Les bases sont posées.
Le premier album mêlant Blues rugueux, décharge électrique Rock et son cradingue Punk a tapé dans l'oreille de quelques critiques avisés façon soupe de phalanges en pleine poire.
Ces oreilles d'amateurs de gros son quelque peu assoupies depuis quelques années, soudainement agressées par les stridences "guitaristiques" violentes et les coups de massues sauvages des ex-époux White.
Un radio-réveil Rock qui sonne à grands coups de riffs Blues grésillants, l'aurore assourdissante du renouveau Rock'n'Roll.
Jack White sûr de ses choix et de la bonne impression qu'il a plantée dans l'oreille de certains critiques, décide de sortir un album tout les ans et de ressusciter en sortant de son Marshall boueux les grands noms du Blues électrique.
Rendre l'hommage bruyant de la nouvelle génération aux Muddy Waters, Howling Wolf et autres Son House.
Après avoir enregistré les quarante minutes de leur premier album en seulement quelques heures sur un vieux quatre pistes donnant l'aspect sale et amateur voulu par Jack, ils 'attaquent à l'enregistrement du second en grands "professionnels".
Le vieux "quatre-pistes" et remplacé par un vieux "Huit-pistes", l'album est enregistré en deux jours, en direct, dans le salon des White.
Une urgence, un manque de moyens et une aridité décidé par gourou Jack pour tenter de conserver cette fraîcheur Punk et cette honnêteté Blues du premier essai.
L'album sortira en 2000 et ne dêchainera pas les passions.
Mais les légers relais de la presse spécialisée sur le premier album et les nouveaux (et encore peu..) adorateurs de la secte Stripienne se chargeront par un bouche à oreille efficace de promouvoir ce deuxième album.
Ce n'est que deux ans après qu'il fera une percée remarquée dans les charts indé' Américains et que le groupe prendra véritablement son envol.
"De Stijl" ! Voilà le nom du nouvel album des bandes blanches.
Un titre et une pochette largement inspiré de ce mouvement artistique et architectural du début du XX ème siècle. Le disque est dédié à Gerrit Rietveld designer et architecte avant-gardiste, compagnon de route de la mouvance "De Stijl".
Si les références au néo-plasticisme peuvent paraître hermétiques et un peu prétentieuses, c'est le côté "philosophique" qui parle à Jack.
C'est le manifeste du mouvement pictural ( enfin quelques notions) dont les Stripes s'empare et font leur, dans un vacarme assourdissant.
La pureté des couleurs.
Pas de mélange, la pureté originelle: Une guitare, un rythme, un Blues. Retrouver les racines, les déterrer et les exposer crûment, encore sales, sorties de terre.
Une aridité musicale bienfaitrice comme un régime imposé à un Rock devenu trop lourd.
La fascination pour les lignes droites, l'élimination du Baroque, de tout ce qui peut nuire à la forme "sèche". L'expression directe: Un jack passerelle entre un ampli et une gratte, comme la jonction d'un trait tiré à la règle entre un point A et un point B.
Un direct du droit en plein pif et sans gants. Aucun intermédiaire entre la violence sèche et ta personne.
Une production plus nette, l'arrivée discrète et mesurée d'une Pop maîtrisée sur un ou deux titres et toujours cette énergie folle sur ces titres Bluesy intenses et qui coupent courts.
Les Stripes se trouvent sur ce disque. L'identité musicale est acquise et l'esthétique visuelle est en place avec ce code couleur rouge, blanc et noir dorénavant identifiable.
L'élan des White Stripes pris sur le premier disque, les voilà déployant leurs ailes de géants sur "De Stijl", avant de décoller véritablement avec leur troisième opus..
Le voyage s'annonce agréable.
https://www.youtube.com/watch?v=t9bgjsRP-bs (Re-prends toi ça dans les dents !!)