Encerclé par la basse, rendez-vous... et succombez !

2 * 2 = 4 ?
Deux double basses, ça fait quatre, non ? On pourrait le croire tellement cet album déborde de contrebasse. Pourtant, ils ne sont bien que 2. Niels-Henning Ørsted Pedersen (on va dire NHØP, d'accord ?) et Sam Jones.
Bon en réalité, ils sont bien 4 puisque Philip Catherine les accompagne à la guitare, et Billy Higgins s'occupe de la batterie. Mais oublions un peu ces deux là pour un moment. J'en ai même carrément oublié Albert "Tootie" Heath au tambourin sur 2 morceaux. Mais il faut le savoir.


Pour les amoureux de la contrebasse ?...
On parle donc bien, ici, d'un album de Jazz avec 2 contrebasses. Absurde ? Un peu. Voyons ! Un peu de sérieux, une contrebasse c'est ce gros truc marron au fond, vers le batteur, ça fait un bruit grave. On ne va pas appeler ça des notes, parce qu'on est incapable de les reconnaître. À vrai dire, si on l'enlève, ça ne doit pas trop trop se voir... Mais le contrebassiste est sympa, et il ne demande jamais à faire de solo sur le devant de la scène, de toute façon, personne n'aime les solos de basse ; alors on le garde, tant qu'il reste au fond, pépère, en fermant les yeux pour faire croire qu'il sait vraiment où sont ses doigts sur le manche.


Mais qu'est-ce que c'est que ce mix bizarre sur cet album ? La contre est toute à droite ! Ah bah voilà qu'ils la mettent à gauche. Oh là là, ils ne pouvaient pas simplement faire comme cette batterie si discrète et tout laisser à peu près au centre ? D'ailleurs, il joue toujours, sur sa batterie ? Avec ses balais, ils auraient pu pousser un peu le potard, histoire qu'on l'entende un peu. Eyh voilà des baguettes ? Hmm, c'est bien pareil en fait.
Je déteste les pan trop agressifs. Et je déteste quand on balance un instrument d'un côté et de l'autre à tout bout de champ. Ah tiens voilà la guitare, bon, quelques accords simples, pas assez mise en avant, il ne se foule pas. Mais où est le soliste dans l'histoire ?


Par contre ce contrebassiste est pas mauvais, faut reconnaître, il arrive presque à faire des mélodies, tout en faisant son boulot de basse. Mais attends, là ce qu'il joue, c'est pas possible. Mais il a 4 mains ou quoi ? En plus, il lui faudrait 2 basses pour sortir ça.
NOOOOOON, ils sont deux ?! Et c'est EUX les solistes ?!
Tout prend son sens !!!


...Pas du tout, juste pour les amateurs de bon jazz, qui savent apprécier la contrebasse, dans ses plus larges expressions !
On a un maître à gauche, un maître à droite, des questions-réponses, des collaborations, des contre-chants, mais c'est génial ce qu'ils font !!
Bon cette batterie est légère, heureusement, comme ça on profite des bassistes. Mais il enrobe très bien le tout. Parfait avec ses petits balais, très doux aussi aux baguettes. Subtil. Et cette guitare, ma foi, elle fait très bien son job, ça change de ces Guitar Heroes qui ne peuvent s'empêcher de faire les malins. Ça guide l'oreille, ça aide à s'y retrouver dans les lignes de contrebasse.
C'est très bien pensé. Vraiment. Et ce pan, c'est osé, mais ça marche tellement bien : une contrebasse à gauche, l'autre à droite, c'est malin. Non, c'est génial !
Et ce mastering est très TRÈS bien pensé ! On profite de toutes les nuances de deux compères sans avoir à tendre l'oreille pour oublier le reste de l'équipe.


Mais du coup, c'est pas trop fouilli ?
Oh, Giant Steps ? J'ai hâte de voir ce que ça va donner, ça sera probablement un gros bordel incompréhensible. Hey, mais non en fait, on peut reconnaître aisément chaque ligne de grand-mères. La guitare nous prend la main pour nous faire avancer dans la structure du morceau.
Une contrebasse pour réinventer le thème, une autre pour faire le boulot de basse, c'est original. J'aime.
En fait de morceaux en morceaux, on apprécie une succession de solos de contrebasse. Mélangés et enchaînés avec ingéniosité.


Mais du coup, il faut l'écouter et le réécouter ou c'est juste un album original ?
Tu as vraiment lu ce que j'ai écrit avant ?!
Bien évidemment qu'il faut l'écouter ! Le réécouter, encore et encore.
En fait, j'interdis à quiconque lira ces lignes de ne pas aller écouter au moins un morceau, pour voir. Et si vous accrochez (comment faire autrement), je vous interdis de ne pas réécouter cet album tant que vous n'aurez pas apprécié à sa juste valeur chaque partie, et les échanges entre chaque parties. Mais pas que les contrebassistes ! Les parties de guitare et de batterie méritent la réflexion aussi.
Bref, courrez l'acheter, le pirater, le streamer, le peu importe, tout ce qui compte c'est de l'écouter. Ensuite, vous l'achèterez en plein d'exemplaires pour l'offrir à droite à gauche et ainsi répandre cette petite perle autour du monde. De votre monde.

zgouingo
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 mai 2018

Critique lue 266 fois

zgouingo

Écrit par

Critique lue 266 fois

Du même critique

Snake Pass
zgouingo
7

Comment j'en suis venu à haïr les colibris

N’essaie pas ! Fais-le, ou ne le fais pas ! Mais il n’y a pas d’essai. — Maître Yoda. Quel con ce maître Yoda !! Il n'a jamais joué à Snake Pass !! — Moi. Fall and Retry, the hard...

le 23 févr. 2018

1 j'aime

Conan le Barbare
zgouingo
8

"What is the riddle of steel?" -- Pour l'amour de l'art...

Quand John Milius rejoindra Basil Poledouris auprès de Crom, il saura quel est le secret de l'acier ! De l'art cinématographique... Parfois, les vils objectifs pécuniaires des producteurs n'empêchent...

le 13 mars 2018

1 j'aime

Samurai Champloo
zgouingo
8

Quand tu veux t'inventes l'eau chaude, connard !

Un trio de personnages louffoques, qui s'insultent (et insultent beaucoup les autres) pendant une grosse vingtaine d'épisodes. Voilà Samurai Champloo. L'approche m'a beaucoup fait penser à Afro...

le 2 sept. 2016

1 j'aime