"East of the Sun, West of The Moon" est considéré comme l'album où A-ha se défont définitivement de leur Synthpop catchy pour radio; il sera donc effectivement difficile de trouver de tubes sur cette galette de 1990. Elle n'est pas mauvaise pour autant, même si les ventes chutent d'albums en albums, celui-ci sera quand même vendu à plus de 3,2 millions d'exemplaires dans le monde. D'ailleurs, le style qu'ils abordent ici a déjà été amorcé sur les deux albums précédents, le changement est donc moins brutal qu'il a pu être dans les années 90 avec "Alphaville" se lançant dans la Dance par exemple. On a donc quelque chose de plus pop/rock, qui n'utilise les synthés qu'en fond, comme le fait parfaitement la petite ballade "Early Morning".

L'album s'ouvre sur le premier single "Crying In The Rain", qui est au départ une chanson écrite et interprétée par les "Everly Brother" mais force est de constater que leur lyrisme fonctionne parfaitement avec le style A-ha. Outre cette intro en bonne et due forme, on retrouve le grandiloquent et progressif "East of The Sun", une magnifique ballade à la guitare sèche peu à peu accompagnée par leurs fameuses orchestrations. "NonStop July" qui conclut l'album montre également qu'il suffit d'une bonne mélodie pour s'en sortir avec un morceau acoustique. "I call Your Name", le dernier single qui en sera tiré, lui, jouera la carte des cuivres, pas mauvais mais pas mémorable. Enfin, en réussite en semi-teinte, notons l'original "Cold River" et "Sycamore Leaves" qui assument franchement leur côté rock.

Le problème avec ce quatrième essai vient principalement du fait qu'on ne ressent pas la verve émotionnelle à laquelle ils nous avaient habitués. Pire que ça, prenez "Waiting For Her", on a carrément l'impression que les sentiments joués y sont faux, qu'ils n'y croient pas, et ça pratiquemment sans synthés! Alors que bon, ils s'en sortaient plutôt pas mal en chansons d'Amour, ils étaient même experts en ça. Non, là c'est naïf, on n'y croit pas et il en est de même pour la nostalgie superficielle de "Rolling Thunder" ou "Slender Frame". Peut-être qu'avec cet album transitoire, ils n'étaient en fait pas trop sûr d'où ils allaient, on sent vraiment une fragilité, aussi bien dans les compositions que dans l'instrumentation.

Ne nous leurrons pas, "East of...the Moon" dénote clairement d'une première baisse d'inspiration du groupe. Et si l'on est à chercher des excuses, cela est sûrement dû au fait qu'ils aient quasiment tiré un trait sur le style qui les a fait connaître pour montrer clairement une nouvelle ligne directive rock. Et de ce point de vue là, l'album est plutôt bon sans non plus concurrencer les standards du genre ou proposer du neuf.
Strangeman57
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le 15 mai 2014

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