Drop Dead (EP)
7.6
Drop Dead (EP)

EP de Siege (1984)

« Drop dead » est une météorite, venue de nulle part mais qui a laissé des traces, l'unique mini-album sorti en 1984 par ce groupe de hardcore américain (9 titres pour 16 minutes parfois moins selon les versions), les morceaux sont ultra rapides (sauf « Grim Reaper » qui clôt le disque) et ultra violents. Des titres courts qui peuvent rappeler certains titres des premiers D.R.I, mais en beaucoup moins juvénile et naïf.
Car là où D.R.I avait un côté second degré presque potache, Siege ne fait pas dans l'humour, c'est sombre et sans espoir, apocalyptique.
Siege allait devenir culte (de manière limitée, réduite au niveau de l'audience certes mais culte quand même) mais en 1984 le quatuor l'ignorait totalement et c'est d'autant plus méritant que le groupe, comme déjà mentionné, n'a sorti qu'un seul enregistrement maintes et maintes fois réédité mais qui a influencé de nombreux groupes et de nombreuses scènes US, anglaises et scandinaves dans ce que la musique a de plus extrême, punk, hardcore ou métal et il a d'ailleurs aussi servi de passerelle entre ces genres musicaux.
En effet il a influencé nombre de groupes punk américains et anglais (comme Heresy) et surtout il est cité par Napalm Death (mais aussi par d'atres) comme ayant grandement participé à l'émergence du grindcore en 1987/88.
« Drop dead » est une déflagration sonore de 16 minutes, du punk hardcore le plus violent à l'époque (avec également quelques autres groupes américains – notamment la scène de Boston, réputée - DRI , SSD, Negative FX, Deep Wound, Gang Green et beaucoup d'autres, sans oublier la scène punk hardcore suédoise de 83/84 très présente avec Anti-Cimex, Shitlickers, Mob 47, ces groupes ayant souvent beaucoup de similitudes avec Siege.
En 1984 ce groupe est donc réellement le chaînon manquant entre le Harcore US le plus radical, mais avec une voix déjà presque grind , les premiers groupes grindcore anglais (Napalm death...) et aussi d'autres groupes anglais extrême venant plutôt du punk (ENT, Doom...) sans oublier les japonais de SOB.
Enfin pour finir signalons l'influence indéniable également sur toute la scène de power-violence HC (essentiellement US au départ) du début des années 90 : Capitalist Casualties, Drop Dead, Hellnation, Spazz...
Un groupe incontournable ok mais musicalement ça veut quoi ?
Evidemment si on a juste une vision de 2019 on a fait mieux depuis, plus technique aussi (par exemple Discordance Axis) mais si on se place en 1984 on se dira qu'effectivement il n'y a avait pas ou très peu d'équivalents. Et à l'époque oui, c'était un des enregistrements les plus violents jamais sorti (écoutez Drop Dead, Armageddon, Walls...). « Scum » le premier album de grindcore de Napalm Death n'est paru que trois ans plus tard (1987).
C'est donc du hardcore furieux et dévastateur, rapide et compact, pas le temps de souffler une seconde (sauf sur le dernier morceau), on assiste quasiment à une autodestruction en direct.
« Drop dead » a un côté nihiliste, jusqu'au boutiste comme si le groupe savait qu'il n'y aura plus rien après, un testament, un témoignage avant l'explosion finale.
De fait on a l'impression que c'est joué live et c'est certain que le groupe n'a pas du faire beaucoup de prises.
C'est rapide, courts, avec quelques brûlots incendiaires « drop dead », « armaggeddon », « cold war », « walls » (ma préférée) et « starvation ».
Parfois c'est un peu plus lent et long avec un mélange de passages rapides et de passages plus lourds « Conform » et du coup l'atmosphère devient pesante et malsaine.
Et puis il y a « Grim reaper » complètement différent, lent, sorte de free jazz désarticulé avec un saxo, un côté post punk psychédélique noise et indéfinissable ! 7 minutes de « jazz grind noise », pas indispensable mais pas inintéressant même si totalement différent du reste du disque.
« Drop dead » est donc un album ultra brutal et oppressant (malgré la vitesse d'exécution), à ne pas mettre entre toutes les oreilles...comme un char d'assaut qui écrase tout sur son passage, sans aucune échapatoire possible.
Et un groupe a un réussi à jouer un rôle majeur dans deux sous genres (certes marginaux) de la musique extrême et bruitiste.

Créée

le 26 sept. 2019

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nico94

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