Ca se passe au Nebraska, un Etat où les nuages volent bas. Cette formation étourdissante se place sous le patronage de la plus belle histoire d'amour de l'année dernière, quand on apprenait que David Bowie s'était épris de The Arcade Fire ? jusqu'à jouer, ensemble et en public, quelques reprises de l'Anglais, dont une version incandescente (on a failli écrire indécente ) de Life on Mars. Pour ne pas faire de jaloux, Eagle*Seagull a déclaré sa flamme aux deux.Du Thin White Duke, la voix frêle et effarouchée d'Eli Mardock a hérité du sens de la tragédie qui en avait fait l'une des plus belles gorges chaudes sur ses ballades mélodramatiques du début des 70 s. Des Canadiens, les sept Américains ont retenu la frénésie des cavalcades libres et sauvages qu'aucun dérèglement climatique ne saura jamais arrêter. Ainsi, la folie furieuse qui s'empare de ce Photograph à la limpidité insolente permet de se familiariser avec un univers autrement plus intimiste, où leur rock épique laisse la place à un piano solitaire et dés'uvré (Ballet or Art) ou à des pop-songs à l'écriture ancrée dans un cabaret déjanté des années 70 (Your Beauty Is a Knife I Turn on My Throat). Eagle*Seagull possède certes deux noms d'oiseaux, mais pas la peine de sortir ici un nom d'oiseau (voire d'oiseux) : rock héroïque. Ici, le lyrisme ne vire jamais à sa caricature, son outrance : la grandiloquence qui devient souvent la surcharge pondérale de tout un rock américain exalté. Violons et claviers prennent ainsi régulièrement le dessus pour une majorité de titres dont la délicatesse ne déparerait pas un Hunky Dory revêtu des sombres habits d'un Robert Smith dominé par ses démons (Holy, Last Song, Death Could Be at the Door, It's So Sexy). Bowie devrait rapidement en faire ses nouveaux amis. (Inrocks)
Voilà un premier album, d'un collectif (sept membres) américain. Et voilà un album qui va truster les premières places de fin d'année. Depuis Springsteen, tout le monde sait que le Nebraska est un bel état. Aigle*mouette sort du Nebraska (de Lincoln précisément). En déduisez-vous comme moi qu'aigle*mouette est un bon groupe, puisqu'issu de cette belle province ? Non ? Mécréants. Démonstration. Eagle*Seagull donc. Originalité minimale (critères indie) et efficacité maximale, entend-on dire. Pas faux. Quoique. Concernant l'originalité - ou plutôt son absence - il y a tout de même plus à dire... En effet, depuis combien de temps n'avions-nous pas entendu un album aussi chargé en références ? Jugez donc : dès le premier titre, "Lock And Key", une réminiscence chasse l'autre au gré de flux et reflux soniques, "House Of The Rising Sun", Wolf Parade, Pavement, Arcade Fire, les Flaming Lips, The Dears, mais aussi les Beatles - réécoutez "I Want You (She's So Heavy)" et "Because" -, Sonic Youth... Et ça continue : "Photograph", "Hello, Never" ? Pixies, Grandaddy, Radiohead, Talking Heads, Supergrass, David Bowie, Pulp, etc... Même Joy Division, Echo And The Bunnymen... Comme vous le constaterez, Eagle*Seagull est un temple du bon goût. C'en serait agaçant s'il ne bâtissaient pas, de cette accumulation insensée, une identité singulière. Et une oeuvre paradoxalement très adulte. Peut-être un peu trop : pas une faute de goût... Même le vocaliste très Win Butler/Spencer Krug s'arrête toujours avant de trop en faire (ce n'est donc pas Thom Yorke). Bizarre... Enfin, ne boudons pas notre plaisir, cet album est incroyablement mûr, abouti, accessible, intelligent - en bref, incroyablement bon. Un momument de tension, de rage et de tristesse larvées, et en fin de compte bien peu d'explosions. Au-delà de toutes les hautes influences, c'est là que se situe toute la magie d'Eagle*Seagull, dans son incroyable agilité, dans cette habileté à danser toujours - sur le fil de nos émotions.(Popnews)
Le premier album d'Eagle*Seagull pourrait bien trouver grâce su site MySpace.com un éclat similaire à celui de Clap Your Hands Say Yeah. Ajoutons à cela que certains blogs musicaux commencent déjà à les comparer à Arcade Fire, et on pourrait, avec ce groupe venu du Nebraska, se trouver face au prochain buzz musical de la rentrée 2006. Mais trêve de hype, qu’en est-il du disque ?
Tout d’abord Eagle*Seagull a décidé de ne pas rester dans des formats de durée "radiophonique" standard, chaque morceau atteignant facilement 6 minutes. Mais si laisser durer une chanson pour qu’elle puisse trouver son ampleur peut paraître une bonne idée de prime abord, ce choix s’avére parfois trop contraignant et certains morceaux trop étirés peinent à décoller. L’album démarre vraiment bien, notamment avec ce Lock and Key porté par une voix torturée et quelques notes graves de clavier chargées d’une ambiance sombre, avant l'arrivée du reste des instruments, pour finir sur une envolée lyrique soutenue par une guitare noisy. Après une ouverture aussi brillante, on enchaîne sur Photograph, un morceau plein d’émotions, tenant grâce à quelques notes de piano, une voix qui rappellera Jarvis Cocker, et une rythmique puissante. Après une petite pause entre blues et cabaret (Hello, Never), puis un Death Could be At My Door à l’ambiance Cold Wave reposant sur une basse puissante et mélodique, la première partie du disque s'achève sur joli morceau acoustique et mélancolique. Seulement voilà : après ce sans faute sur cinq morceaux, Eagle*Seagull perd un peu de sa superbe. Your Beauty Is A Knife I Turn On My Throat peine à décoller et traîne en longueur, malgré un titre magnifique et l’envie d’imiter Bowie. It’s So Sexy souffre de guitares trop grasses et Heal it/Feel It tente de faire un tour, sans originalité, du côté de Joy Division. Eagle*Seagull possède indéniablement un talent mélodique impressionnant : pour preuve les cinq premiers morceaux, exemplaires en terme d’écriture pop. Mais des passages un brin longuets et pas toujours originaux viennent parasiter ce premier album, et empêchent qu’on rende définitivement les armes. (indiepoprock)