"Automatique, une seule fois je presse .Trop feignant pour passer les vitesses"
C'est ce que nous lançait Kaaris il y a un peu plus d'un an sur le puissant "Se-Vrak". Un morceau lâché gratuitement pour tâter Le Terrain avant la sortie du second album "Le bruit de mon âme" en mars, et ce avant que nous arrive six mois plus tard cette nouvelle mixtape sobrement intitulée "Double Fuck" (oui sans la censure, thug life comme on dit).
Malgré cette année très productive, je ne peux m'empêcher de penser que Kaaris est tombé dans la facilité, gros fainéant qu'il est.
En effet, il est ici aussi dur de détecter la nouveauté dans cet opus du sevrannais que dans une édition FIFA chaque année. "Les femmes, t'as pensé aux femmes ? on pourrait inviter deux trois putes sur un morceau pour marquer le coup. Non j'ai mieux, cette année tu vas prendre un air véner' pour dire "2.7" et dire "pute" à la place de ton "ooooh clique". Emballé c’est pesé, on envoie la mixtape.
Bon j'exagère un peu mais clairement ce projet manque un peu d'air frais. Un peu seulement parce que Kaaris ça reste Kaaris. L'énergie est là, les prods infernales de Therapy sont là, le sens de la formule et les punchlines bien golris sont bien présentes également. Encore plus que d'habitude j'ai envie de dire puisque le rire a été pour moi l'émotion la plus fréquente lors de ma première écoute.
On peut même apprécier un peu de nouveautés sur les refrains avec les sonorités importées d'un Sianaloa ou d'un Où sont les € ou encore le génialissime Audemard m'a tué dont la folie ne dépasse malheureusement pas le hook. Car sur un nombre incalculable de couplets K2A n'en branle pas une. Le flow est calqué d'un morceau à l'autre, avec cette fameuse coupure à chaque milieu de bars qui précède une multisyllabique complètement bidon et forcé. Usant. Surtout quand ça représente une bonne moitié des couplets de l'album.
Malgré cet énorme défaut ça tient pourtant assez bien sur la longueur, en partie grâce à une seconde moitié plus entraînante et énergique. Kaaris redevient plus direct et inventif pour envoyer du sale, ici pas de morceaux plus introspectifs voir "intimes" comme sur les deux derniers albums, sauf si l'on considère Petit Vélo comme tels (gros raté au passage, on appréciera largement plus la vibe d'un morceau comme Tieks ).
Comme à l'époque du Zoo, certaines prods semblent sortir du four. Quand Kaaris combine avec Therapy sur un Démarrage Hold Up ou D.K. le Double Fuck passe sans forcer, mais en contrepartie on doit se farcir entre temps des tracks comme Brille ou C'est la base avec le XV Barbar qui manque l'occasion de se faire remarquer à un tout autre niveau d'audience en ne sachant pas prendre possession du beat et avec des performeurs loin d'être tous au niveau. Mention à Sch au contraire qui performe sur un morceau qui aurait pu, comme pour PSO Thug et Bakyl, être crédité à son nom tellement il surplombe une instru parfaitement taillée pour lui.
Alors certes, Kaaris nous gâte de par sa productivité ces temps-ci, certes il est encore capable du meilleur (même si rappelez vous que "c'est dans l'pire (qu'il) est le meilleur") mais il devra quand même veiller à renouveler un peu sa recette et ne pas trop tomber dans la facilité s'il ne veut pas continuer à perdre un peu plus de son public à chaque nouvelle sortie et finir par nous lasser définitivement.
3.5/10