Descent par Johnny B

Le gris n'est pas, a proprement parler, une couleur. Elle est la résultante du mélange de noir et blanc qui ne sont pas des couleurs elles même. Mais ça ne change rien au fait que cette teinte représente parfaitement ma nature. Mon cœur est blanc ( lire ici que je ne suis pas foncièrement méchant, malicieux , et que jamais, je dis bien jamais, mon intention est de faire chier mon prochain...). Avec le temps, comme le blanc est salissant, je croyais que ce coeur allait s'endurcir et devenir un peu plus prompt à ne pas trop manger de coups. Pourtant, il n'en est rien. J'ai gardé un coeur d'enfant. Naïf et même innocent a plusieurs égards. Le problème se présente lorsqu'on l'associe a ma tête. Et la chanson reflète bien le mélange dystopique des deux.

Noir. La couleur de l'intérieur de ma cervelle est bel et bien noire. Il n'y a pratiquement jamais de couleur. Un peu comme si on marchait toujours la nuit. Bien entendu, quelques réverbères illuminent le décor ( lire ici mes proches, l'enfant...) Pourtant, je ne me souviens même pas un instant où j'ai pu me dire que j'étais joyeux durant , disons, une semaine entière. Le nuage sombre se tient fidèlement au dessus de ma tête et y a fait son nid, probablement pour toujours. Des moments heureux, oui. Mais une séquence prolongée de bonheur durable, jamais. Certains apprécient car je demeure, je crois, quelqu'un de bien dans l'ensemble. Ma tête côtoie quand même un coeur blanc. Donc, mes valeurs sont intactes et mon comportement "humain" s'avère bienveillant. Seulement, ça provient d'un individu psychologiquement noir. La somme de cette cohabitation fait de moi quelqu'un de très calme. Pour ne pas dire, mort en dedans. Utilisons plutôt le terme éteint...

Lorsqu'il le faut, je peux jouer le jeu. Je remets un peu d'éclairage sur mon visage et acte en conformité avec les besoins du scénario. Toutefois, aussitôt cet instant terminé, le rideau se ferme, les lumières se tamisent et je retourne vers une obscurité plus ou moins complète. Pas que je le veuille. Ma nature est faite ainsi. J'ai consulté, prit mes medocs, tenté des thérapies. Il n'y a pas, pour ainsi dire, de problème de santé mentale. Il n'y a tout simplement pas de lumière avec laquelle m'accorder. Je peux aimer profondément, ça paraît pas. Je peux m'investir à fond, ça paraît juste pas. Je peux... On est plus invisible dans l'obscurité...

Et il y a tous ceux que je fais chier dû a ma sombre attitude. Selon eux, je ne suis qu'un lâche qui ne fait pas l'effort. Que je préfère mon gris au bonheur, soleil et autres couleurs des gens " normaux". Ça fait bientôt la moitié d'un siècle que j'essaie. Allez vous faire foutre.

La chanson? Le mot qui m'est venu a l'esprit en l'écoutant a été automatiquement grise. C'est sombre. Pas nécessairement violent. Sombre, profonde, empreinte d'une certaine tristesse. Pas la meilleure non plus. Simplement, j'ai découvert la couleur de mon mental en l'entendant. Ce n'est pas très beau, je le concède. Y a t'il de la détresse la dedans? Je ne crois pas. Juste obscur...

Et si j'arrive a voir lorsque tout est trop sombre, c'est bien parce que mon coeur, lui, éclaire, telle une chandelle, mon chemin ...