Qu'il est loin le premier souvenir gardé en mémoire de Lloyd Cole. J'étais resté sur une bonne impression d'avoir écouté "No Blue Skies", en sachant que la chanson servait un spot publicitaire pas dégueu au regard à l'époque, quand un bel homme assis à côté d'un gros radiocassette à bord d'un wagon croisait les yeux d'une mignonne arrêtée devant le passage à niveau. Comme dans un rêve !
Je connais peu l'ex chanteur du groupe The Commotions sinon que par Don't Get Weird On Me Babe qui traite beaucoup, à lire certains des textes, sur les relations de couple avec les doutes, les douleurs, les questionnements, les désamours et les ruptures. Ce deuxième album solo se divise en deux faces (si l'on dispose encore du format cassette ou vinyle).
L'une présente le côté plus pop rock, côté gorgé de bons moments cools et racés comme "Tell You Sisters", "To The Lions" et l'irrésistible "She's A Girl And I'm A Man". Ou bien encore "Weeping Wine".
La seconde penche vers un côté plus classique où les violons ne se font pas rares, ces derniers donnant un cachet magnifique de délicatesse à des titres qui sont pour la plupart à tomber. Des frissons parcourent de partout dès que passe "Margo's Waltz". "What He Doesn't Know" qui termine l'album fait gonfler le cœur et mouiller les yeux.
Don't Get Weird On Me Babe peut se présenter comme la bande son bipolaire des (vieux) garçons en errance sentimentale et en proie aux questions qu'ils se poseraient. Ils disposeraient ici d'une partie, celle plus rock, en passant la soirée sous une bonne musique à s'accouder sur le zinc d'un bar rempli de monde et l'autre pour s'isoler quelque part afin qu'ils pleurent à chaudes larmes.