Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.
Numéro 11 : David Bowie
En 1969 sort le deuxième album de David Bowie. Deux ans après son premier coup d'essai, qui s'était avéré être un échec commercial et artistique, l'artiste n'en démord pas et décide de partir sur autre chose. En résulte un projet bien différent que le précédent mais portant pourtant le même nom, comme si l'artiste lui-même voulait effacer ce qu'il considérait comme un faux départ et voulait rectifier le "story-telling" de sa carrière. Cela a plutôt fonctionné puisque cet album est pour beaucoup le premier album de David Bowie.
S'il est loin d'être considéré parmi les plus grands projets issus de la discographie du bonhomme, il est tout de même apprécié. Cela ne se verra pas à travers les ventes, et l'album ne sera pas un succès. L'album ressortira à plusieurs reprises, souvent sous le nom de Space Oddity, à des fins commerciales.
Oui, cet album est celui dans lequel apparait ce qui sera l'un des titres les plus cultes et apprécies du chanteur. L'album s'ouvre sur ces accords de guitares et le fameux "Groud Control To Major Tom.." Que dire qui n'a pas été déjà dit sur ce morceau? Rien. C'est beau, envoutant et imaginatif.. en totale rupture avec l'album précédent qui essayait de bien en appliquant toutes les règles possibles et imaginables pour faire quelque chose de correct, sans vision et patte musicale. Ici, c'est creatif et incarné, procurant une véritable ambiance propre à son auteur. Un chef-d'œuvre pour ouvrir un album, rien que ça.
L'album n'atteindra pas le niveau premier morceau mais ce n'est pas un souci. "Unwashed and Somewhat Slightly Dazed" est à l'image de son nom, trop long. Si le morceau commence bien en étant une douce ballade, il devient vite et jusqu'à la fin un morceau quelque peu confus avec un trop plein d'harmonica, qui est un instrument envers lequel je ne suis pas loin d'éprouver un vrai désamour. Si la chanson ne me sort pas vraiment de l'album, "Letter To Hermione" m'y replonge aisément en étant une jolie petite ballade, bien qu'elle semble presque incomplète en procurant la sensation de manquer de quelque chose, mais cela lui va bien. S'ensuit un très gros morceau, dans tous les sens du terme. "Cygnet Commitee", du haut de ses neuf minutes, est un vrai trip et un grand morceau. Il est, encore plus que "Space Oddity", le titre qui est le plus à l'image de ce qu'est et surtout sera son chanteur, une beauté et puissance étrange, caractéristique de l'artiste, s'y dégageant. Si les six premières minutes indiquent le fait que nous sommes peut-être face à un chef-d'œuvre de morceau, les trois minutes me plaisent toujours un peu moins, mais rien de bien grave. "Janine" est un morceau qui n'a clairement pas les mêmes intentions musicales mais est plutôt efficace, bien que pas franchement transcendant. Ce qui dessert le titre est aussi d'être entre deux temps forts. "An Occasional Dream" est une bien jolie pépite, imaginative, sans prétention mais touchante. La même chose peut-être dite pour le morceau suivant "Wild Eyed Boy From Freecloud" qui est dans la continuité du titre précédent avec les mêmes qualités mais qui cette fois se font bien plus ressentir, encore. Une vraie bulle, fantaisiste et très réussie. Un nouveau morceau folk prend le relai, "God Know I'm Good" réussit, de par son refrain bien réussi, son effet, sans être non plus marquant. L'album se conclut avec "Memory Of A Free Festival", fin logique quant à certains thèmes abordés de l'album, entre notamment contre-culture et mouvement hippie. Musicalement, c'est peut-être un peu trop solennel dans la première partie du titre mais la seconde libère un peu le tout et on se laisse porter par l'énergie du morceau. Une fin qui est donc plutôt réussie.
Avec cet album, David Bowie impose de manière plus claire ce qu'est et sera sa vision d'artiste, avec une couleur musicale plus claire et une inventivité déjà présente. On sent cependant que ce n'est que le début et l'artiste semble parfois avoir du mal dans le dosage, manquant parfois de subtilité. Il n'en reste pas moins un album généreux et rentrant dans la longue liste des projets "du début, imparfaits mais touchants de par une authenticité caractéristique". Bénéficiant de très grands moments, cet album est surtout un album qui au-delà de sa qualité certaine, est le témoin de la naissance d'un artiste qui n'aura pas finit de surprendre ses mondes, et tout ceux qui voudront le suivre dans son voyage..