Drudenhaus
7.6
Drudenhaus

Album de Anorexia Nervosa (2000)

"J'vais te dévierger le conduit auditif !"

Drudenhaus est le deuxième effort du groupe français. L'album précédent, peu convaincant, aurait pu enterrer définitivement Anorexia Nervosa.

Pourtant....pourtant. L'arrivée d'un tout nouveau chanteur propulsera les Français dans le panthéon des groupes Metal. Hreidmarr, ce petit nouveau, apporte avec lui une toute nouvelle facette de la musique du groupe.

Plus que sa voix phénoménale pour un chanteur de Black Metal (cris percants mêlés à des hurlements plus rauques), ce sont les textes et l'ambiance de cet album qui surprenne. Terminées l'ode à Satan, la violence anti-chrétienne habituelle au genre, Hreidmarr aborde des thèmes "classiques" de façon....étonnante ? La haine, l'amour (oui, l'amour et le black metal) notamment. Il suffira d'écouter The red Archromance, et aussi et surtout Divine White Light of a Cumming Decadence pour rendre compte de façon plus précise des thèmes.

Musicalement, ca envoie du bois, du gros bois, du chêne centenaire du Canada-profond-qui-te-casse-ta-mère. C'est du Raining Blood dans l'âme (on défonce partout où on passe, on fais pas dans la finesse, on balance du gros riff qui casse le tympan, qui te dévierge le conduit auditif) sur fond de Wagner (cuivres, orgues, tout le tralala épico-symphonique bien chiant habituellement). Pis Hreidmarr rajoute sa couche avec sa voix (sans dec', on a rarement fait plus puissant dans le Raw black). La batterie frappe sans originalité limite n'importe comment, certes, mais au fond, c'est pas ça qui importe.

Parce que pour la première fois dans le monde du metal, la violence ne vient ni des cris du chanteur possédé par Mamie Satan, ni des guitares ou d'la batterie. Chez les français d'Anorexia, ça vient des arrangements symphoniques tonitruants et surpuissants (écoutez l'intro de church of Fornication -classe comme titre mwarf-).

Enfin, le dernier point, majeur, pour moi, c'est les paroles. Hreidmarr parle (hurle, bave, crache) allemand, anglais, français, italien, touche presque la poésie du bout de ses doigts (sanglants) parfois (non j'déconne, ou alors la poésie est subitement devenue étrange). Ca et là, les passages en français vous émerveilleront....ou vous dégouteront (petit extrait : "Dechirons leurs entrailles / Je veux baiser leurs tripes / Remplissons les de foutre et de merde jusqu'a vomir de plaisir / Il faut bruler ces corps et broyer ces membres impurs"). Oui c'est plus violent en français, n'est-ce pas ?
C'est "provocateur", ultra-sanglant, violent, écoeurant, scatophile, nécrophile. Bref, tout ce qui est en -phile et qui fait gerber. (Etonnant d'ailleurs que cet album n'as jamais été censuré, vu ce les taulées prises par NTM pour de petites insultes gentillettes).

En bref, Drudenhaus préfigure d'une toute nouvelle époque pour le groupe. Par la suite, la formation s'assagira en terme de décibels (coucou Redemption Process), pour proposer une musique plus virtuose, plus symphonique, plus brutale même, tout en se calmant méchant sur le tempo. Hreidmarr, lui, affinera sa voix, passant moins de temps dans les hauteurs aïgues, et plus de temps dans le cours de chant.

Pas un classique, mais un très très bon cru. Dommage que la formation ait rendu l'âme pas longtemps après.

PS : C'est quand même du matos de bourrin sans fioritures, faut pas blaguer. A reserver aux gens habitués du Black, qui pense que Burzum c'est trop poétique et jovial, quoi. Et encore, même ceux-là, ils s'feront dépuceler l'oreille droite par tonton Hreidmarr.
Rammchtor
7
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le 30 avr. 2013

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