Je vais peut-être préciser que cette critique fait suite à une autre, cette-fois, sur la page du film, où j'essaie d'analyser le début de la bande-originale.
J’ai pas de titre
Le prochain morceau intervient après un dialogue entre Schultz et Django. Ils finissent par arriver aux abords de Candyland. Notre affranchi fait une nouvelle fois forte impression. Toujours représenté en contre-plongée, face à des gens en pleine incompréhensions. En effet, ils arrêtent d’avancer, abasourdis face à lui. Pendant cette courte intervention musicale, les bruits de la Nature sont mis en avant et prennent la place des instruments, pour évoquer le côté sauvage de Django. De plus, ces bruits sont accompagnés d’un chant Indiens, un chant mystérieux, presque onirique, comme s’il préparait un rituel pour invoquer une divinité. L’utilisation de ce chant peut être justifier, comme pour témoigner de la puissance de Django et de son caractère surnaturel et exceptionnel. Le chant s’arrête sur les aboiements des chiens coursant un esclave en fuite.
Nicaragua
Le morceau suivant intervient après un entretien tendu entre Django et Calvin, ce-dernier émettant de plus en plus de doutes quant à la venue de nos protagonistes dans sa propriété. La musique vient du film « Under Fire », sorti en 1983 et réalisé par Roger Spottiswoode qui évoque la guerre civile qui a éclaté au Nicaragua en 1979. D’ailleurs, le titre de la musique est « Nicaragua » et elle est composée par Jerry Goldsmith. Une musique utilisée pour témoigner de la violence de cette partie de l’Histoire, ainsi que pour montrer la rivalité entre Django et Calvin Candie. En effet, ils ne se quittent pas des yeux, comme en témoigne ce plan resserré sur Django. D’ailleurs, le passage débute sur un plan en plongée sur Calvin qui renvoie à cette idée de confrontation et de rapports de force entre ces personnages. Le plan suivant nous montre, de manière frontale et au ralenti, pour appuyer sur la violence de la scène, un homme se faire déchiqueter par des chiens. Ici, la musique semble être en rupture avec les événements. En effet, le tempo est modéré, la musique ne va ni dans les graves, ni dans les aigües. Au début, la musique est calme, presque paisible. Django remet alors ses lunettes, pour reprendre son rôle. Ensuite, nous observons un travelling latérale qui va à contre-courant des personnages, la diligence de Candie, éloigné de ses esclaves, d’ailleurs. Un plan le montre très bien : nous voyons dans un premier temps, Calvin, de face, avec une faible profondeur de champ, les esclaves sont donc flous, pour bien marquer leur différence et qu’ils ne se mélangent pas, même au sein d’un plan. Les esclaves deviennent nettes, une fois qu’ils sont les seuls présents à l’image. Django, lui est toujours montré en légère contre-plongée. Les plans suivants, nous présentent de nouveaux personnages : Stephen, un des esclaves de Candie. Mais il est bien plus que ça, puisqu’il signe ses chèques; la sœur de Calvin ainsi que ses domestiques, regardant leur arrivée, comme si elle n’attendait que ça. Nous avons ensuite, deux plans rapprochés sur nos personnages : l’un sur Candie, l’autre sur Django et Schultz. Ils ne sont plus côtes-à-côtes mais aux extrémités du peloton, marquant ainsi leurs différences. Django se remet une fois de plus à halluciner sa femme qui est à l’écart du groupe, à l’écart de tous ces vices, seule dans un champ : nous pouvons retrouver cette havre de paix, évoquée auparavant. Django est filmé normalement, d’ailleurs et non plus en contre-plongée, comme si sa femme représentait sa seule faiblesse. Il touche au but. Nos personnages arrivent aux portes de la demeure, tous se mettent en rang et nous pouvons nous intéresser sur le plan suivant : celui où Stephen voit pour la première nos protagonistes : au début sa vision est floue, mais ils apparaissent au fur et à mesure dans la zone de netteté, se rapprochant de la caméra, le tout entrecoupé par le regard de Stephen, devenant de plus en plus sérieux et menaçant. Menaçant à l’égard de Django qui a le droit d’être à cheval. Le dernier plan de Stephen est beaucoup plus resserré sur lui, pour déjà voir sa haine envers lui. Le tout est filmé au ralentis, pour mettre l’accent sur l’importance de cette scène : une arrivée remarquée et monumentale. La musique traduit cette même impression. Retournons au début de la scène :la musique est calme, des notes détachées dans la tonalité majeure, rythment les pas des personnages (nous avons aussi l’impression, que Django galope en synchronisation avec la musique). Le tempo est plutôt modéré, presque lent et l’intensité est plutôt basse. Mais, plus ils vont avancés, plus de nouveaux personnages vont nous être présentés et plus de nouveaux instruments vont venir accompagner l’arrivée. Comme par exemple, un instrument à vent qui va prendre le dessus niveau intensité, même, tout en gardant le même tempo. Ils ne sont plus qu’à quelques mètres de la propriété. Les vents vont beaucoup plus dans les aigües. Interviennent maintenant les cuivres, lors de la vision de Django. Le tempo s’accélère et la nuance monte de plus en plus. La musique est donc un crescendo, qui représente toute l’attente et la montée en tension des personnages . Un morceau qui amplifie le suspens et garantit le spectateur d’un retournement de situation à la hauteur de ses attentes. Les instruments jouent tous ensembles maintenant. Stephen regarde Django d’un regard noir : nous comprenons aisément que tous les deux ne s’entendront pas. Lorsque le morceau atteint son paroxysme : les trompettes, seules jouent quelques notes, montant des graves vers les aigües, pour préparer le final où tous vont jouer ensemble. L’image, toujours au ralentis, nous montre tous les personnages déjà immobiles, sauf Django et Schultz, en retard et semblent « sortir » de la tête de Stephen, étant en amorce dans ce plan. Il est là à les épier, comprenant déjà que leur visite n’est pas de bon augure. Il vient s’interposer dans le plan de nos protagonistes, pour déjà montrer leur rivalité. Cette scène est très importante, dans le film qui donne au spectateur l’envie de découvrir la suite, tout en faisant preuve d’une très bonne mise en scène, via l’utilisation d’une musique monumentale pour une arrivée monumentale…
