye, moins de sophistication dans la composition ou les arrangements, mais qui vise directement le centre de plaisir du cerveau avec des rythmiques entraînantes et des cuivres triomphants.
Sois damné, Gordy. Tu as réussi. J'ai bien envie de danser.