The Flower Kings ont traversé le renouveau du prog-rock eighties en usant son système jusqu’à la corde du nouveau millénaire, avec un systématisme appuyé, des recettes capables de gros battements de cœur comme d’implacables somnolences. Bonne nouvelle : la pause appuyée qui permit, en 2012, de redécouvrir le groupe phare de Roine Stolt avec Bank of Eden fait toujours effet. Un an après, toujours enclin à proposer un son brut, organisé autour d’improvisations collectives laissant toute la place à la créativité, ce Desolation Rose (douzième album studio) se permet des digressions libres mais totalement sous contrôle. Adieu longueurs et développements interminables. La petite heure de jeu dispose spontanéité, audace, virtuosité et instincts mélodiques avec un mordant qui laisse planer cette indicible joie de faire de la musique. De jouer leur musique. Ensemble.

Dans la ligné d’un Eden décidément obsessionnel (on se souvient également de l’album Adam & Eve en 2004), voici donc l’histoire d’un ange observateur, niché en haut d’une mystérieuse tour, incapable d’aider l’humanité à ne pas se détruire dans sa recherche désespérée et vouée à l’échec du Paradis perdu. Cinématique, quand tu nous tiens !

En se stabilisant autour d’un line-up ultra efficace (Jonas Reingold, Tomas Bodin, Hasse Fröberg, Felix Lehrmann et… Roine Stolt) désormais rodé par la case scénique, le groupe se dispense d’égos mal placés et d’ajustements mystérieux. « Tower ONE » illustre brillamment ce flirt avec l’ancien sans trop en faire. Une musique champagne malgré sa thématique où le sombre (« Desolation Road ») se dispute à l’inquiétant (« Sleeping Bones »), des mélodies qui se délivrent de tout instinct de pensum abscons et tracent leur(s) route(s) sur un fil tendu à l’extrême – bruitages compris. Un côté « à l’aise partout » qui trouve sa plénitude sur un « The Resurected Judas » qui brasse, jazze et bouillonne. Exercice spontané, Desolation Rose séduit par la profondeur à l’enthousiasme contagieux qui le traverse.
AmarokMag
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le 7 avr. 2014

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