Le premier album éponyme de David Bowie n'est certainement pas le plus fabuleux. On ne peut pas lui en vouloir. Même s'il a déjà roulé sa bosse et cultivé ses connaissances artistiques, il n'en reste pas moins un débutant de 20 ans.
Néanmoins, on peut constater ça et là des touches d'originalités qu'il développera plus tard. David Bowie est en marche et on ne l'arrêtera plus jusqu'à aujourd'hui...
Uncle Arthur follows Batman
L'album commence doucement avec ce titre rythmé par la basse et les clappement de main. On y découvre la voix de David Bowie. Un ton original sur une mélodie entraînante qui raconte les déboire d'un "tanguy" qui vit chez sa mère et qui tombe sous le charme d'une mystérieuse demoiselle. L'auteur démontre sa volonté d'accrocher à la réalité de son époque, rarement évoquée dans la musique. Oncle Arthur c'est aussi si l'ont va plus loin une référence au roi breton. C'est cette image identitaire qui est un peu perdu dans ce monde moderne et qui suit des valeurs qui lui semble plus sûr.
See my tears like gentle rain
Encore une fois rien d'extraordinaire dans ce morceau. Une mélodie de l'hiver assez classique et qui divertit nos oreilles.
There's a rubber band that plays tune out of tune
Ici, Bowie nous rappelle qu'il a grandi avec la pop des Beatles avec la touche de trompette qui le suit dans ses paroles. L'album prend un ton de plus en plus dramatique : des gens spoliés, meurtris, perdus...
My passion's never ending and I'll love you till Thuesday
David Bowie nous sort encore une mélodie mièvre à la Beatles. Un jeune homme déclare sa flamme à une demoiselle mais il avoue d'avance que cette romance ne durera qu'un temps. Une chanson sur le quotidien des adolescents de son époque. Il ne faut pas oublier qu'en 1967, David Bowie n'a que 20 ans.
Mr Grownup, go away, sir
Bowie nous fait un syndrome de Peter Pan. Il prend la voix d'un enfant qui éloigne celui qui les fait grandir trop vite. Il a envie de poursuivre ses jeux enfantins, conserver son imagination et ses rêveries. Tout cela dans une comptine amusante.
We don't give a mess of what you're saying
Ça y est, on change de ton ! Cette fois, Bowie s'engage dans un débat de société et affirme des idées proches du flower power. Il imagine un monde qui stérilise les gens pour prévenir la surpopulation. Et lui et ses amis disent "non, laissez nous vivre notre vie comme on veut, on préfère vivre heureux et faire mourir la planète plutôt que vivre malheureux avec une planète sauvée." Alors oui, vu comme ça, ce n'est pas très écologiste non plus, mais c'est surtout un pied de nez aux grands décideurs de son temps qui n'ont pas bien pris en compte les revendications des jeunes baby boomers. Un écho à la série Utopia (cf. spoil en dessous)
Une petit clin d'oeil ici au scénario de la série Utopia de Denis Kelly qui développe l'histoire de cette chanson. Une organisation secrète de scientifiques et de dirigeants tentent de faire diminuer la population mondiale pour éviter les guerres à venir mais ils sont contrarié par une bande de résistants qui n'entendent pas soutenir une telle décision. Je vous la conseille fortement d'ailleurs !
Let me be the one to understand
Encore une balade amoureuse entre rêve, réalité et désillusion. On a cependant le loisir d'écouter la voix envoûtante et d'une grande justesse de David Bowie.
Spend his time in the picture house
On a l'impression ici d'écouter une chanson de Jacques Brel. C'est l'histoire d'un pauvre type qui est tout démuni après la fin de la guerre et qui se sent dépérir. Il lui arrive une mauvaise aventure et il est obligé de fuir. C'est tout à fait le genre de chanson que Bowie a dû entendre dans sa jeunesse et a voulu reproduire ici.
Mountains of Lhasa are feeling the rain
David Bowie nous présente l'arrivée du Dalaï-lama. Au Tibet, les gongs retentissent à l'arrivée de l'enfant de la réincarnation. Et l'auteur s'intéresse à la profondeur de cet être, humain et transcendantal.
Smiling girls and rosy boys
Encore une fois, il s'intéresse ici à la jeunesse, peut-être à sa propre enfance. Une basse omniprésente rythme cette balade qui la rend un tant soit peu surréaliste.
Johnny plays the sitar, he's an existentialist
On sent ici poindre ce que sera plus tard les expérimentations de David Bowie. La fin du morceau est un tissu de sonorités étranges. Le tout est la présentation d'un club de gens en marge de la société : une existence dans laquelle Bowie se retrouve.
Her mother called her Mary, but she changed her name to Tommy, she's a one, oh
Ce morceau est certainement le plus intéressant de l'album. Il est le prémisse de la libération que prônera Bowie tout au long de sa carrière. She's got medals retrace le parcours d'une jeune femme qui se fait passer pour un homme afin d'aller combattre l’ennemie. La chanson défend la capacité de chacun à choisir son genre. Ou bien n'est-ce qu'une mélodie anit-militariste et anti-machiste... Quoiqu'il en soit, elle présente un intérêt par la puissance de ses paroles !
This girl is made of loneliness
J'aime bien ce morceau qui s'intéresse aux petites gens, ceux derrière les flashs et auxquelles on ne s'intéresse pas. La voix de Bowie est ici très caractéristique de ce qu'elle produira par la suite.
And I was the wicked man who took her life away
So choking ! Un chanteur qui éternue !? Je crois qu'on a ici ce petit côté complètement loufoque. Il me semble que ce côté très théâtral sera présent dans plusieurs autres morceaux par la suite. Bowie est un comédien. Lorsqu'il est sur scène, il joue un jeu, et sa musique n'est que le média qui lui permet de s’expérimenter devant le public.
L'album se termine donc sur ce bel éternuement :)