Hildi’s Hot Box
Le prochain morceau intervient peu de temps après l’arrivée. Nous apprenons que Broomhilda a voulu s’enfuir et a été puni en étant enfermé dans une boîte. Tout d’abord, la scène est une nouvelle fois, au ralentis, un moment très important et impactant, donc. Le réalisateur prend son temps pour nous la faire apparaître à l’écran. Les hommes ouvrent petit à petit la boîte, instaurant un nouveau suspens. Lorsqu’elle va s’ouvrir, nous pouvons observer juste avant, un travelling avançant vers Django, le resserrant de plus en plus dans le cadre. Il oublie son rôle et n’arrive plus vraiment à se contrôler : il respire fortement et est peiné. Une scène forte en émotion, puisque c’est la première fois que le spectateur verra Broomhilda hors flashback et vision onirique. La réalité est toute autre. En effet, elle est nue, en pleure, crie de douleur et de désespoir et traînée dans une brouette. L’humiliation est totale. Nous pouvons observer un gros plan sur les yeux de Django, préférant dévier son regard, le spectacle étant trop dur à suivre. La fin est non seulement au ralentis, mais est aussi saccadée, mettant l’accent sur la triste réalité. La musique, quant à elle est composée par Ennio Morricone et tirée du film « Two Mules for Sister Sarah » . Un thème assez simple, finalement : quelques notes de guitare, en mode mineur, accompagnée par des courts instants, d’un instrument à vent. Une musique mélancolique, voire même triste, qui témoigne du traitement réservé aux esclaves. Mais ce qui vient confirmer nos dires sont les cris de Broomhilda qui vont venir se poser « au-dessus » de la musique, comme si sa souffrance faisait partie intégrante de la musique.
Ancora Qui
Le prochain morceau a été composé spécialement pour l’occasion du film par Ennio Morricone et interprété par Elisa Toffoli. Une nouvelle musique qui témoigne de la diversité du musicale du long-métrage et qui témoigne de la qualité de cette dernière. Elle intervient lorsque le docteur King Schultz, toujours dans son personnage, fait appeler Broomhilda dans sa chambre, pour en réalité lui présenter leur ami commun : Django. La scène intervient juste après la scène décrite précédemment et est totalement en rupture avec cette-dernière. En effet, ici, nous observons des domestiques préparer la table, tous synchronisés les uns avec les autres, comme s’ils répétaient une chorégraphie, non sans prestance et maîtrise de leurs gestes. Les mouvements sont lents mais d’une grande précision, comme le montre ce plan où l’on ne voit que les mains de ces femmes qui dirigent la caméra en contrôlant la zone de netteté. Aussi, nous pouvons citer ce plan où la profondeur de champ diminue au fur et à mesure que la main s’approche de la caméra. Tarantino a accordé beaucoup d’importance à ce moment et a voulu les mettre en avant. Nous avons totalement changé d’ambiance : par la suite, il y a très peu de mouvement dans le cadre et les mouvements de caméra sont lents. La lumière est plus tamisée, également. Broomhilda arrive enfin dans le cadre, l’air peiné et anéanti. Les personnages sortent du cadre et la caméra reste fixé sur une porte menant vers l’extérieur : la liberté interdite à Broomhilda qui n’a aucune idée de ce qu’il se passe. La découverte de Broomhilda par Schultz se fait en deux temps, avec l’ouverture de la porte, qui laisse d’abord voir la maîtresse de maison. Schultz fait preuve une fois de plus de bienveillance envers elle, en la complimentant. Ce zoom optique, pour resserrer le cadre sur son visage montre certainement que cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas traité de cette manière. Après un bref champ-contrechamp, Hildi rentre dans la chambre et Schultz referme brusquement la porte. Au niveau de la musique : elle pourrait être le thème de Broomhilda. C’est une musique forte en émotion, dans la tonalité mineure, de par ces notes de guitare, mais aussi surtout grâce à la voix puissante d’Elisa Toffoli. Un moment touchant, puisqu’Hildi ne s’attend pas à un sauvetage : elle avance, tête baissée et pleine de tristesse. Ce qui rend la bienveillance de Schultz plus satisfaisante. Lors de la découverte de Broomhilda, de nouvelles cordes interviennent, jouant un air joyeux qui se répète, montant légèrement en intensité à chaque fois. Les paroles, qui avaient disparues pendant les dialogues, reviennent lors du plan plus rapproché sur Broomhilda.
Ancora qui
Ancora tu
Ora però, io so chi sei
Chi sempre sarai
E quando mi vedrai
Ricorderai
Cette musique pourrait nous retranscrire les émotions de Schultz : « Encore toi, mais maintenant je sais qui tu es, et quand tu me verras tu t’en souviendras ». Ou encore, les émotions d’Hildi qui s’adresse à Django :
E spero mi perdonerai
Tu con gli stessi occhi
Sembri ritornare
A chiedermi di me
Di come si sta
En effet, elle semble espérer « le pardon » de quelqu’un et remarquer qu’il « revient toujours lui demander comment elle va » . Nous pouvons donc penser au retour de Django, ici.
