Disintegration
8.1
Disintegration

Album de The Cure (1989)

Comment expier le mal des faces ombrageuses du Paradis ?

Robert Smith. 1989. Après des tournées partout dans le monde, un grand succès aux States depuis The Top en 1984, The Cure est omniprésent chez les jeunes, Londres, Paris, Berlin, New York, ils sont à la mode. Un paquet d'ado voulant imiter leur style vestimentaire, le maquillage, l'utilisation du noir à retord, ça y est, les 90's sont prêtes à débarquer avec leur metal revival et son arc vouté : le grunge. Mais, passons le futur, seul ici le présent va compter.


Disintegration c'est une pure désintégration. Désintégration de nos sens, nos oreilles, notre corps, notre psyché et pneuma, c'est la destruction du mythe. Peu importe quel est ce mythe, celui du sommeil et de Morphée, celui de l'Oracle d'Orphée, ou encore les amours tumultueux de Pygmalion et Galatée, ici on se croirait dans la froideur d'un roman russe de fin XIXème. Ici, Goethe rencontre Boulgakov et Byron, c'est dire la puissance du truc. Parce que quelle est cette œuvre si ce n'est qu'une simple chose, qu'un simple truc, émettant du son, une Parole Primordiale ? Robert Smith a peut-être sonné le glas, il répand son Evangile sur la terre entière, face à des adolescents qui comme à chaque génération sont en proie à des tourments, comment sera l'avenir, aurais-je une femme et des enfants, serais-je un marginal, aurais-je un métier, et puis dans le fond c'est quoi être marginal ? Autant de réflexions, de méditations sont banales dans cet âge ou la vie et son Fruit prennent tous leurs sens. Mais les enfants, ne vous inquiétez pas, une voie(x) mystique et sombre, mais parsemée de lumière, est là pour vous guider, Guiding Light, que chantait Television dix ans plutôt. Cette lumière c'est la voix de Smith, ou bien le regard que nous allons intercaler dessus ? Car bien des Hommes pourraient rester insensibles face à cette œuvre si noire, lettre de détresse au chaos de l'univers, funambulisme spatial et autres…


Pourtant, la lumière en jaillit toujours, scindant le Monstre, sautillant dans l'Enfer (lumière/feu) et guérie les grands espaces du cosmos. Si cette désintegration est la finale, alors autant y sauter à pieds joints et se laisser porter par la plus belle réunion des forces énigmatiques ou psychiques contraires. Surfer sur la vague spatiale, écouter le Paradis, donc écouter le Vide.


DISINTEGRATION nous ramène au vide, voilà sa beauté.

PaulClair
10
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le 14 août 2018

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