Alors que plutôt productifs à leurs débuts avec deux albums entre 2009 et 2010 (les honorables “Horehound“ et “Sea Of Cowards“), The Dead Weather ne nous avaient plus abreuvés de leur indéfinissable musique depuis cinq ans. Alors oui, ils nous avaient bien sûr appâtés avec des singles en 2013 et 2014 mais on en voulait plus. Exauçant nos prières, les voilà de retour avec “Dodge and Burn“ (un terme photographique signifiant “éclaircir et assombrir“ en langue de Molière). Mais l’attente en valait-elle la peine ?


Introduit par la puissante “I Feel Love (Every Million Miles)“, ce troisième opus promet déjà un retour réussi. Dès les premiers riffs de guitare, on y retrouve l’esprit du groupe. La justesse de ce premier morceau est digne de l’excellente “I Can’t Hear You“ (sur “Sea of Cowards“), le rock poisseux en plus. Et avec “Let Me Through“ et “Cop and Go“, Alison Mosshart nous ferait presque croire qu’on écoute les nouveaux morceaux de The Kills, à la sauce blues. “Lose The Right“, quant à elle, nous hypnotise par son rythme si particulier qui ne laisse de côté ni Dean Fertita ni Jack Lawrence. Ce que l’on admire en particulier chez The Dead Weather c’est cette véritable recherche dans les sons. Et ici, encore plus que sur les deux précédents albums, cette recherche est poussée et chaque morceau réserve son lot de surprises comme “Rough Detective“Jack White accompagne sa chanteuse pour un duo parfait. Mais le point culminant de cet effet de surprise reste peut être la dernière chanson. “Impossible Winner“ est très différente des autres titres, sorte de ballade post-punk, elle vient conclure avec brio ce troisième effort.


Mais si la recherche de sons est admirable, on ne peut que se résigner face aux paroles. Elles sont souvent faciles, presque toujours dénuées de sens (“Nothing to color/Grey as a pill/ Nobody cry“ sur “I Feel Love“), parfois drôles (“Three Dollar Hat“) mais presque toujours inintéressantes et plates. Les paroles de “Too Bad“ en sont peut être l’exemple le plus frappant : “Hey/Hey/Hey/ I’m going back, yeah, I’m going back/ I’m going back, to bed baby/ It’s too too too too bad“. Sérieusement ? On se serait peut être aussi passé de la lancinante “Mile Markers“ à la mélodie assez énervante, la voix d’ Alison Mosshart sonnant comme celle d’une lycéenne un peu coquine.


Passés ces points négatifs, on retiendra surtout un album aux multiples facettes. Comme une illustration de son titre, l’album se révèle à la fois paradoxal et cohérent. Il embrasse plusieurs styles de musique, du blues au rock en passant par le post-punk. A la fois subtil et puissant, beau et rugueux, “Dodge and Burn“ peut être considéré comme le meilleur album de The Dead Weather. L’attente en valait donc la peine. Maintenant, combien de temps nous faudra-t-il patienter avant de le découvrir en concert ? Parce qu’une chose est sûre, si l’album en lui-même est une réussite, son potentiel live est, quant à lui, considérable.


Chronique RuL

Neelic
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le 21 oct. 2015

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Neelic

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