On a tous notre petite définition du Rock'N'Roll. Qu'il se traduise, selon nos convictions à travers les riffs psychédéliquement savoureux de Jimi Hendrix ou la folie arty border-line de David Bowie, le Rock n'a jamais été un concept facile à saisir. Qu'est-ce qu'un groupe de Rock'N'Roll après tout ? Est-ce un groupe qui bouscule la concurrence ? Renverse la tendance du marché du disque ? Fait briller une jeunesse dépravée à sa manière ? Un groupe capable de prendre des remorqueurs entiers de cocaine et pondre malgré tout des riffs légendaires sur des mélodies implacables ?
Si le Rock'N'Roll, c'est un peu de tout ça, alors Oasis est surement un groupe qui a su, malgré la tension palpable entre les deux frères Gallagher, associer l'intégralité de ces facteurs pour produire un album qui a fait la nique à tout les groupes Anglais de l'époque qui tentaient vainement de s'imposer dans les charts d'une époque maussade où les Américains pleuraient encore la mort de Kurt Cobain, le Rap montait au créneau question popularité et où le Rock Anglais s'était un peu perdu en route à son grand désespoir.
Oasis nous balance Definitely Maybe en 1994 et le Rock ne sera plus jamais le même. Fer de lance du mouvement Brit-Pop (même si nous en avions des prémices avec notamment les Smiths et les Stone Roses, l'un s'attardant trop dans le mieleu pour s'attirer une fan-base conséquente, l'autre se mettant une balle dans le pied en plein de début de carrière prometteur) Oasis a réussit là où certains ont chuté. Survivre plus longtemps que les autres malgré un gros bordel autour d'eux fait de femmes un peu trop sexy, de coke un peu trop pure et d'engueulades bien trop corsées. Et Definitely Maybe est le point de départ de ce coup de pied au cul dans l'histoire du Rock'N'Roll.
On ne devrait jamais se souvenir d'Oasis, dans les 50 prochaines années pour Wonderwall. Car lorsqu'on a un titre comme Cigarettes And Alcohol alors on a plus besoin de rien. Si je devais garder un titre ou deux titres maximum qui représente le Rock'N'Roll, fédérateur, puissant, entraînant, symbole d'une génération, Cigarettes And Alcohol et Live Forever seraient mes choix. Bien au-delà du fait qu'ils soient des hymnes fédérateurs disséminés le long d'un album qui ne perd jamais en force de bout en bout, les frères Gallagher vont démontrer, de Rock'N'Roll Star à Married With Children, Oasis avait déjà capté la bonne recette pour réunir, dans une seule voix, l'intégralité de la population Anglaise. Et ce, sans produire des albums-soupe bourrés de mélodies tape-à-l'oeil sans fond, sans âme.
Il est impossible de ne pas ressentir la jeunesse désinvolte et bien couillu sur Rock'N'Roll Star, les talents d'écriture de Noel Gallagher sur Live Forever, surement un des plus grands titres de l'histoire du Pop-Rock à l'Anglaise, les riffs d'une efficacité monumentale sur Cigarettes And Alcohol, la balade romantique sur-vitaminée Slide Away où le message, si franc et si beau, vaut bien l'intégralité des niaiseries amoureuses de Rod Stewart.
Oubliez Wonderwall, oubliez Don't Look Back In Anger, oubliez cette foutue publicité pompant joyeusement l'âme de Whatever, oubliez le fait que ce groupe ne se reformera jamais car de toute façon, le joyau musical de la couronne Anglaise a déjà été produit. C'était le 30 Août 1994. Definitely Maybe pose le constat indéniable d'une vérité dont les Anglais peuvent être fiers. Il y a un avant et un après Oasis.