Ce morceau est suivi de près par «Blue Dark Waltz », tiré du film « Django », en référence certainement au nom de famille de l’acteur du docteur King Schultz : Christoph Waltz. Il intervient lorsque Django s’apprête à se révéler, plus précisément lorsqu’elle demande, qui peut être cet ami commun. Un des moments les plus attendus du film. Les deux ont hâte que la porte s’ouvre et lorsque cela se produit, Broomhilda s’évanouit. Et la musique s’arrête à ce moment. Un morceau très lent, composé de cordes. Une musique paisible, pour marquer leur retrouvaille, un moment comme suspendu, hors du temps...
Für Elise
Le prochain morceau intervient après la défaite de nos protagonistes. En effet, ils se font fait démasquer et ont du acheter Broomhilda au prix de 12 000 dollars. C’est l’une des rares musiques diégétiques du film. Elle s’appelle « Für Elise » : un morceau très connu de Ludwig Van Beethoven, jouée à la harpe. Elle intervient juste à la toute fin de son discours, montrant ainsi sa réussite et sa domination sur Django et Schultz. Ce-dernier déteste perdre et Candie utilise cette musique pour le narguer certainement, le compositeur étant allemand. Pour d’autres, cette musique est synonyme de liberté, en témoigne le sourire de Broomhilda, lorsque Calvin rédige l’acte de vente. Nous avons deux visions de la chose : Calvin a gagné et Broomhilda est libérée, tandis que l’on passe, via un fondu enchaîné, sur Schultz, le perdant, et toujours traumatisé par cet homme se faisant déchiqueter par les chiens. La musique est en cohésion avec Calvin, mais pas avec le docteur. Un morceau très lent, dans la tonalité mineure, jouée à la harpe en plus : un morceau doux, donc calme et paisible, mais entrecoupé par ce traumatisme. Ce-dernier sera mis en avant par rapport à la musique, montrant ainsi la psychologie de Schultz et son état d’esprit. Il déteste perdre et voit l’utilisation de cette musique comme une insulte. Mais cette musique sert avant tout de calme avant la tempête…
Unchained
En effet, lors du prochain morceau, le docteur King Schultz meurt, ayant éliminé Candie, laissant ainsi Django seul, face à une armée. La fusillade est spectaculaire et très sanglante. Les impacts de balles et les effusions de sang, ont le même son qu’un obus atterrissant au sol, ce qui montre toute la violence du film et de l’époque. A l’image nous voyons plus de sang qu’autre chose. La musique débute enfin, lorsque de nouveaux hommes débarquent et éliminent par réflexe des domestiques voulant s’enfuir, ce qui montre le manque d’importance qu’on leur accordait. Voyant cela, Django, le justicier, se lève, au ralentis pour les venger, avec la musique qui débute : la combinaison de deux morceaux : la musique de « The Payback » de James Brown et les paroles d’ « Untouchables » de 2Pac. Les deux titres formant un excellent mélange : le morceau : « Unchained ». Une combinaison qui suit une logique : Les titres voulant dire « La Revanche » et « Intouchable », ce qui forme « Déchaîné ». Cela renvoie à Django qui va venger son ami et les esclaves. Ses compétences le rendent intouchable, presque invincible. Le titre du film prend tout son sens : Django Unchained. Le tout forme une musique épique, dynamique et nerveuse pour servir une scène d’action sanglante et jouissive. Une véritable explosion de violence. Le but, ici, est d’iconiser son personnage, montrer qu’il est le héros, montrer qu’il est ce « nègre sur 10 000 », pour reprendre les propos de Candie. Donc, Django se lève et tir au ralentis, alors que ses ennemis reçoivent les balles normalement : le ralenti n’étant réservé qu’à Django. On a donc une impression de vitesse. Les tirs de Django sont très précis comme le montre ce plan très rapproché et face à l’arme de Django. Une balle s’en échappe pour, le plan suivant, traverser ses opposants, faisant plusieurs victimes avec une seule balle. On retrouve avec le plan suivant, cette idée de « violence fantasmée ». En effet, nous avons un Django héroïque, confiant, qui s’avance de profil, au ralenti vers l’ennemi restant. Il tire et la balle traverse son adversaire pour atterrir à l’extrémité de la pièce. Ce qui rend l’instant encore plus épique, et peut-être même comique. L’action est ultra exagérée, comme à l’habitude de Tarantino. Ensuite, nous pouvons observer un ralentis lorsque de nouveaux ennemis arrivent, mais ce ralentis est beaucoup moins fluide et propre que celui de Django. Le leur est légèrement saccadé, prouvant ainsi la supériorité de Django. Nous pouvons également remarquer beaucoup de mouvement lors de cette scène et un montage plus rapide, lorsque lui et Billy Crash s’affrontent. Du sang gicle de partout, nous avons des plans très serrés sur des corps déchiquetés par des balles. Tarantino exagère ses combats pour les rendre divertissants, pour les stylisés, mais aussi et surtout pour montrer toute la violence de l’époque. Django s’en sort difficilement, et se réfugie dans un coin de la pièce, mais se fait vite encercler. Au niveau du fond sonore : nous pouvons entendre plusieurs cris de douleurs et le bruit des balles est mis en avant, au même titre que la musique : « The Payback » propose des notes de guitare électrique et des cuivres qui donnent de la puissance à la scène. Un tempo rapide, des notes détachées. Nous pouvons remarquer également le « cri » de James Brown, lorsque les nouveaux ennemis arrivent et lorsque 2Pac, démarre son couplet. 2Pac, un autre rappeur très connu, qui vient donner à la musique du rythme et de l’impact. Ses paroles viennent percuter le spectateur. Il débute son couplet, après la réplique :
« I like the way you die boy »
La voix de 2Pac est grave et son débit de paroles est élevé, ce qui rend le tempo si rapide et l’action si violente. Les paroles sont elles aussi violentes, 2Pac étant le plus souvent cru dans ses chansons. Tupac pourrait ici décrire Django et ses intentions.
