2 albums sortis la même année (1972), ça peut être le signe d’une créativité débordante ou alors celui d’un échec cuisant, l’artiste se raccrochant à ce qu’il peut pour prouver qu’il existe toujours. En l’occurrence, pour Eddy, c’est la 2e solution qui se profile. Le Sieur Moine est depuis la fin des années 60 en perdition, partant dans toutes les directions possibles jusqu’à ne plus savoir où aller et ses albums ne se vendant plus. Après « Zig-Zag » qui avait été une plantade, on se dit que le suivant ne peut être que mieux…eh bien non ! La pochette est encore une fois étrange même si le titre contient « rock’n’roll », on pouvait se dire, après tout, pourquoi pas ? Mais ne le cherchez pas le rock’n’roll, il n’y en a pas l’ombre d’une trace !!! Il n’en joue d’ailleurs plus depuis au-moins 3 ans, privilégiant plutôt la soul et le rhythm’n’blues. Quant au Eddy dessiné passant devant une cathédrale où ses idoles du rock sont sculptées, qu’est-ce que ça peut bien vouloir signifier ??? Le résultat n’est pas calamiteux mais toujours très (trop) inégal pour être sauvable et cet album fait partie des plus faibles de la vaste discographie d’Eddy, lui-même en conviendrait sûrement (lucide, il n’a pas été tendre avec les albums qu’il a sortis dans ces années). Soyons honnête nous aussi, les 2/3 des chansons de cet album ne sont pas inoubliables, « La fille du pasteur », « Le village abandonné » (la désertification, l’abandon et la solitude évoquées de façon assez « gnangnan »), « Merci, merci » (là, désolé mais les paroles comme le morceau s’apparentent à du remplissage pour compléter un album de 39 mn…), « Aladin », et je ne les cite pas toutes mais on sent un Eddy peu inspiré. Au rayon « Bien plus intéressant », « Oh Louise » charmante à défaut d’être impérissable, la reprise de « Bobby McGee », ode à la liberté plutôt bien adaptée et « La chanson de Judas », adaptation par Pierre Delanoé de « Jesus Christ Superstar », assez pince-sans-rire et ça va parfaitement bien à Eddy. C’est court quand même et un peu comme Eddy, on se raccroche à ce qu’on peut pour tenter de « retrouver notre héros » (du nom de ses concerts de 93 !). Il va tout de même falloir attendre un peu pour ça.

JOE-ROBERTS
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le 7 oct. 2024

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