On sera d'accord que ce n'est pas l'album du siècle. Tout a été dit et redit dessus. En mieux que je vais le faire même d'ailleurs maintenant.
Mais quel pied à chaque fois.
Quelle beauté, quelle splendeur, quelle richesse.
Sous prétexte d'un album concept tournant autour de la beuverie (superbe pochette qu'on jurerait sortie d'un film de blacksploitation parano au passage !), le bassiste Thundercat en profite pour broder de courtes mélodies (la moyenne est de une à deux minutes) qui partent à chaque fois dans de multiples directions tout en se faisant plaisir et en invitant une bonne tripotée de potes sur le disque (on croise même le saxophoniste Kamasi Washington. Où ? Where ?).
Et c'est là que l'album fait plaisir, un plaisir quasi euphorique à chaque écoute (je n'en démords pas depuis sa sortie je l'avoue), dans ce patchwork éclaté et pourtant des plus homogènes. Avec "Uh uh" par exemple on croirait entendre un Jaco Pastorius sous acide. Le splendide "Bus in these streets" renvoie à la soul luxueuse des 60's. Plus loin "Tokyo" fait entendre des sonorités issues littéralement de jeux vidéos (Mario ? Kirby ?) à l'instar de "Jameel's space ride" qui le suit. "3AM" se dote d'une tension latente qui infuse lentement son doux poison. On a même un "captain stupido" largement barré avec ronflements et bruit de pet là où dans "A fan's mail", ce sont des miaulements (humains !) qui font office de refrain.
Cet album c'est du cartoon. C'est Tex Avery qui aurait plongé dans la soul avec un peu de jazz, d'électro et de hip-hop ("Walk on by", "Drink cat") mais avec une bonne dose de bonne humeur là où le sujet n'est paradoxalement pas forcément joyeux.