I'll explode into a million seeds
Ya'll remember me
Legendary livin eternally
Bury me in pieces cause they fear reincarnation
Niggas screaming peace cause they fear when my squad face 'em
Take them to places, stake they face then erase 'em and brake 'em
Murder motherfucker's at a rate and then quicken the pace
Blast me but never ask me to live a lie
Il veut effrayer ses ennemis, être craint. Il est une légende qui va vivre éternellement du fait de son héritage. Il va exploser en millions de graines, c’est-à-dire qu’il va lancer un mouvement de révolte et faire changer les choses, même si cela doit se faire dans la violence. : continuer d’éliminer leurs ennemis, de plus en plus rapidement. Ce que fait Django. 2Pac nous pose une question, au début de la chanson et à la fin du couplet :
Am I wrong cause I wanna get it on till I die?
Pouvons-nous le juger même s’il laisse une marre de sang, dans l’exemple de Django, derrière lui et que le seul moyen de l’arrêter, serait de l’abattre ? Une question à laquelle, il n’attend pas de réponses, puisqu’il ne veut pas vivre dans le mensonge et qu’il remplit sa mission, il est destiné à renverser ceux qui sont au-dessus de lui et tous se souviendront de lui...
Even if you blind you can still see my prophecy
My destiny to overthrow those on top of me
Enfin, la musique se termine, sur ces mots :
« Expect me nigga like you expect Jesus to come back
Expect me nigga! I’m comin'! »
Une réplique que l’on pourrait aisément attribuer à Django et qui fait honneur à son charisme. Les instruments jouent une note plus aigüe et la maintiennent jusqu’au coup de feu final, synchronisé avec la chute de l’armoire. La musique, montrant toute la puissance et la prestance de Django s’arrête, comme pour montrer, qu’il a perdu. Il se fait encercler et va être forcer de se rendre.
Une parfaite combinaison de plusieurs éléments, qui rendent cette scène d’action si spectaculaire, jouissive et par conséquent mémorable. L’utilisation du rap dans le film peut être justifié par le fait que lorsqu’un esclave, une minorité, veut s’exprimer, veut faire changer les choses : ça va au-delà du western. Et c’est avant tout à ça que sert le rap. Le choix de l’artiste 2Pac peut ne pas être anodin : en effet, le rappeur est mort assassiné par les membres d’un gang rival.
Cette scène représente au mieux l’une des caractéristique de Quentin Tarantino : la glorification de la violence...
Freedom
Le prochain morceau intervient, lorsque Django est contraint de se rendre : il n’a plus de munitions et sa femme est menacée. Le morceau utilisé est « Freedom » de Richie Havens, une musique qu’il a, par la force des choses, improvisé sur scène :
"Quand vous m'entendez jouer cette longue intro, c'est moi qui stagne. Je pensais: «Qu'est-ce que je vais chanter? Je pense que le mot« liberté »est sorti de ma bouche parce que je l'ai vu devant moi. J'ai vu la liberté que nous recherchions. Et chaque personne le partageait... »
un hymne à la liberté lorsque Django se fait arrêter : paradoxe. Mais ce passage peut aussi servir pour iconiser son personnage : nous pouvons penser à ce moment, au ralentis, où il retire sa veste, faisant tomber des douilles au sol. C’est ici, que l’on retrouve cette idée de Liberté : Django n’a plus besoin de jouer un rôle et se montre tel qu’il est et sait qu’il trouvera une solution pour s’en sortir, comme le ferait le docteur King Schultz. Le plan se termine sur un plan zénithal, montrant Django, encerclé par des hommes armés et entouré de cadavres. Django se fait arrêter sous les yeux désespérés de Broomhilda. Richie joue des notes de guitare, avec une rythmique percussive, le tempo est rapide, pourtant à l’image nous avons beaucoup de ralentis. Nous remarquons bien le contraste, la différence entre musique et image, ce qui pourrait signifier que Django est encore loin de la Liberté...
Ain’t No Grave
Le prochain morceau intervient lorsque Django est envoyé à LeQuint Dickey pour y passer le restant de ses jours, accompagné d’autres esclaves, notamment celui avec qui il a discuté. D’ailleurs, notons que ce-dernier le méprisait. Il n’est même pas emprisonné, il doit marcher, traîné par un cheval. Nous avons donc, un plan fixe, sur eux avançant, avec en arrière-plan, cette Nature imposante comparée à eux. Ensuite, nous avons un panoramique latérale pour suivre la cage des esclaves pour constater que Django n’y fait pas partie : il est tiré par Tarantino, lui-même, le plan suivant. Ici, les rôles sont inversés. Notre personnage est à terre et doit marcher. D’ailleurs, nous voyons plus le personnage de Tarantino, que Django, dont on ne voit que la tête. Le plan suivant se resserre sur lui pour mieux voir sa situation : il est redevenu un esclave, observé par les autres esclaves qui doivent être contre lui. La musique quant à elle, se nomme « Ain’t no Grave », interprété par Johnny Cash. Mais avant d’être reprise par le chanteur, cette musique est une chanson américaine de type gospel. Un genre de musique qui a pris ses racines pendant l’esclavage. Son utilisation pourrait signifier que Django est bel et bien redevenu un esclave et il doit trouver une solution pour s’en sortir. Johnny Cash a repris cette chanson peu de temps avant sa mort en septembre 2003. Sa voix nous montre les conséquences du temps qui passe, ce qui rend la musique plus mélancolique, plus triste et plus grave. Elle est dans la tonalité mineure, nous pouvons entendre quelques notes de guitares détachées, mais ce sont les percussions qui prennent le dessus. D’ailleurs, des sons ressemblant fortement à des chaînes se font entendre, renforçant alors notre impression. Mais les seules paroles utilisées viennent contredire cette pensée :
There ain't no grave
Can hold my body down
There ain't no grave
Can hold my body down
En effet cela montre que Django ne va pas se laisser faire et va justement trouver une solution. Personne ne pourra le retenir, pas même sa propre tombe...
