Critique de Door, Door par Andy Capet
Un son intéressant mais tâtonnant et un peu touche à tout. Gesticulatoire et noblesse en devenir.
Par
le 13 déc. 2012
Avant Nick Cave and The Bad Seeds, il y avait The Birthday Party et avant The Birthday Party, il y avait The Boys Next Door. Le tout ayant pour point commun d’être leadé par Nick Cave, si c’est bien utile de le préciser. The Boys Next Door est un groupe de post-punk né dans les années 70 et composé de potes de lycée, scénario plutôt classique pour les groupes de l’époque. Juste avant de prendre la tangente pour Londres, le groupe composé de Cave, Mick Harvey, Tracy Pew, Phil Calver et Rowland S. Howard - fraîchement débarqué - sortent leur premier album intitulé “Door, door” en 1979.
A propos de cet album, Nick Cave dira des lustres plus tard : “Je le déteste. Ca pue le groupe qui essaie d’être musicalement cohérent avec des paroles profondes, alors que c’est de la branlette totale”. Je comprends parfaitement,, moi aussi je me crispe quand je relis ce que j’écrivais quand j’étais ado. Toutefois, d’un point de vue (ou plutôt d’écoute) d’une amatrice de post-punk, je dois admettre que je trouve “Door, door” plutôt pas mal. L’écoute est rapide, l’album s’écoutant en une trentaine de minutes, mais efficace. Alors oui, les morceaux sont inégaux, et oui c’est vrai qu’on voyage dans la stratosphère du n’importe quoi avec des effets sonores pas forcément cohérents ou justifiés, mais quand on sait ce qui suit (c’est à dire le turbulent projet The Birthday Party), on est plutôt sur un niveau mignon.
Je dois admettre que cet album me touche un peu car il me rappelle la bande sonore de mon adolescence, une époque lointaine certes, mais bourrée de découvertes musicales. Et j’aurais sans aucun doute apprécié écouter The Boys Next Door entre les albums d’Elvis Costello, Talking Heads, The Ramones ou même The Clash. Un gros mélange de tous ces groupes avec une production moins léchée, certes, mais ce n’étaient que des gosses après tout.
Honnêtement, je pense que la plupart des morceaux sont assez oubliables, ça rentre par une oreille, ça fait remuer du chef, et ça ressort de l’autre. En revanche, j’admets avoir eu un petit coup de cœur pour “Friends Of My Wolrd” où Mick Harvey se lâche un peu plus sur sa gratte ou encore pour “Dive Position”, titre complètement barré, qui semble tout droit sorti d’une scène coupée de The Horror Rocky Picture Show. L’unique single de l’album “Shivers”, qui clôture ce premier opus, a été écrit par Rowland S. Howard. Nick Cave admettra plus tard que ce titre aurait dû être interprété par son auteur, tant il y a mis ses tripes dedans. Howard la reprendra sur scène, lors de ses tournées en solo. D’ailleurs, c’est bien grâce à Howard que l’on doit cette énergie post-punk et surtout la moitié des chansons ! En effet, le guitariste, débarqué en plein milieu de la production, a ajouté pas moins de cinq titres à l’EP qui est devenu un album.
C’est donc derrière une pochette lunaire - tirée d’une pièce de théâtre suédoise de 1933 - que Nick Cave et les futur (ou pas) Bad Seeds ont fait leur premiers pas dans l’histoire de la musique, pour la marquer au fer rouge quelques albums plus tard. Un écoute chouette, pas indispensable, mais très efficace !
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Créée
le 16 juil. 2024
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