Quand on traine depuis trop longtemps dans le monde de la musique électronique on commence à être assez vieux pour avoir connu et reconnaître les influences de ceux qu'on écoute. Pourquoi parler de ça là maintenant? Parce qu'en écoutant ce second album de Blanck Mass j'ai été ému par ce à quoi j'assistais. Boards of Canada - un autre duo d'Outre Manche - nous retourne le cerveau depuis 2 décennies avec sa nostalgie 70's, ne reniant jamais l'inspiration trouvée dans les illustrations sonores des vidéos d'éducation d'autres décennies. Dans 'Dumb Flesh' c'est mon enfance que je vois. Les prémices des images de synthèse, les démos de jeu vidéo en 3D, un truc terriblement début 90's... bref, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Avec ce second album Blanck Mass prend ses distances avec la grandiloquence du premier album, qui flirtait avec le shoegaze, en toute grandiloquence. Fini les nappes de synthé dans lesquelles on se perd, les sons se font plus synthétiques et plus âpres, rappelant un autre artiste électronique contemporain, Oneohtrix Point Never. Le rapprochement parait évident tant les deux artistes explorent les mêmes sonorités de la musique par odinateur.
'Dumb Flesh' s'avère beaucoup moins convenu que 'Blanck Mass'. Plus pointu, plus piquant, plus hargneux. Comme un autre album de Fuckbuttons? Chacun sa réponse, mais pour moi c'est non. Le duo est sauvage, bruitiste, hardcore quand la version solo de Benjamin John Power est plus intello... et moins organique.
Différent du premier album éponyme de Blanck Mass, Dumb Flesh est un disque plus osé. La violence de Fuckbuttons est retrouvée, elle se met au service d'un album qui entend rescuciter la nostalgie d'une époque qui n'a jamais été. Plus celle des vieux, non, celle de ceux qui avaient plutôt 10 ans que 20 ans en 2000.