Who Did That To You ?
Le prochain morceau intervient lorsque Django a réussi à se débarrasser de ces hommes qui le menaient droit à la potence, en usant de son intelligence, de sa ruse dont il a hérité du docteur King Schultz. Après l’explosion, les esclaves dans la cage sont choqués et ne peuvent rien voir avec toute cette fumée. Mais, au fur et à mesure que la fumée se dissipe, une silhouette se distingue, bien droite malgré le chaos : c’est celle de Django. Le but est, ici aussi, d’iconiser son personnage. D’ailleurs, il récupère et attache son équipement comme si rien ne s’était passé, pendant que la fumée se dissipe, ce qui montre qu’il a peut-être repris l’arrogance de Schultz et que cette explosion n’était rien, face à ce qu’il préparait. Django est fortement mis en avant avec ce clair-obscur. Ce plan, montre à lui seul, toute la prestance, le charisme et la classe de ce personnage. Les esclaves deviennent de plus en plus impressionnés par cette performance. Il s’avance vers son cheval, de retour en contre-plongée. Cette scène entre donc en contradiction directe avec la scène précédente. Nous avons ensuite, un plan subjectif des esclaves dans leur cage, où ils peuvent voir Django desceller un cheval : Django a trouvé une solution et a gagné sa liberté, eux non. Il monte à cheval et va réclamer la dynamite restante aux esclaves. Ces-derniers, en contre-plongée le craigne presque et s’exécutent : ils le respectent, comme le montre ce plan rapproché épaule sur l’esclave avec lequel il ne s’entendait pas. Ici, il porte un sourire, preuve de sa reconnaissance envers lui. Django chevauche alors sa monture, sans aucune scelle, lui rendant également sa liberté pour ainsi dire, arme à la main et ne peut se tenir qu’au crin du cheval. Cette chevauchée lui redonne son caractère sauvage à l’image des Indiens. Cela montre également toute la différence avec les autres qui doivent sceller leur monture. Django est un être à part et même extraordinaire. Et la poussière qui se dégage de ces vêtements lui donne une sorte d’aura, qui renforce le charisme du personnage. Il va retrouver sa femme, qui se fait séquestrer dans une chambre. La scène se passe au ralentis, mais lorsqu’un garde ferme la porte, la vitesse redevient normale. La musique : cette-dernière aide beaucoup quant à l’iconisation de Django. Elle a été écrite spécialement pour le film et interprétée par John Legend. Les instruments présents sont: une batterie, une guitare électrique et un synthétiseur. Il y a surtout ce son que je n’arrive pas à définir, ni à connaître son origine : certainement un effet numérique ajoutée. Mais ce son vient donner de l’énergie à la musique et ce dès le début, puisque c’est l’une des premières notes de la chanson. Ce son intervient au début, juste avant les paroles, ainsi que plusieurs fois pendant le refrain, ainsi que lorsque l’esclave commence à sourire regardant Django s’en aller. Sinon, la musique est rythmé par la guitare et ses notes assez graves et discrètes, ainsi que par les interventions régulières de la batterie qui propose des notes plus aigües. Le synthétiseur se fait plus entendre lors des refrains. D’ailleurs les notes de cette instrument sont majoritairement mineures, à l’instar de celles de la guitare. Les paroles, quant à elles, sont prononcés avec énergie par John Legend, ce qui accentue le caractère dansant de cette chanson.
Yeah, Now I am not afraid to do the Lord's work
You say vengeance is his but Imma do it first
I'm gonna handle my business in the name of the Law, Ooooh
Now if he made you cry oh I gotta know
If he's not ready to die, he best prepare for it
My judgment's divine I'll tell you who you can call,
You can call
Lors de ce premier couplet, on nous parle d’un homme enragé, qui veut venger le mal que l’on a fait à sa femme. Il va faire sa propre Justice, qui sera bien plus efficace. Avec les paroles telles : « Lord’s work » ainsi, nous pouvons comprendre que Django serait l’égal du Seigneur, voire plus efficace que lui. Et nous pouvons les mettre en parallèle avec la fin du morceau « Unchained » :
« Expect me like you expect Jesus to come back »
Django prendrait donc une forme divine pour assouvir sa vengeance, sa Justice, ce qui le rend plus fort et plus imposant…
You better call the police
Call the coroner
Call up your priest
Have them warn ya
Won't be no peace
When I find that fool
Who did that to you
Who did that to you
My baby
Who did that to you
Gotta find that fool
Who did that to you?
Le refrain nous montre qu’il n’aura aucune pitié envers ceux qui ont fait du mal à sa femme. Ces idiots ne connaissaient pas les conséquences de leurs actes. Et ils peuvent appeler qui ils veulent, leur sort sera le même. Ils ont été avertis et la paix sera absente.
Ces paroles sont prononcées et Django chevauche vers ces hommes avec détermination et fureur. A noté que le tempo de la musique est modéré, voire rapide et qu’elle gagne en intensité, surtout lors du refrain.
Now I dont take pleasure in a man's pain
But my wrath will come down, like a cold rain
And there won't be no shelter, no place you can go
Eeeeh, heeey,
It's time to put your hands up
Time for a surrender
I'm a vigilante
My loves defender
You're a wanted man, here everybody knows,
Ici, il nous dit que sa colère est plus forte que sa morale : il doit venger sa femme, car c’est un justicier et ils ne peuvent pas fuir. Enfin, la chanson s’arrête brutalement, sur la porte qui se claque, mais surtout sur la phrase :
Won't be no peace
Ce sont donc, des paroles violentes, prononcées sur un air dansant et par un John Legend impérial. Tarantino montre une nouvelle fois cette envie de rendre l’action plus « fun » et nous pourrions y voir une certaine glorification de la violence. Mais les notes mineures et ces paroles sont pourtant en adéquation avec ce qu’il se passe du côté de Broomhilda.
