"Ce nouvel album est dans la lignée de Destroyer" répété par Gene Simmons (co-fondateur de Kiss) à chaque nouvel enregistrement en studio. Un aveu que le groupe n'avait jamais réussi à faire aussi bien ? Un peu oui…
Après un « Alive » légendaire (dont on se fout des retouches en studio) le groupe, enfin, ramenait plein de sous à Casablanca, sa maison de production, et pouvait se projeter dans un avenir meilleur.
J’avais 14 ans à l’époque (1976) et un copain de lycée me prête un vinyle (30 cm de diamètre), dont la pochette de Ken Kelly me scotche littéralement, en me confiant : « Fais gaffe c’est hyper violent ». Les doigts fébriles je pose la galette sur mon pick-up (pas de chaîne Hi-Fi à l’époque) et, là, je prend une claque énorme. Comme j’en ai eu avec le Pink Floyd (Dark side of the moon/I wish you were here), Led Zeppelin (II et Presence), Nina Hagen (I), Neil Young (Rust Never Sleeps), David Bowie (Station to Station), Santana (Marathon), Genesis (A Trick of the Tail), Blue Oyster Cult (Spectres), Talk Talk (The Colour of Spring) ou Simple Minds (New Gold Dream).
En effet c’est violent. Après l’introduction de « Detroit Rock City » tout démarre à fond la caisse, avec un Paul Stanley à la voix puissante, juste et impeccable, servi par une basse impressionnante de Simmons et une batterie redoutable de Criss. Le doublé à la guitare fait sans aucun doute écho à ce qui se pratiquait chez Thin Lizzy (autre groupe à recommander). Qu’apporte Bob Ezrin ? Outre une co-composition avec Paul Stanley, un son d’une clarté et d’une puissance jamais inégalée, même encore aujourd’hui. Même avec Revenge (des années plus tard) Bod Ezrin ne parviendra pas à cette évidence sonore.
« King Of The Night Time World ». Une introduction étourdissante, tout n’est que feu d’artifice, puis Paul Stanley, au sommet de sa forme, déroule un classique qui aboutit à un refrain qui « tue ». Tout est là : guitares, rythmique, son, échos, puissance. Un régal absolu. A noter un solo d’Ace Frehley vertigineux d’harmonie et d’inspiration.
« God Of Thunder ». Composé par Paul Stanley tout seul, l’idée géniale est de la faire chanter par Gene Simmons. Le chœur d’enfant surprend mais le morceau démarre très lourd et menaçant, avec un riff « pré-Metallica ». En fait du heavy avant l’heure pour Kiss. La production de Ezrin est incroyable concernant la diversité des sons et Ace Frehley délivre un solo tout simplement hallucinant, sans oublier les vocaux d’un Gene Simmons au sommet de son interprétation.
« Great Expectations ». Co-composé par Ezrin et Simmons, ce titre peut dérouter les fans de Kiss mais pas moi. Il y a une forme de magie, de lumière, étrangère au Kiss que nous connaissions jusqu’à présent, mais les arpèges et la voix de Simmons façon Beatles apportant une dimension nouvelle au groupe.
« Flaming Youth ». Ecrit et composé par Frehley, Ezrin, Simmons et Stanley, ce morceau qui passe pour mineur est en réalité un « must » même des années après. Parler de cette « jeunesse en feu » est un must quand on regarde notre monde aujourd’hui… Même si la guitare sole est jouée par Dick Wagner au lieu d’Ace Frehley…
« Sweet Pain » de Gene Simmons est aussi une perle qui a été oubliée en son temps. Même si les guitares sont de Dick Wagner au lieu d’Ace Frehley, encore une fois, le ùorceau est extrêmement groovy, rock & Roll et entrainant. Une des meilleures compositions de Gene Simmons, superbement produite par Ezrin, qui lui donne son puissant et clair.
« Shout It Out Loud ». Composé par Ezrin, Simmons et Stanley voici un retour au Kiss « traditionnel » (Rock and Roll All Nite) avec de la fête partout, un son énorme, des chœurs parfaits et un solo d’Ace Frehley encore une fois très inspiré. Un hymne qui sera reprit de très nombreuses fois.
« Beth ». Composé par Ezrin, Criss et Penridge. LE tube de l’album qui a déconcerté un bon nombre de fans par son côté sirupeux. Et pourtant c’est une très bonne composition, qui détonne ici, mais qui a sa place pour ce qui est de la surprise. Des années après rien ne justifie les rejets de l’époque. Ce titre est bien intégré à un album qui visait à surprendre.
« Do You Love Me ». Clôturant cet album mythique, ce morceau est un voyage en lévitation rock. Paul Stanley adresse un message nouveau et clair : « Qui ou quoi aimez-vous ? ». Là encore la production d’Ezrin est au top, avec de magnifiques échos et un Stanley à son sommet vocal.
Oui cet album est mythique et unique dans la discographie de Kiss. A ce jour il est inégalé, malgré les efforts méritables que le groupe aura fourni avec ses albums suivant.