Piochant allégrement dans la symbolique vampirique et horrifique classique, ce disque est une totale réussite. Les compositions sont mortelles, brumeuses, fantastiques et épiques.
Les arrangements sont faramineux et permettent d'imposer des atmosphères dignes du Dracula de Coppola. Les claviers y sont bien sûr omniprésents et nous propulsent dans une luxuriance sonore éprouvante. Le chant de Dani est ici parfaitement maîtrisé. Parties narratives graves alternent avec montées hystériques criées.
Parlons des guitares à présent. Stuart Anstis et Gian Pyres se partagent les affaires avec un égal bonheur. Là encore, la recherche mélodique est une priorité, et la dynamique élaborée n'est pas très éloignée de celle d'un... Iron Maiden. La majorité des titres s'étendent entre six et huit minutes, ce qui ajoute encore au côté cinématographique de l’œuvre.
Les chants féminins sont évidemment présents, mais ne sont jamais utilisés gratuitement. Ils sont surtout employés pour apporter une touche d'érotisme sombre, comme le veut la tradition du récit vampirique. Les ombres de William Blake, de Bram Stoker ou de Lautréamont planent sur ce disque. Tout l'univers gothique y est résumé avec maestria.
Musicalement, Cradle Of Filth signe ici un album de Black Metal symphonique qui fait référence. Pourtant, il se démarque de ses alter ego scandinaves de par son esthétisme raffiné. La pochette est somptueuse (ce qui ne sera hélas pas le cas de nombreux albums ultérieurs) et restitue très bien l'ambiance du disque.
"Funeral In Carpathia", "Beauty Slept In Sodom", "A Gothic Romance" et "Haunted Shores" en sont les pierres angulaires.