Cette scène nous montre la Vraie nature de Django, il ne joue plus un rôle...
Too Old To Die Young
Le prochain morceau intervient lorsque quelques secondes après « Who did that to you » et elle débute même dans le plan dans laquelle la dernière chanson se termine. Comme si cette musique introduisait un nouvel univers. En effet, les prochains plans vont servir à nous présenter les prochaines victimes de Django. Nous pouvons remarquer ce caméo de Zoë Bell, la cascadeuse et doubleuse d’Uma Thurman dans Kill Bill. Un gros plan lui est notamment consacrée. D’ailleurs, elle devait avoir plus d’importance, dans ce film, mais elle a finalement été coupée. S’en suit un travelling arrière, montrant les autres personnages, jouer aux cartes, prendre un bain : suivre leur quotidien avant d’entendre des chiens aboyés et Django annonçant sa présence. Une réplique en hors-champ, pour surprendre le spectateur et réussir l’arrivée de Django. La fusillade est rapide, à l’instar du montage. En effet, il y a beaucoup de coupes. Le montage alterne entre des plans de Django en contre-plongée, qui tire, et des plans qui montrent les victimes de ces balles. D’ailleurs, même lorsque Django est montré en plongée, il réussit à s’en sortir, prouvant sa précision et sa domination sur eux. Le passage ne doit pas durer plus de 10 secondes, faisant de notre personnage un être redoutable. S’en suit, un plan fixe, mettant en scène un cortège d’hommes portant le cercueil de Calvin Candie, pour l’enterrer. Un plan fixe pour peut-être montrer qu’il n’y a plus rien à faire, alors que le plan suivant montre Django chevauchant sa monture avec plus d’intensité. Ce que nous pouvons voir avec ce rapide travelling sur rails et ses tremblements. Un plan tout en mouvement donc, qui montre que la quête de Django n’est pas encore terminée. Enfin, nous finissons sur un plan fixe d’ensemble très soigné, montrant l’enterrement de Candie. La musique, pour traduire tous ces mouvements est cpnstitué de notes de guitare acoustique, aigües, détachées, dans la tonalité majeure. Le tempo est rapide, pour suivre cette fusillade et cette chevauchée. De plus, les notes de guitare sont accompagnées de percussions. Des notes graves qui viennent maintenir le rythme. D’ailleurs, Django lors de la même chevauchée que pour le morceau précédent, semble en rythme avec ces percussions. Nous avons une nouvelle fois, à faire avec un morceau entraînant et dansant qui est dû à la voix de l’interprète Brother Dege. Les paroles :
Round and round
Round we go
Where it stops?
Nobody knows it yeah
Le premier couplet montre qu’ils tournent en rond. Il fait peut-être référence à toutes ces tueries et se demande : Où est-ce que ça s’arrête. Personne ne le sait, à part peut-être Django lui même, lorsqu’il aura terminé sa quête. Plus tard, les mêmes paroles seront prononcées, mais à une différence près :
What it stops ?
Qu’est-ce que cette violence, donc, arrête ? Pas grand-chose, puisqu’elle n’engrange que de la colère et de la haine : nous le voyons à la fin du film, lorsque Stephen dit à Django qu’il se fera pourchasser jusqu’à la fin. Nous retrouvons également des allusions à Dieu à l’instar des morceaux précédents. Enfin, le titre de cette chanson est « Too Old to Die Young », ce qui pourrait caractériser Django : sa rencontre avec le docteur et cette aventure l’ont définitivement changé et il a mûri, d’où ce titre. C’est une musique bien country et différente des précédentes, ce qui montre une fois encore la diversité des morceaux. Ce-dernier s’arrête, sur le son d’un hennissement de cheval, lorsque Django rentre dans une étable .
Un Monumento
Le prochain morceau intervient juste après la fin du précédent. Django revient à Candyland. Il entre dans une étable et découvre le corps de son ancien compagnon. Il récupère sa prime, et lui rend un dernier hommage avant de lui dire au-revoir en allemand. D’ailleurs, lors de ce passage, deux deuils sont mis en évidence : celui du docteur et celui de Calvin Candie. Ce passage montre également le sauvetage de Broomhilda et leurs retrouvailles. Le moment est constitué de travellings latéraux, allant dans un sens puis dans l’autre, montrant la détresse de Broomhilda et Django arrivant en héros pour la sauver. La musique est tirée du film « Les Cruels » et est composée par Ennio Morricone. Elle est d’abord solennelle, avec un tempo lent et une faible intensité, lorsque l’on découvre le corps de Schultz. L’instrument que l’on retiendra le plus est un cuivre, une trompette qui va dominer toute le morceau. Cette-dernière, fait de plus en plus monter la tension, notamment lorsque Broomhilda est encore enfermé. Lors du travelling, la trompette descend en intensité en maintenant une note, accompagnée par un choeur. La note est mineure, pour mieux remonter, lorsque qu’apparaît Django, qui vient la sauver. Le tempo a augmenté ainsi que l’intensité avec l’aide de nouveaux instruments. Nous avons ensuite un gros plan sur le visage d’Hildi, lorsqu’elle apprend qu’elle est sauvée. Les trompettes qui pouvaient paraître menaçante disparaissent pour laisser place à une voix, seule allant dans les aigües. Une voix apaisante, qui montre le soulagement d’Hildi. Ce passage de la musique pourrait signifier l’accomplissement de Django. Puis les cuivres reviennent, pendant ce plan où les proches de Calvin reviennent de l’enterrement. Nous pouvons remarquer que leurs pas suivent le rythme de la musique. Lorsque qu’ils s’embrassent, la musique prend un aspect plus rassurant, alors que lorsque sont montrés les proches de Calvin, les cuivres deviennent plus menaçantes, prévenant leur triste sort...
