Mince alors, pour être un très grand songwriter, il faudrait donc être mort (jeune de préférence) ou viré par sa demoiselle...
Première catégorie : Vic Chesnutt dead, Elliott Smith dead, Jackson C.Frank dead, Jeff Buckley dead aussi, et les exemples sont innombrables.
Seconde catégorie : Justin Vernon a signé en 2007 l'album de sa vie et selon moi ce qui se rapproche d'un chef-d’œuvre, "For Emma, Forever Ago", au lendemain d'une rupture.
Si je cite précisément ces noms, c'est qu'il est impossible de ne pas y penser quand on découvre cet anglais barbu et son tout premier album "Dear...".
Ce jeune londonien de 24 ans s'est probablement dit qu'il était un peu prématuré de mourir et a donc opté pour le largage en règle pour accoucher de ces 10 morceaux tout simplement bouleversants. Les textes, la voix tremblante, le son de la guitare, tout ici donne le frisson. C'est caché dans sa chambre, malheureux comme les pierres, que le garçon a écrit, composé, auto-produit ce disque incroyable, qui respire la peine, les larmes. Ce n'est pas tous les jours qu'un ange terrassé par Cupidon vient pleurer à nos oreilles, et c'est beau, tellement beau.
Si vous voulez vous faire une petite idée, voici deux extraits de ce disque que ma platine dévore depuis 2 ans, sans s'en lasser une seconde : "Charon" et "You Don't Know How Lucky You Are".
Il y a fort à parier que le garçon s'est à nouveau fait jeter (ou qu'il est sur le point de nous quitter définitivement) car il est de retour avec un second album tout aussi sublime que le premier. Cette fois, Keaton a quitté sa chambre, direction la Californie pour aller travailler avec le grand producteur Joe Chiccarelli . Changement de dimension donc et pourtant l'émotion est intacte, ce "Birthdays" tutoie lui aussi le ciel.
En seulement deux albums, Keaton Henson rejoint donc les glorieux disparus que j'évoquais plus haut, mais aussi quelques vivants, tout aussi chers à mon cœur. Sa musique est aussi foudroyante que celle d'un Will Oldham ou d'un Joseph Arthur.
Pour que vous n'ayez pas d'excuse d'être passé à côté de ce déjà grand, je vous sers sur un plateau ce petit extrait de "Birthdays" : "Sweetheart, What Have You Done to Us"
ET VIVE LE DIVORCE