Est-il vraiment raisonnable d'empaler votre voisin de palier ?
La réponse est oui, car vous venez d'écouter le nouvel album de The Acacia Strain. Qui débute par un extrait savoureux du début du film "The devil inside".
- 911 Operator "I'm sorry who did you kill ?
- Maria Rossi "I killed everyone".
Plus difficile d'approche, avec des morceaux moins évidents que ceux de Wormwood, ce nouvel opus de The Acacia Strain s'inscrit pourtant dans la continuité des oeuvres du groupe.
Un son toujours death, des structures chaotiques qui empruntent au hardcore, et du mid voire down-tempo d'autant plus prononcé que les gratteux ont décidé de s'accorder extrêmement bas. On voit presque les cordes de la basse et des guitares se tordre de douleur en de longues ondulations déchirantes tellement le son est réglé comme venant de profondeurs insondables. Ce qui n'exclut pas des riffs tranchants et rapides comme le soubresaut d'une chaîne sur une tronçonneuse poisseuse de sang.
Avec, et c'est la particularité de l'album, des effets de distorsion poussés au maximum qui donnent parfois l'impression que les cordes sont électroniques. Perturbant à la première écoute, on finit par s'y habituer.
Tandis que le batteur applique comme il se doit un rythme parfaitement maîtrisé, syncopé comme il faut, entre groove malsain et pulsations cardiaques, se mêlent des nappes inquiétantes, parfaitement distillées, nimbant chaque morceau d'une menace d'apocalypse lointaine et terriblement proche.
Quant aux profondeurs, pour les habitués du nihilisme désabusé et misanthrope vomi par Bennett, vous ne serez pas déçus du voyage. Il assure toujours autant à la voix, et vous devriez être conforté dans votre aversion pour l'humanité.
Parmi les fautes de goût, relevons Brain Death, avec un solo de guitare et des envolées lyriques qui viennent comme un cheveu sur la soupe, et une réminiscence dans certains riffs, dans Doomblade et The Mouth of the river. Mais dans l'ensemble, ça se tient diablement bien, bien droit comme un pal attendant sa prochaine victime.