Drones de drame
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Pour tout vous dire, j'avais abandonné tout espoir que Muse réussisse à m'intéresser à nouveau depuis The Resistance. Même la sortie de Psycho il y a deux mois ne m'avait pas plus convaincu que ça : faire du rock pourquoi pas, mais à quoi bon si ce n'est pas inspiré ? La tombe, les fleurs, le faire-part de décès, j'avais déjà tout préparé pour enterrer le groupe.
Mais je suis comme Saint-Thomas (l'auréole en moins), je ne crois que ce que j'écoute. Alors vint le moment d'écouter le disque, comme un dernier plaidoyer avant la condamnation à la peine capitale. Et là, surprise, c'est pas si mal en fait ! Se peut-il que Muse arrive encore à me surprendre, me toucher ?
Le premier truc qui m'a fait relever la tête, c'est l'énergie, palpable, qui se dégage du disque. Le trio guitare/basse/batterie est clairement plus présent que sur les trois albums précédents. En fait, on a peut-être même l'album le plus brutal du groupe, avec une guitare saturée qui rappellerait parfois Queens of the Stone Age, des riffs bien sentis, des bons breaks de batterie. Y a même du taping sur Reapers.
Mais il ne faut pas se leurrer, le Muse des débuts ne reviendra jamais (pas que ce soit souhaitable d'ailleurs). Il y a d'abord la production, impeccable comme sur les albums précédents, qui lisse le son en réduisant finalement l'impact de ce qui aurait pu sonner comme du stoner. Le côté brut de Showbiz et Origin of Symmetry est loin derrière.
Surtout, le style est très marqué par la direction prise par le groupe ces dernières années, Matthew Bellamy se prenant encore pour un Freddie Mercury capable de faire ce qu'il veut et de tirer ses influences de n'importe où. Je dirais que ça réussit mieux que sur l'album précédent (notamment quand mélangé avec un style plus rock) même s'il y a encore des ratés (Dead Inside franchement...).
Au final, si l'album est aussi violent, c'est aussi à cause de son thème. Muse veut nous parler ici de la guerre, avec pour métaphore de départ que les soldats sont comme des drones, manipulés à distance et quantité négligeable pour leurs supérieurs. Bien que les paroles manquent parfois de subtilité et que le concept soit loin d'être aussi poussé que sur d'autres albums du genre, c'est une initiative assez positive à mon sens.
Je dois avouer que je ne suis qu'à moitié conquis par cet album ; beaucoup de chansons sont sympathiques mais aucune n'est vraiment excellente, à l'exception peut-être de The Globalist qui est plutôt atypique dans la production du groupe (et ne ressemble pas vraiment à Citizen Erased comme je l'avais entendu dire, à part peut-être par sa longueur). Son intro western, ses 10 minutes et ses paroles post-apocalyptiques en font clairement mon morceau préféré de l'album.
Les bons moments sont plutôt des éclats fugaces, un riff, une intro, un arrangement, comme ce solo de Reapers accompagné de bidouillages électroniques ou ce pont sur The Handler.
Certaines chansons se retrouvent relativement en dessous quand-même, comme Mercy et Revolt qui sont plutôt dispensables. D'autres auraient pu être vraiment bien mais sont (je trouve) gâchées par la voix grandiloquente et saturée de Bellamy. C'est le cas de Psycho qui rappellerait un vieux morceau du groupe, ou de Reapers qui se prend un peu pour un morceau d'AC/DC ou de Van Halen.
Finalement, on a peut-être ici le fruit d'une maturation des albums précédents, quelque chose d'un peu plus cohérent que The 2nd Law ou The Resistance, qui en garde les emprunts à d'autres groupes mais en un peu mieux intégré. On passe au final un bon moment, je crois que je peux accorder un sursis et ranger ma pelle... pour cette fois !
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Créée
le 4 juin 2015
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