Je redécouvre l'album trois ans après mes premières écoutes, c'est vraiment une révélation j'avais loupé un truc.
J'ai été surpris d'avoir à peine eu à vraiment me concentrer, juste un peu au début pendant le build up du premier morceau et ensuite le côté complètement chaotique de l'album s'assimile tout seul dans un état d'esprit un peu dissocié. Les parties radicalement différentes s'enchainent comme des blocs, c'est comme un enchainement de mini-jeux ultra défouloirs qui assouvissent une sorte power-fantasy, mais qui reste saine parceque c'est beaucoup trop goofy et maximaliste pour prendre complètement le truc solennellement.
Mais cette légèreté, ce sentiment de liberté dans le chaos est loin d'empêcher la musique de parvenir à des moments d'émerveillements, pas forcement en rupture avec le reste mais comme une composante même de ce bordel. Je pense notamment à la super, bien que très courte, partie mid-tempo/binaire/chant clair très aigu/mélodie épique au milieu-début du globalement génial "Planet of the Apes".
Impossible de pas mentionner le casting de fou de l'album : Joe Duplantier, Paul Masvidal, Greg Puciato, Fredrik Thordental, Ihsahn... Tous à une place qui leur convient parfaitement, genre Paul Masvidal sur une des rares parties douces de l'album, sur Sumeria. Dans le metal, difficile de trouver un chanteur plus adapté à un passage comme ça.
Reste que je garde une satisfaction toujours un peu incomplète face aux albums qui me plaisent de cette manière, c'est à dire hors du champ d'une écoute un peu consciente et clairvoyante, notamment parce que je doute de la possibilité de pouvoir correctement reproduire l'expérience. Je sais pas si on peut espérer d'un album aussi dense d'avoir l'effet attendu dans beaucoup de contextes, de moods différents. J'ai aussi une sorte d'impression de fond que l'identification à l'expressivité d'une musique comme ça tient à une sorte d'assouvissement de fantasme égotique de distinction par la bizarrerie et l'excentricité. Mais peut être que c'est juste que je suis au fond un ascète insupportable et que je me méfie de ce qui est trop dionysiaque...
Puis l'album est trop long, alors qu'il a failli ne pas l'être.
The mighty masturbator était une fin parfaite, mais ça continue avec Pandemic.
Pandemic est super, complètement taré, ça aurait pu faire une sorte de morceau post-nut clarity (pour poursuivre dans le registre onanique), mais ça continue avec Deconstruction.
Deconstruction est incroyable, il va vraiment racler la matière grise qu'il reste pour finir dans une sorte d'essoufflement libérateur.
Mais ça continue sur un Poltergeist, qui sans être mauvais n'apporte plus grand chose à l'expérience dont on pensait sortir pleinement satisfait.
Pinaillages à part, vraiment une redécouverte de fou, complètement euphorisant, et l'album me conforte à intervalles réguliers sur le fait que le metal a toujours intérêt à pas trop se soucier du bon goût.