Il aura fallu le N.A.M.E. pour que je m'intéresse à la techno.
Il aura fallu Daniel Avery pour que je me réconcilie avec la minimale.
J'avais tendance à dire que seuls les sons violents valaient le coup. J'étais dopée à Figure, Crizzly, du dubstep qui te lamine la gueule, ou des sons comme ceux d'Otto Von Schirach, qui sont incisifs, coupants, tranchants, qui t'explosent sur tous les murs, tu vois l'genre ? Bref. Pas de minimale, dans tous les cas. "J'veux pas me croire au Magazine", que je disais.
Et puis y'a eu "Drone Logic". Un pote dont les goûts ne sont pas à remettre en question m'a dit de l'écouter. Il me l'a filé, j'l'ai écouté sagement. J'voulais de la nouveauté, je l'ai eue.
Y'a une justesse dingue dans les sons de Daniel Avery. Il est le seul que j'arrive à vraiment aimer (au point de demander à tout bout de champ "Tu l'as écouté, le dernier Daniel Avery ?") dans l'univers de la minimale. Chaque fois que je ne sais pas quoi écouter, je lance "Drone Logic". J'me laisse porter. Les petites sonorités pianotent dans ma tête.
C'est frais, c'est blanc, bleu, ça clignote, ça tombe en gouttes de cristal et ça fond entre les lamelles de ma cervelle. "Platform Zero" m'a rappelé l'univers de SayCet, mais sans les sons longs et usés chers à ce groupe. Daniel Avery, c'est des sons clairs. Et puis une légèreté divine. Tout concorde. Il n'y a aucune coupure froide entre les sons : ils se suivent, se parlent, résonnent entre eux, t'interpellent sans pour autant te gueuler dans les oreilles. Quand je parle de justesse, non, je ne déconne pas. J'pensais pas aimer un jour des sons aussi travaillés, aussi propres, aussi épurés, mais l'harmonie de "Drone Logic" est telle que je ne peux pas ne pas aimer.
(Entre nous, j'm'amuse à alterner "Aleph" (Gesaffelstein) et "Drone Logic" pour plonger, au mieux, dans ce côté absolu de la techno. Du noir au blanc, du lourd au vaporeux, du métallique au cristallisé.)
"Drone Logic", c'est le café du matin, le joint de 16h20, le thé du soir. Un son qui t'accompagne, te détend, te fait plonger dans de nouveaux nuages aux sonorités majestueusement infimes. Une merveille, donc.