L'illustre poète Paul Valéry a très justement dit dans son livre Mélange: "Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n’est rien." Deux qualités que Clara Morgane, actrice iconique saluée par la critique internationale pour son rôle de strip-teaseuse dans le film Snowboarder, a, par la volonté de Dieu, toujours possédées. Sa carrière, jusqu'ici jalonnée de multiples succès, lui a permis de tourner avec les réalisateurs les plus renommés, incarnant des personnages à l'élégante légèreté et au charme discret. Plus récemment, touchée par la grâce, sa mémorable apparition dans la série Les Anges de la télé-réalité a conforté, plus que jamais, son statut d’icône mondiale. Égérie des plus talentueux artistes de ce monde, connue pour son engagement politique, son influence sur la vie intellectuelle de ce début du siècle n'est plus à discuter.
En 2007, Clara Morgane artiste aussi insaisissable que demandée surprend tout le monde en annonçant ses débuts dans la musique. Aussitôt la nouvelle annoncée, la presse, en toute modestie, la hisse déjà en digne héritière de Maria Callas. Le jour de la sortie de l'album, le succès est, bien entendu, au rendez vous. Des scènes de liesse sont observées dans toutes les grandes capitales de la planète : de Paris à Tokyo en passant par New York, la vague Clara déferle avec fracas. Le phénomène musical est lancé et ne s’arrêtera pas. La chanteuse, à la surprise de tous, opte pour le rnb, style savant s'il en est, et propose un concept album basé sur le livre Ainsi Parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzche; le défi est pour le moins corsé, mais il faut bien l'admettre, la claque est mémorable. Pour le titre de lancement, sobrement intitulé "J'aime", est invité le tonitruant baryton aux punchlines d'acier, Lord Kossity, recensement lauréat du prestigieux prix du meilleur artiste de l'année aux NRJ Music Awards. Deux esthètes, donc, réunit pour marquer au fer rouge l'histoire de la musique.
Je n'irai pas par quatre chemins, dès les première notes, la magie prend forme, le cœur est saisi par la beauté virginale qui émane de la voix de Clara Morgane. En tant que mélomane averti, je n'avais pas été happé par autant d'émotion depuis l'écoute du titre Sexy Bitch, concerto pour Ableton, de David Guetta, le Paganini des platines. Chaque mélodie est orfévrée avec le soin le plus intime et Clara Morgane a pu jouir d'un des meilleurs producteurs du moment pour un plaisir d'écoute des plus intense. Autre qualité de taille, la pochette signée par le célèbre studio Hypgnosis marque autant les esprits que celle de Dark Side of the Moon des anglais de Pink Floyd, il y a 40 ans. Gageons qu'elle devienne, dans quelques décennies, un emblème fort de ce que fut la pop culture des années 2000.