Écouter Deserted Palace, c'est comme regarder THX 1138 pour mesurer l'ensemble de la carrière de George Lucas, ou Le Bunker de la dernière rafale pour Caro & Jeunet : l'intérêt est avant tout archéologique.
Cinq ans avant Oxygène, Jean-Michel Jarre semble loin du compte. On détecte ici et là quelques mélodies entêtantes ("Bridge of Promises", "Deserted Palace"), quelques ambiances planantes qui ne demandent qu'à s'alléger pour décoller ("Windswept Canyon"), et une recherche sonore ponctuée d'effets bizarroïdes en contrepoint des lignes mélodiques.
Rien, cependant, n'est réellement abouti, même si le son d'ensemble de l'album est plutôt cohérent. Jarre se cherche, oscillant entre des morceaux influencés par l'écriture classique ("Music Box Concerto", "Deserted Palace"), des tiraillements contemporains ("Free Floating Anxiety") et des bidouillages à la limite du potache, sensation renforcée par les titres des compositions : "Exasperated Frog", "The Abominable Snowman", "Pogo Rock"...
Plus laboratoire d'expérimentation que véritable album, Deserted Palace permet donc de mesurer le chemin parcouru entre 1972 et 1977, pour arriver à la réussite incroyablement maîtrisée et à la consécration Oxygène. Un document musical, plutôt qu'un disque à écouter et réécouter pour le seul plaisir des esgourdes.