Après 1975 et la tournée Born to run, Bruce se retrouve en conflit avec son ancien manager, Mike Appel, le licencie. Il poursuit Appel pour pour fraude, abus de confiance et influence indue. En réponse Appel l'empêche par voie judiciaire d'enregistrer de nouvelles chansons tant que le contentieux n'est pas réglé...Bruce fait quand même avec le E Street Band 2 belles tournées de grandes salles en 1976 et 1977. Et durant cette période frustrante, il écrit, compose et enregistre beaucoup, préparant un nouvel album. Il commence même à tester certains de ces titres lors des concerts de 1976/77. Le 28 mai 1977, Bruce Springsteen parvient à un accord définitif après le litige d'un an avec Mike Appel. Cela signifie que pour la première fois depuis un an, Springsteen peut entrer en studio et enregistrer. Les sessions d'enregistrement de Darkness On The Edge Of Town débutent début juin 1977 aux Atlantic Studios de New York, puis se poursuivent au Record Plant de New York. Springsteen dispose d'une quantité considérable de nouveaux morceaux, mais les chansons sont à différents stades d'écriture. Par conséquent, de nombreuses chansons ont été façonnées au cours de nombreuses sessions s'étalant sur plusieurs mois. Dès que le litige avec son ancien manager est réglé par la justice, il sort son nouvel album, ce sera Darkness on the edge of town, un de ses chefs d’œuvre dans lequel il continue d’interroger le rêve américain, sauf qu’ici, l’album est bien moins lumineux et positif que Born to run (Streets of fire, Badlands, Darkness…). L'influence des romans de Steinbeck comme des films de John Ford se fait sentir. A travers ce qui ressemble à de petits films, il nous décrit des personnages dans la réalité quotidienne la plus crue et dure, sans possibilité de s’échapper (ce qui était le cas dans l’album précédent), ici, on reste coincé et il faut faire avec un quotidien sombre à l'image de Factory, par exemple: "Through the mansions of fear, through the mansions of pain/ I see my daddy walking through them factory gates in the rain/ Factory takes his hearing, factory gives him life/ The working, the working, just the working life". Un chef d’œuvre magistral. Les tubes y sont nombreux comme Racing in the street (quel solo de Roy Bittan !), Prove it all night, Candy’s room, l’album s’écoute d’une traite et vous laisse pantois. Pour bien profiter de cet album et des sessions qu'il a nécessitées, je vous conseille vivement le coffret The Promise avec 3 CD et 3 DVD, hyper complet et passionnant.