Die in Your Lap par Bobby_Milk
Si la Caroline du Nord s'est infiltrée dans notre oxygène hexagonal depuis les années 2000, il faut voir en 9th Wonder le principal coupable. L'onctuosité et l'envoûtement de ses indénombrables productions ont envahi le paysage Hip Hop. Lorsqu'il n'est pas son propre marchand de rêves, il s'associe et s'investit entièrement dans un projet commun avec un artiste. Très friand de ces albums, il n'en est pas moins appliqué quand il s'agit de mettre en avant ses camarades locaux du collectif Justus League. Une attention qui est tout à son honneur, lui permettant aussi bien de les faire connaître à un plus large public que de le ressourcer dans ses créations. Sa popularité a tellement éclaté que le public a involontairement mis de côté l'autre fondateur de ce crew, à savoir le rappeur Cesar Comanche. Un vétéran laissé dans l'ombre qui a pourtant maintes fois tenté de percer dans le milieu. Avec les moyens du bord il a réalisé par le passé trois albums, sans compter son « Squirrel & The Aces » de 2005 pourtant très bon, mais qui n'a pas énormément fait parler de lui. C'est dans le creux de ce début 2009 que le Comanche revient, avec la même envie, la même motivation, pour un « Die In Your Lap » qui s'annonce être son album le mieux abouti.
Bien évidemment, on retrouve là encore majoritairement son acolyte 9th Wonder aux commandes. Un principe respecté qui permet à Cesar Comanche de révéler son premier single « Hands High ». Un magnifique titre soulful à la prod légère qui fleure bon le printemps, qui a certes un air de déjà entendu (c'est un peu courant remarquez avec 9th Wonder...), mais qui s'avère être imparable pour faire osciller les têtes. Une track sincère qui reflète cette fusion naturelle qui existe entre les deux artistes depuis 96. Lord Quest lui offre ("Die In Your Lap") une boucle pour s'évader spirituellement et s'exprimer sur cette vie oppressante qui colle à la peau, « Don't be afraid to die » entend-on en conclusion de celle-ci. L'essence de cette bonne vieille Soul se ressent sur la plupart des titres de l'album: 9th Wonder n'a pas pris de risque et comme récemment sur l'album des UGK le magnifique sample de Willie Hutch « I Choose You » fait l'effet escompté ici sur « Choose ». Plus monotones, moins percutantes, certaines pistes ralentissent l'engouement général tant bien même qu'elles restent dans cette ambiance planante (What's Wrong", "Lamb To Lion 2″ produit par lui). Son style, son flow semble par moment avoir du mal à s'approprier le beat qu'on lui fournit, un détail qu'on oublie rapidement lorsque Cesar parle du Ghetto ("Ghetto World" produit par Science O'Mega).
Aucune piste n'arrive à la hauteur de "Hand's High", "Guf 2″ essaie pourtant d'élever le ton et de se ranger dans le rang des hymnes marquant, mais la production d'Apple Juice Kid reste vraiment très minimaliste et manque de saveur. Le manque d'invité se fait aussi très largement ressentir ; là où ça aurait pu apporter une bouffée d'air à l'oreille, on est porté d'un bout à l'autre par sa seule voix. Pas de panique ! On a quand même le droit d'entendre d'excellentes mélodies qui inspirent le rappeur et qui peut ainsi laisser parler correctement sa plume : "Everything" produit par Marvelous Beats ou encore Khrysis qui délivre l'hypnotique, le spirituel "Shame" au refrain à tendance peau rouge. À vrai dire, on a du mal à croire que « Die In Your Lap » fera plus parler de lui que ses précédents albums. Le contenu reste tout aussi similaire avec du bon et du moins accrocheur. Fidèle à sa vibe depuis le début, on a affaire à un disque à l'atmosphère bien homogène d'un rappeur underground qui semble manquer de charisme et d'une solide réalisation derrière pour s'affirmer convenablement.