Le titre de l’album ne saurait être plus approprié. Oui, cet album appartient à une classe à part. Probablement un des meilleurs albums que la Britpop ait produit. Si Blur et Oasis sont les figures de proue de ce mouvement musical, l’album de Pulp est considéré outre-Manche (enfin de mon côté de la Manche, enfin je me comprends) comme le plus représentatif de l’Angleterre des années 1990.
Tous les groupes et albums Britpop sont plus ou moins ancrés dans la culture anglaise, mais rares sont ceux qui le sont autant que Different Class. Cet album suinte l’Angleterre, transpire l’Angleterre par tous ses pores. Les paroles aiguisées et pleines d’esprit de Jarvis à propos du quotidien de la classe ouvrière du Nord de l’Angleterre sont brillantes, il donne aux personnages qu’il chante une identité forte et il dépeint avec précision leur entourage et leur vie banale. Des supermarchés en passant par les discothèques, les bars, les chambres à coucher et même leur mobilier, l’album capture parfaitement cette essence. C’est tellement juste qu’on s’y reconnait immédiatement, tout semble familier.
Au Royaume-Uni, lorsqu’on fait reference à une “Different Class”, on sous-entend que ce dont on parle est une classe lui seul. Jarvis Cocker avait un ami qui utilisait souvent cette expression et il aimait le double-sens qui lui est conféré. Avant Different Class, Pulp avait déjà une longue carrière puisque le groupe avait sorti 4 albums (le premier en 1983) et se produisait depuis 1978. S’ils étaient connus de la scène indie, c’est bien Different Class qui les révèlera au public mainstream et c’est mérité tant l’album est rempli de tubes inoubliables. Bien qu’il y ait de nombreux classiques, impossible de ne pas évoquer Common People qui est une des chansons les plus marquantes de la décennie entière, tout genre confondu.
Jarvis Cocker avait vraiment un style d’écriture à la fois particulier et juste. Jugez plutôt :
I Spy:
My favourite parks are car parks, grass is something you smoke, birds
are something you shag,
Underwear:
If fashion is your trade, then when you're naked I guess you must be
unemployed,
Bar Italia:
If they knocked down this place, this place, it'd still look much
better than you.
On pourrait le citer toute la journée. C’est, à mes yeux (et mes oreilles) proprement fantastique. C’est miteux, sordide et voyeuriste mais aussi étrangement sexy et romantique. Du génie.
{S'il ne fallait garder qu'un titre}: Disco 2000, que je placerais devant Common People d'une courte tête.