Drones de drame
Nul ne sait aujourd'hui exactement sur quelle planète Matt Bellamy a atterri, mais une chose est sûre: l'air y est vicié. Septième album du trio du Devon Drones est un petit exploit, pas celui qu'on...
le 8 juin 2015
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Nul ne sait aujourd'hui exactement sur quelle planète Matt Bellamy a atterri, mais une chose est sûre: l'air y est vicié. Septième album du trio du Devon Drones est un petit exploit, pas celui qu'on attendait mais il faut savoir reconnaître une performance quand on en voit une. Cet exploit est celui d'être un disque pire que les deux précédents opus du groupe qui raclaient pourtant régulièrement les fonds de chiotte à grands renforts de velléités FM pré-mâchés et de surproduction indigeste. Plus encore qu'un mauvaise album, Drones est un aveu d'impuissance d'un groupe qui rame tout du long pour renouer avec l'esprit des débuts sans jamais y parvenir et sans jamais, non plus, proposer un truc neuf. Les guitares et les solos sont de retour, chic mais rien ne fonctionne. Symbole de tout ça : Psycho, premier single du disque brandit avec fierté comme un étendard. Dans une démarche plus cynique que sincère Bellamy recycle un riff gras que les habitués entendent en concert de plus de quinze ans et lui adjoint une partie chantée d'une nullité crasse. Le riff gras et répétitif ne tient pas longtemps et c'est l'embarras qui domine.
Même chose du côté de Reapers dont le riff en escalade façon AC/DC, sur une rythmique pas déplaisante, laisse entrevoir un beau potentiel... aussitôt anéanti par des couplets d'une dissonance pas du tout maîtrisée, un refrain forcé et des ponts musicaux rendus littéralement insupportables par l'abus de chœurs scandant "papapamamamampapapaamama" comme dans les chansons ringardes des années 80... ou pire comme dans l'immonde chanson Madness, qui reste tout de même le pire attentat auditif que Muse ait jamais commis avec Neutron Star Collision. Avec ce couple là on tient l'exemple typique des chansons qui essayent trop fort et qui finissent par puer l'hypocrisie. Réécouter Origin of Symmetry permet de mesurer à quel point le groupe s'est perdu, à priori pour de bon. Un constat qui vaut aussi pour Defector ou pour la sirupeuse Mercy, qui essaye de nous refourguer une petite soeur à Starlight s'en même faire l'effort de le cacher. Quand à Revolt, véritable fournisseur officiel en frisson de honte, il vaut mieux écouter Edge of a Revolution de Nickelback, chanson toute aussi nulle et honteuse mais qui représente, à l'inverse, un pinacle artistique pour le groupe qui l'a composé.
De façon assez étrange Dead Inside, malgré son refrain pénible, ne s'en sort pas si mal, sans doute parce qu'elle ne s'inscrit pas du tout dans le retour au source "rock" voulu par cet album. Avec ce titre Muse rappelle ce qu'ils sont vraiment devenus. On est loin du chef d'oeuvre mais dans le registre chanson pour les radios on reste dans la catégorie honorable du ça passe, on ne va pas risquer un accident de la route pour changer de station contrairement à l'ennuyeuse balade Aftermath qui semble s'être échappée d'une mixtape de Michael Bolton.
In extremis l'album recèle tout de même deux titres qui valent le détour. Il y a tout d'abord The Globalist longue épopée de 10 minutes mélangeant Ennio Morricone, riff qui fait mouche et ballade écoutable. Son final façon cantique de Noël retombe dans les travers du groupe, avec une resucée malheureuse de la très irritante Invicible, mais on salue l'effort sur le reste du morceau. En coupant l'écoute à la septième minute ça donne une chanson carrément bonne. Oui, on en est là. Ensuite il y a The Handler qui est le seul à déployer son efficacité sur l'ensemble de la composition, jouant avec la lourdeur des riffs et la simplicité (pour du Muse post 2006, comprenons-nous bien) des arrangements.
D'une manière générale la production est toujours aussi lisse et elle ne fait que souligner les nombreux choix douteux dans les compositions. Les paroles se veulent politiques mais elles sont tellement premier degré, sans recul ni poésie, tellement empruntes de gravité creuse que ça tombe complètement à plat. Vous vous voyez, vous, scander la guerre c'est mal et les gens qui meurent c'est pas cool dans des compos dignes de Bon Jovi sur une scène géante avec des feux d'artifices ? Non ? Bah Matt Bellamy, lui, s'y voit bien et ça suffit à résumer le cancer profond qui ronge Drones.
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le 8 juin 2015
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