Enfin après tant d'attente PNL nous gratifie d'un nouvel album, l'événement musical de l'année pour la mif, et même pour ceux qui s'intéressent un peu à la musique, impossible de passer à côté. Les deux frères font comme dans leurs habitudes, aucune interview, pas de Planète rap, ni de plateau télé (pourquoi pas TPMP tant qu'on y est ?).
Une promo bien menée qui dévoile le minimum, un live de 15 heures pour annoncer l'album et le nouveau single, devenu instantanément un classique, bref PNL gère, gère, gère, gère, gère...
Comme pour tout groupe ou artiste à succès de nos jours, l'album leake 2 jours avant la sortie, chose étonnante pour ce groupe qui ne laissent rien au hasard, est-ce un coup de pub ou une erreur ? Peu importe l'album sera un succès dans tous les cas et la communauté QLF est formelle, cet album se respecte il ne se télécharge pas illégalement en basse qualité. Moi-même qui avait pour habitude d'écouter les leaks, je ne peux m'y résoudre. C'est vrai que ce début d'année est assez triste musicalement pour moi, et bien en dessous des années précédentes. J'attends cet album plus que tous les autres, comme Hervé attend sa dose, mais non je tiendrais bon jusqu'à minuit.
Il était une fois deux frères, deux fauves
Je fais cette critique après une petite dizaine d'écoutes complètes donc je ne pourrais pas parler de tout, il est tellement riche et il y'a tellement à dire, il va falloir être méticuleux.
Deux frères est un album qui s'écoute attentivement, il faut prendre le temps nécessaire pour l'apprécier à sa juste valeur, il faut limite ne rien faire d'autre en même temps sous peine de passer à côté.
De nos jours tout le monde veut aller trop vite pour tout, on a plus le temps de rien, plus le temps d'apprécier les bonnes choses et PNL qui se refuse à tout conformisme reste fidèle aux "vraies" valeurs.
Ademo et N.O.S ne sont pas des rappeurs de magazines, ils ne jouent pas un rôle pour mieux vendre, ils donnent dans la sincérité, décrivent dans leurs jargons leurs vies alors pourquoi vouloir en savoir plus ? Ils se livrent suffisamment dans leurs albums, il suffit de tendre l'oreille pour comprendre et ne pas rester figé devant une vulgarité apparente.
Et en fait c'est ça leurs secrets, pas de faux-semblants, pas de clips où ça pue le bling bling et les biatchs, non très peu pour eux, leurs clips sont des tableaux ils méritent le festival de Cannes, tout dans la sobriété, juste le quartier ou un paysage magnifique.
Bon j'ai toujours pas commencé à parler de l'album, que dire à part que c'est l'album de l'année ? Que j'ai aimé chaque morceaux même si évidemment il y'en a qui sortent du lot... Tout de suite je dirais que le morceau Deux frères est mon plus gros coup de cœur et ce dès la première écoute, fait plutôt rare. Ce morceau est tellement touchant il m'a mis les larmes aux yeux, il m'a fait me demander pourquoi moi aussi j'avais pas un frère comme Nabil ou Tarik. Cet amour fraternel est le fil conducteur de l'album, et je dois dire qu'il fait du bien à écouter. Ils se complètent très bien tous les deux jusqu'à fusionner et ne former qu'un, je sais rarement qui rappe je dois avouer.
Deux frères diffère tout de même des autres albums sur un point, il y'a une volonté de revenir aux choses simples, fini de vouloir le trône à tout prix et viser le sommet. Le duo se recentre sur eux-mêmes après avoir conquis le rap français et acquis un public fidèle. L'album dégage un parfum de mélancolie et de nostalgie d'une époque insouciante, j'y vois beaucoup de références à l'enfance jusqu'aux noms de jeux et films bien connus: "J'marche comme Link dans le monde des gorons." évidemment Zelda: Ocarina of time, mais aussi des références à Street fighter, à Shenmue... Pour les films, les corbeillois restent fidèles à Scarface (jusqu'à sampler un thème de ce film mythique dans Déconnecté !), mais aussi au Roi lion, au Livre de la jungle, etc...
Les frères parlent avec leurs cœurs et font ressortir des souvenirs d'une époque loin des soucis d'aujourd'hui et en même temps on sent un mépris pour notre époque: "Fuck ta chicha trop flinguée, nous c'est cigare Al Capone !"
De nos jours il n'y a plus que de la corruption, de l'hypocrisie et des choses fausses, PNL revient aux valeurs d'antan si je puis dire, la misère est si belle comme ils le disent, la misère n'offre que la réalité, les frères refusent de se mélanger c'est tout l'esprit QLF, symbolisé dans des phrases comme: "J'fais un bisou à mes cafards".
Je ne peux qu'être d'accord avec leurs propos même si c'est souvent dit de manière détournée, c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup chez certains rappeurs dont PNL. Leur musique n'est pas forcément facile à saisir, il faut y revenir plusieurs fois, parfois avoir le texte sous les yeux aide également et les petites annotations sur Rap Genius aussi...
Bref, pour moi c'est une réussite et chaque écoute je trouve un son qui me fait kiffer plus que la dernière fois, il vieillira super bien je pense, il s'apprécie à court comme à long terme. Je ne peux me risquer à critiquer morceaux par morceaux car il me faudrait beaucoup plus d'écoutes, ce que je peux dire c'est que chacun peut y trouver son compte, les morceaux ont tous un petit truc qui plaira ou pas à son auditeur... D'ailleurs si vous avez un morceau qui est au dessus du lot pour vous ou un passage préféré n'hésitez pas à me le mettre en commentaire, je suis curieux.
J'ai l'impression que j'oublie trop de choses, il est pas impossible que je revienne sur ma critique pour ajouter mon ressenti. La claque musicale de l'année me fait un bien fou, l'album ne me quitte pas, que ce soit dans la voiture quand j'amène la misère en balade ou même en faisant la vaisselle et que je fais peur au robinet...
Comme toujours je finis avec mon passage préféré de l'album:
"J'ai grandi dans le zoo, j'suivais les cris dans la jungle, les pas de grand frère
Papa nous a cogné tête contre tête, nous a dit : "J'veux un amour en fer
J'veux personne entre vous, même pas moi, même pas les anges de l'Enfer" (les anges de l'Enfer)
J'ai aimé mon frère plus que ma vie, comme me l'a appris mon père
Chaque rêve, chaque cauchemar, chaque ennemi, chaque euro : partagés
Et à part le nombre de cicatrices, rien ne va changer
Dans le même, dans le même miroir, on s'est regardés
Dans les mêmes, dans les mêmes trous noirs, on s'est égarés
Quand on était petits, on avait les mêmes sapes, plus grands, les mêmes armes
Même niaks, même terrain, igo, les mêmes schlags
Jamais les mêmes femmes : moi, c'était les belles blondes
Lui, les vénézuéliennes, moi dehors, lui qui tombe..."