Dopo La Congiura
Le prochain morceau intervient lorsque Django a fini de tuer tous les Blancs de la maison et le tour de Stephen est arrivé. Il lui réserve un sort plus spécial et douloureux, du fait de sa couleur de peau et de ses actions. Nous pouvons observer un rapport de force entre eux : Django se trouve en hauteur, le dos droit, tandis que Stephen est en bas, le dos courbé. Ce qui est en opposition avec la scène où Stephen explique à Django comment sa vie va s’arrêter. Mais il va laisser tomber sa canne, sachant que sa fin approche. Il a donc le dos droit comme Django, mais ce-dernier, avant de descendre, lui tire une balle dans le genoux, afin de toujours être supérieur à lui et de toujours le dominer. Stephen est de nouveau courbé et Django peut donc descendre les escaliers. Lorsque Django est au même niveau que Stephen, ce-dernier est allongé, par-terre. La musique : elle est tirée du film « Les Cruels », composée par Ennio Morricone et est une reprise du morceau précédent, avec d’autres instruments et sans le choeur. Le tempo est d’ailleurs, beaucoup plus lent. Ellle débute lorsque les dernières esclaves Noires s’enfuient : une longue note de piano maintenue et grave, suivie par des percussions, plus particulièrement, par le bruit très rapide des cymbales d’une batterie. Le piano donne du suspens à ce moment tant attendu. Puis les notes d’une guitare apparaissent au moment où Stephen lâche sa canne. Quelques notes qui décrivent deux thèmes : la défaite de Stephen, ainsi que la puissance de Django. Lorsqu’il descend, avec la guitare en fond, nous pouvons remarquer que les cymbales surviennent à une fréquence plus élevé, ce qui accélère d’une manière, le tempo. La musique prend fin, lorsque Django est au même niveau que Stephen. On ne voit alors plus que ses pieds, afin de pouvoir également cadré le visage de Stephen. Il a perdu et Django en sort vainqueur. La musique augmente en intensité lorsque Django dit qu’il est bel et bien, comme le disait Calvin Candie, le nègre sur 10 000.
Trinity (Titoli)
Le prochain et dernier morceau intervient lorsque Django sort de la demeure, triomphant après avoir allumé la brèche de la dynamite et avoir laissé Stephen toujours vivant dans cette demeure. C’est la dernière musique du film. Toute la tension redescend. A l’image nous voyons cela avec un Django plus « cool » : c’est-à-dire qu’il remet ses lunettes, pour regarder le feu d’artifices et prend une pose héroïque. Nous pouvons observer des zooms optiques sur Django et sur Hildi avec en fond sonore les derniers mots de Stephen. D’ailleurs, le mouvement de Broomhilda quand elle bouche ses oreilles peut s’avérer comique et est parfaitement dans l’ambiance de la scène. L’aspect comique est également présent lorsque Stephen est coupé en plein milieu de sa phrase par l’explosion. Dans cette scène, la prestance de Django atteint son paroxysme. Tout d’abord avec ce plan où on le voit de dos, profitant de son œuvre. Le plan suivant est devenu un des plans les plus mémorables du film. Il se retourne, le plan est un rapproché épaule, le sourire aux lèvres et le cigare de Calvin Candie. D’ailleurs il porte même ses vêtements, preuve de sa réussite et de son arrogance. De plus, lors d’un plan, toujours de dos, sa démarche est fière et il est au ralentis, toujours dans cette volonté d’iconiser ce personnage et de le rendre triomphant. La fumée, à l’instar de la poussière lorsqu’il chevauchait son cheval, est présente pour lui donner une aura et le rendre encore plus charismatique. Nous le voyons maintenant de face, sans ralentis, enlevant ses lunettes pour montrer que sa quête est achevée. Une dernière explosion retentit derrière lui, sans même qu’il ne la regarde, ce qui montre toute sa prestance. Aussi, il est largement mis en valeurs avec les flammes derrière lui, mais également avec une courte profondeur de champ. C’est lui qui ressort de l’image, c’est lui l’élément le plus important. L’aspect comique, après de nombreuses tueries est mis en valeurs, avec de nombreux sourires et un Django qui fait des tours sur son cheval pour amuser Broomhilda et le public. Un véritable happy-end, donc, où le spectateur ressort du film le sourire aux lèvres. De plus, cette fin nous permet de revoir, lors d’un court flashback, le docteur King Schultz, faisant ainsi presque oublier sa mort brutale. Un dernier plan, en contre-plongée, observant son poulain et le complimentant. Nos deux personnages s’en vont, Hildi portant un fusil à la main, à la manière de Django, sous le rythme d’une musique en parfaite cohésion avec l’ambiance du passage. « Trinity (Titoli) » est interprétée par Annibale E I Cantori Moderni et est tirée du film « They Call me Trinity », sorti en 1970 et réalisé par Enzo Barboni. Cette musique est le thème principal d’une véritable comédie. En effet, elle apparaît pour la première fois, lors du générique du film et nous présente le héros de l’histoire, interprété par Terrence Hill. Un homme toujours endormi et traîné par son cheval. D’où l’aspect comique qui en ressort dans notre film. Mais, la musique est présente également dans ce film pour montrer un Django plus charismatique que jamais. C’est une musique entraînante et dansante qui apporte un caractère « joyeux » à ce film connu pour sa violence. Elle débute, à l’extérieur lorsque Django entre dans le cadre, par des sifflements, accompagnées par des notes discrètes de guitare. Ces sifflements apportent directement de la gaieté à la musique et à la situation, bien que l’on assiste à l’explosion d’un bâtiment. La musique a été modifiée pour qu’elle colle avec notre personnage, d’où les apparitions d’un choeur scandant son prénom, apportant plus de rythme à la musique. La trompette est également présente pour une nouvelle fois souligner son charisme : elle intervient après qu’il se soit retourné, mais surtout pendant son ralentis. Des notes dans les aigües qui ressortent du lot, de par leur intensité, plus élevée que les autres. Les instruments suivent la voix du chanteur, notamment dans ses envolées. La musique est mis en arrière-plan, lors du flashback, certainement pour montrer que ce Django n’est pas encore celui de la fin du film. La voix est également accompagnée d’un choeur, qui par-moments, vient prononcer des onomatopées pour donner encore plus de rythme à la chanson. Cette-dernière, se termine sur les mêmes sifflements du début, au début des crédits. Une parfaite musique qui donne un caractère « feel-good movie » à ce film. Une tonalité majeure pour montrer que l’histoire se termine bien. Les paroles interviennent juste après l’explosion et elles décrivent parfaitement le personnage qu’est Django Freeman :
He's the guy who's the talk of the town
With the restless gun
Don't you bother to fool him around
Keeps the varmints on the run, boy
Keeps the varmints on the run
Lors de ce premier couplet, on nous informe que Django est et sera la personne la plus connue dans la ville, voire plus, pour avoir fait exploser Candyland. Toujours prêt à dégainer si on est prêt à le défier, à le provoquer. Nous retrouvons également ce concept de Justicier dans les deux dernières répliques.
