A l'origine du meilleur du Rock, il y a ces adolescents mal dans leur peau, dans leur famille ou dans leur milieu social, qui rêvent d'être quelqu'un d'autre en écoutant une musique qui vient d'ailleurs, d'un autre pays, d'une autre époque : on connaît tous le récit bouleversant des débuts de Jagger et Richards échangeant des 45T de blues. La bonne nouvelle, c'est que, malgré Internet, malgré la globalisation, malgré le retour de la morale et de la religion (ou peut-être à cause de tout cela...), ça continue. Ainsi, les deux frères D'Addario - moins de 40 ans à eux deux réunis - ont rêvé depuis tout petits d'échapper à leur quotidien américain pour retrouver une Angleterre pop fantasmée, celle du début des seventies, des albums de McCartney avec ses Wings, des premiers Queen ou bien des fantaisies opératiques de Ray Davies en sa période la plus décadente. Ça pourrait être charmant, ou bien, pire, pitoyable, sauf que, contre toute attente, ces deux gamins, affreusement attifés dans des vêtements qu'ils imaginent "glam", ont LE talent : celui d'écrire des mélodies - enfin, des fragments de mélodies, pour l'instant - et de les jeter toutes hurlantes dans un chaudron psychédélique porté à ébullition."Do Hollywood" commence donc par évoquer docilement tous les artistes et les groupes que les Lemon Twigs ont beaucoup trop écouté, ce qui n'est guère passionnant quand on a eu la chance d'être soi-même ado au début des années 70... mais se transforme heureusement en une sorte de tambouille bien goûteuse et plutôt contemporaine, faisant écho aux albums de MGMT ou de Tame Impala. Impossible de dire pour le moment si l'on a affaire à des gens qui vont durer ou non... mais je suis prêt à mettre moi-même pas mal de mes jetons sur les frères D'Addario ! [Critique écrite en 2016]