Deux ans s'étaient écoulés depuis la sortie du faramineux Nocturnal des Black Dahlia Murder et l’impatience était à son comble quant à la sortie du nouvel opus. Une question subsistait quand même dans ma tête à l'époque : comment faire mieux que leur précédent album, génial en tout point, proposant un œil neuf à leur style ? Tout est quasiment parfait, alors vont-ils encore me surprendre ?
J’avais tout d’abord écouté leur mise en bouche nommée "A Selection Unnatural" : une petite déception, le titre étant tout simplement du Black Dahlia passable, rien de bien surprenant. Puis vient la publication de cette hideuse pochette rappelant les vieux albums de Death ou Atheist, colorée, bizarroïde, très ‘old school’. Certains peuvent apprécier, pas moi. Comparée à celle de Nocturnal, il faut admettre que le visuel baisse d’un cran. La peur de l’amertume montant à son paroxysme, je découvre enfin Deflorate. Même constat hélas désappointant : l’album s’écoute agréablement mais rien ne s’en dégage.
Si on peut admettre que ce quatrième opus est la suite directe du précédent, aux sonorités rapides et à l’atmosphère plus malsaine que celles des deux premiers disques, il n’y a aucune innovation en soi. Notez bien que Miasma surpassait Unhallowed grâce à un style plus personnel, à nouveau écrasé par un Nocturnal beaucoup plus insalubre et ancré dans un climat plus scandinave si je puis dire ainsi. On sent donc parfaitement la différence des morceaux entre les différents albums. Ici, les 10 titres sentent le réchauffé, voire le bâclage parfois…
Aucune évolution donc, malgré la présence du nouveau venu Ryan Knight (Arsis), remplaçant ainsi l’incroyable John Kempainen. Si le jeu de Knight est selon les dires de certains beaucoup plus rapide, il n’en demeure pas moins pour moi moins déluré, voire classique tant les soli qu’il nous pond sont fades et peu mémorables. L’ambiance est inégale, les titres s’enchainent à la manière d’un mauvais best-of, l’identité auparavant acquise retombant dans la facilité et peut-être la précipitation.
La voix de Trevor reste la même, inchangée mais toujours aussi puissante. La batterie est quant à elle moins virevoltante, suivant correctement les riffs en allers-retours de nos chers gratteux à grands coups de blasts, de breaks et de double-pédale certes classique mais à jamais dévastatrice. Le son est en effet moins grandiloquent, à la limite du son étouffé des lives et de l’enregistrement pro. En somme, Deflorate est un album juste correct, qui n’étonne pas et reste dans la continuité d’une petite discographie qui n’a pas fini de grandir.
La galette s’écoute rapidement, se réécoute en boucle mais sans ce petit plaisir sans nom, plutôt avec une certaine curiosité de sélectionner les titres qui en valent vraiment la peine. Au final, seuls quelques titres viennent étayer mon fanatisme pour ce groupe, des titres comme "Christ Deformed", "Necropolis" ou encore "Throne of Lunacy" (celui-ci rappelant du bon vieux Dies Irae et notamment le morceau "Beyond All Dimensions"), le tout à la bonne sauce TBDM. Des morceaux entrainants, beaucoup plus brutaux que le reste de cet album surgelé qu’on passe au micro-ondes quand on a vraiment la dalle. Les autres morceaux sont basiques, à peine remarquables grâce aux soli de Knight (je dois admettre que celui de "Denounced, Disgraced" est assez surprenant à défaut d’être agréable).
Un quatrième album écoutable, sympathique mais en rien détonant, la flamme et l’originalité de The Black Dahlia Murder décroissant subitement dans mon estime avec cet album. Restent leur clip toujours aussi délirant et leur présence scénique majestueuse. Une semi-déception donc, aujourd'hui encore, à écouter néanmoins et à posséder pour les aficionados du groupe.