You may think he's a sleepy-type guy
Always takes his time
Soon I know you'll be changing your mind
When you've seen him use a gun, boy
When you've seen him use a gun
Il est d’apparence tranquille, mais il est d’autant plus dangereux lorsqu’il utilise son arme.
Nous pouvons finir d’expliquer les paroles avec ces trois dernières répliques qui nous montrent sa supériorité dans tout le pays, son caractère et sa prestance.
He's the top of the West
Always cool, he's the best
He keeps alive with his Colt 45
Cette musique conclue à merveille ce film, en iconisant toujours plus Django, en le mettant en valeur une dernière fois…
Ode To Django
La véritable dernière musique intervient lors des crédits : « Ode to Django (the D is silent) », du rappeur RZA. Une musique faisant l’éloge de Django, avec une instru où les lourdes et graves percussions sont mises en valeurs. Quelques notes de guitares électriques pendant des courts instants, ainsi que le son des coups de fouets. Nous avons une musique qui repart dans l’esprit violent du film. La musique reprend des répliques cultes du film ainsi que des passages du film. C’est un morceau qui raconte l’histoire du film pour résumer en faisant des références au docteur King Schultz et en faisant, par exemple, référence au passage mettant en scène les membres du Ku-Klux-Klan. Les paroles montrent une nouvelle fois que Django est une menace et que rien ne pourra l’arrêter :
He who go through snow, rain, mountain or ice
Nothing can block ya, this path of vengeance
There's no repenting, he came to deliver
Enfin, nous y trouvons également des passages du premier film « Django » ;
Django, I think you should make a last request
Et nous pouvons remarquer que les répliques du film sont entrecoupées d’une voix féminine, prononçant et répétant cette réplique :
I love you Django.
Conclusion
Dans « Django Unchained » la musique est très importante et omniprésente, pour divertir le spectateur. Les musiques sont de très bonnes qualités et traduisent l’univers de Tarantino du fait de son éclectisme musical. La musique est omniprésente et même pour le titre du film : en effet, « Django » et « Unchained » sont tous deux des titres de musiques de cette bande-originale. L’un arrivant au tout début du film et l’autre lors d’une des scènes les plus remarquables du film : une fusillade sanglante. Nous pouvons même dire que cette bande-originale suit un mouvement logique. En effet, elle débute avec «Django » et rappelons-nous que les mots ‘Django’ et ‘Unchained’ n’apparaissent pas en même temps, ce qui traduit l’évolution du personnage et de la musique. Au début, nous retrouvons plus de musiques, d’anciens westerns, préexistantes, pour le mot « Django », un western classique des années 60. Dans la suite du film, ces musiques seront toujours présentes, mais des pistes inédites et inattendues vont faire leur apparition : nous pouvons penser notamment aux titres de rap de Rick Ross, de 2Pac et de RZA ou même à la chanson de John Legend qui ne sont pas monnaies courantes dans les films du genre. D’ailleurs, le film se termine véritablement sur un morceau de rap. Le mot ‘Unchained’ prend alors tout son sens : Django n’est plus un esclave, montre de plus en plus sa véritable nature et devient de plus en plus puissant. Mais ce mot pourrait également désigner le fait que Tarantino se distingue des codes du western, il enlève ses chaînes qui l’empêchent de faire ce qu’il veut. D’ailleurs, à la toute fin du film, le titre apparaît pour la dernière fois et cette-fois, les deux mots apparaissent en même temps. La recette a fonctionné : « Django Unchained » est pour beaucoup un des meilleurs westerns, un des meilleurs films de sa génération et pour ma part, mon film préféré…
Mais ce n’était pas au goût de tout le monde. En effet, Ennio Morricone, en personne, n’a pas aimé ce choix de Tarantino, disant qu’il utilisait ces musiques de manière aléatoire et sans aucune cohérence. Il aurait même avouer qu’il ne voulait plus travailler avec lui. Mais, les deux artistes se sont finalement retrouver pour le huitième film du réalisateur : « The Hateful Eight », un nouveau western, dont la musique du compositeur sera récompensé par l’obtention de son premier Oscars…