Le Château dans le ciel
7.9
Le Château dans le ciel

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1986)

Quand j'étais gamin, je me souviens que mon film favori était L'Histoire sans fin. Son héros, Atreyu, me fascinait. Je tremblais d'émotion lors de la scène de la traversée du marais et même tout au long de son périple jusqu'à son combat final contre Gmork. J'avais pour admiration sa bravoure, malgré son jeune âge, lui qui, en dépit des difficultés rencontrées, se faisait un point d'honneur à honorer son devoir, celui d'aller jusqu'au bout de la quête qui lui avait été assigné par l’impératrice pour sauver Fantasia. Il était l'unique espoir de tout un monde dont, moi aussi, je faisais partie le temps de quelques heures. Je crois qu'aujourd'hui encore, même si j'ai grandi, je reste cet enfant qui se prend d'affection pour les jeunes âmes qui grâce à leur caractère passionné, opiniâtre et un brin pétulant sont promis à une destinée héroïque.


Le Château dans le ciel de Miyazaki, c'est près de deux heures d'une magistrale aventure à l'allure soutenue qui commence sur la terre ferme près des mines pour s'envoler, ensuite, haut dans le ciel , et dont le point culminant reste la découverte émerveillée de Laputa, royaume d'une singulière magie, hors du temps, hors de tout, qui fut jadis grandiose et qui le reste toujours aux yeux d'un petit garçon ou plutôt à ceux de deux petits garçons : Pazu, le héro et moi retombé en enfance l'espace d'un instant. Un endroit inviolé depuis des siècles où le temps s’égrène paisiblement sous la protection de nobles gardiens, doux au contact d’âmes bienveillantes, agressifs en face d'hommes cupides aux desseins malfaisants. Un écrin de tranquillité ou l'on aimerait vivre paisiblement et éternellement aux yeux de certains ou qui se relève être, pour d'autres, une arme ultime pour conquérir le monde en le réduisant à feu et à sang.


Un jeune garçon à l'âme intrépide, doté d'une grande bonté de cœur et au caractère enthousiaste et une jeune fille de sang royal tombée du ciel et d'une pureté d'esprit immaculée. Un couple qui pourrait sembler bien puéril pour certains, mais qui chez moi a tout mon amour. Je suis leur pérégrinations à leurs côté, je partage leurs émotions : le désespoir lorsque la tempête est à deux doigts de faire chavirer la petite nacelle perdue dans une mer déchaînée de terrifiants nuages noirs, la joie, mes lèvres souriant d'un soulagements emplie de bonheur et mes yeux aux prises d'une contemplation presque religieuse, lorsque l'auguste château baigné d'une lumière éblouissante à la chaleur reposante se découvre pour nous seuls.


Des courses poursuites avec nos deux héros, échevelés par le vent qui siffle, les mains tendues au volant d'une délicate machine ailée fendant l'air à tout vitesse, aux trousses d'une armée de soldats, vulgaires marionnettes sous l'ordre d'un chef sans scrupule. Des pirates d'une naïveté drôle, touchante et généreux sous leur cape de malfrats des airs en quête perpétuelle de richesses. Une patronne au caractère tranchant et aux manières brusques qui se relève, cependant, être la plus bienveillante des grand-mères pour nos deux enfants. Des golems de métal à la carapace froide, mais au cœur d'une chaleur réelle. Un univers qui s’inscrit dans l'esthétisme fantasmé du début du XXe siècle comme à son habitude chez Miyasaki. Pleins de grandes et petites choses qui me font aimer des plus sincèrement cette œuvre.


Le Château dans le ciel est un film que saura être apprécié à sa juste valeur par ceux qui ont su garder une âme d'enfant, c'est à dire, une âme candide qu'un petit rien permet d'embraser pour laisser échapper des élans passionnés. Un remède roboratif qui enivre l 'esprit et exalte les sens, vous faisant choir sans prise pour en échapper dans un univers enchanteur qui vous enivre par la poésie et la beauté qui s'en dégage. Un film d'animation aux dessins diaprées, à l'image de la riche palette d'émotions qu'il permet de procurer aux spectateurs.


A ce propos, tout le monde le sait, tout le monde l'a dit, mais je vais encore le répéter : Miyasaki et son équipe nous livre une véritable galerie de tableaux animés pendant deux heures. C'est beau, c'est grand, ça relève du génie. Mais le stade ultime de la beauté ne peut être atteint que si l'image et le son coopèrent. Joe Hisaichi nous compose, comme à son habitude, une bande son parfaite au thème principale dont la magnificence touche presque au divin. C'est beau à pleurer, un point c'est tout.


Quittez votre gentille petite maison reposant tranquillement sur un sol bien plat, et venez vous émerveiller du château suspendu nommé Laputa, voilà une invitation que je ne déclinerai pour rien au monde.

Morientes
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le 7 mars 2015

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Morientes

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